Livre de Santé des yeux d’Aldous Huxley

Highlights

Guérison ou soulagement par neutralisation des symptômes ?

Quelques-uns de ces procédés, tels que le repos, les massages, les applications de chaleur et de lumière, ne font point appel à l’esprit du patient, mais visent directement les organes affectés, leur but étant de relâcher les contractures, d’augmenter la circulation et de conserver la mobilité.

Guérison ou soulagement par neutralisation des symptômes ?

D’autres mesures sont d’ordre éducatif et comportent, de la part du patient, la coordination des efforts de l’esprit et du corps. Grâce à cet appel au facteur psychologique, on arrive à obtenir des résultats surprenants. Un bon maître utilisant une bonne technique réussira souvent à rééduquer la victime d’un accident ou d’une paralysie jusqu’à la récupération graduelle des fonctions perdues, et par cette récupération jusqu’au rétablissement de la santé et de l’intégrité de l’organe défectueux.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Tout d’abord, le fait même que la méthode n’est pas reconnue et se heurte à la barrière de l’orthodoxie suffit à attirer les petits aventuriers et charlatans qui pendent aux basques de la société, toujours prêts et ardents à tirer parti des souffrances humaines.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Le nombre de ceux qui ne sont pas soulagés par le traitement symptomatique des défauts visuels est considérable et la méthode du docteur Bates possède une grande réputation d’efficacité dans ces cas. En outre, la technique n’étant pas orthodoxe, il s’ensuit que ses instructeurs ne sont pas soumis à l’obtention d’un diplôme légal de compétence. Possibilité d’une immense clientèle, besoin désespéré de secours, pas de questions relatives à vos connaissances, votre caractère, à vos capacités ! Ce sont là des conditions idéales pour la pratique du charlatanisme.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Quoi d’étrange, dès lors, si des gens sans scrupules ont profité de l’occasion qui leur était offerte ? Mais parce que quelques praticiens non orthodoxes sont des charlatans, il ne s’ensuit pas nécessairement que tous doivent l’être, et j’insiste là-dessus. Mais hélas ! comme le démontre clairement l’histoire de n’importe quel groupe professionnel, l’opinion orthodoxe est toujours prête à le croire

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

C’est là une des raisons pour lesquelles, dans ce cas particulier, la présomption injustifiable que toute l’affaire n’est que du charlatanisme est largement admise en dépit de l’évidence du contraire. Pour lutter contre le charlatanisme, il n’y a pas lieu de supprimer une méthode essentiellement saine, mais il faut pour ses maîtres une éducation convenable et un contrôle.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Le second motif pour la non-acceptation de la méthode peut être résumé en trois mots : habitude, autorité, esprit de corps professionnel. Le traitement symptomatique des défauts de la vue existe depuis très longtemps, il a été porté à un haut degré de perfection et, dans les limites de son cadre, obtient des succès satisfaisants. Si dans un certain nombre de cas il n’a pas réussi même à pallier les symptômes, ce n’est la faute de personne, mais une insuffisance inhérente à la nature des choses. Durant des années, les plus hautes autorités médicales ont affirmé que cette explication des faits était la seule possible. Et qui veut risquer de mettre en doute l’affirmation venant d’une autorité reconnue ? Certainement pas les membres de la profession qui représentent cette autorité.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Chaque groupement professionnel a son propre esprit de corps, son « patriotisme privé » qui le fera réagir contre toute rébellion à l’intérieur de ce corps professionnel et contre toute compétition ou critique provenant de l’extérieur.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Puis vient la question des capitaux investis. La fabrication des lentilles optiques constitue actuellement une industrie considérable, et leur vente au détail une branche fructueuse du commerce, à laquelle seules peuvent avoir accès les personnes qui ont subi une préparation technique spéciale. Il est donc naturel que parmi ces personnes autorisées il se manifeste une vraie répulsion pour toute technique nouvelle qui menace de rendre inutile l’usage des verres optiques.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

La rééducation visuelle exige du patient passablement de réflexion, de temps et de peine ; mais ces trois choses représentent précisément un effort que l’écrasante majorité des êtres humains n’est pas préparée à fournir, à moins qu’ils n’y soient incités par un désir passionné ou un besoin impérieux.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Un autre motif de l’attitude orthodoxe en cette matière est d’ordre strictement empirique. Les oculistes et opticiens affirment qu’ils n’ont jamais observé les phénomènes d’autorégulation et de guérison décrits par Bates et ses disciples, et ils en tirent la conclusion que de tels phénomènes n’ont jamais existé. Dans ce syllogisme les prémisses sont vraies, mais la conclusion est fausse. Il est bien vrai que les oculistes et opticiens n’ont jamais observé les phénomènes décrits par Bates et ses élèves, mais c’est parce qu’ils n’ont jamais eu affaire à des patients ayant appris à utiliser les organes de la vision en état de relâchement, sans tension. Aussi longtemps que les organes de la vision travailleront dans des conditions de tension mentale et physique, la vis medicatrix naturae ne se manifestera pas et les défauts oculaires persisteront ou s’aggraveront. Les oculistes et opticiens observeront les phénomènes décrits par Bates dès qu’ils tenteront de soulager la tension dans les yeux de leurs patients, à l’aide de la méthode d’éducation visuelle de Bates. Du fait que ces phénomènes ne peuvent se produire dans les conditions imposées par les praticiens orthodoxes, ceux-ci ne peuvent conclure que ces phénomènes n’apparaîtront pas avec la modification des conditions de travail des yeux, alors que la puissance de guérison propre à l’organisme pourra jouer librement, sans obstacles.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

À ce motif empirique de rejet de la technique de Bates, il faut en ajouter encore un autre, cette fois de nature théorique. Au cours de sa carrière d’oculiste, le docteur Bates en vint à mettre en doute la véracité de l’hypothèse généralement admise, concernant le pouvoir d’accommodation de l’œil pour voir de près ou de loin. Cette question fut longtemps le sujet de discussions passionnées jusqu’à ce que, finalement, il y a de cela quelques générations, l’opinion médicale orthodoxe se décidât en faveur de l’hypothèse de Helmholtz, qui attribue le pouvoir d’accommodation de l’œil à l’action du muscle ciliaire sur le cristallin.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

En étudiant certains cas de vision défectueuse, le docteur Bates observa des faits impossibles à expliquer par la théorie d’Helmholtz. À la suite de nombreuses expériences tant sur l’homme que sur l’animal, il en arriva à la conclusion que le facteur principal dans l’accommodation n’est pas le cristallin, mais les muscles extrinsèques du globe oculaire et que la mise au point de l’œil pour les objets proches et distants est effectuée par l’allongement et le raccourcissement du globe oculaire in toto

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Croyant que la théorie de l’accommodation de Bates était fausse, les orthodoxes en ont conclu que sa technique d’éducation visuelle devait être erronée et sans fondement. De nouveau, il s’agit là d’une conclusion injustifiable

Qu’est-ce que l’art de voir ?

L’art de voir ressemble aux autres activités psychophysiques fondamentales ou primordiales, telles que la parole, la marche, les mouvements des mains. Ces facultés fondamentales sont acquises normalement dans la première enfance par un processus d’autoformation avant tout inconscient. Le développement de bonnes habitudes de vision exige évidemment plusieurs années d’éducation, mais une fois formée, l’habitude d’un exercice correct des organes (mental et organique) de la vision devient automatique, de la même façon exactement que le devient l’activité du larynx, de la langue et du palais pour la parole, ou celle des jambes pour la marche. Mais tandis qu’il faut un choc très sérieux, physique ou mental, pour anéantir le mécanisme automatique de la parole ou de la marche normale, il suffira d’un désordre relativement insignifiant pour que les organes de la vue perdent l’habitude de voir correctement.

Qu’est-ce que l’art de voir ?

Ces habitudes correctes sont remplacées par des habitudes incorrectes ; la vision en souffre et, dans quelques cas, le mauvais fonctionnement favorisera l’apparition de maladies oculaires et de défauts organiques chroniques de la vue.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

Quel que soit l’art que vous désiriez apprendre, l’acrobatie, le jeu du violon, la prière mentale ou le golf, l’art du théâtre, du chant ou de la danse, etc, il est un point sur lequel tout bon maître insistera toujours : apprenez à combiner le relâchement avec l’action ; apprenez à exécuter sans tension ce que vous avez à faire ; travaillez dur, mais jamais sous tension.     Il peut sembler paradoxal de vouloir combiner l’activité avec le relâchement, mais en réalité il n’y a pas là de paradoxe. Car le relâchement est de deux espèces, passif et dynamique. La relaxation passive est obtenue dans l’état de repos complet par un processus conscient de « laisser-aller ». Cette relaxation passive est excellente comme antidote contre la fatigue, comme méthode de soulagement momentané d’une tension musculaire exagérée et de la tension psychique qui l’accompagne toujours. Mais cette relaxation, dans la nature des choses, ne suffira jamais à elle seule. Nous ne pouvons passer toute notre vie au repos ni, par conséquent, nous abandonner toujours à la relaxation passive. Mais il existe aussi une autre relaxation que l’on peut bien qualifier de dynamique. La relaxation dynamique constitue cet état du corps et de l’esprit qui est associé à un fonctionnement normal et naturel. Dans le cas des activités psychophysiques fondamentales ou primordiales, comme je les ai définies, le fonctionnement normal et naturel des organes intéressés peut se perdre parfois. Mais une fois perdu, il peut être récupéré ensuite consciemment par quiconque aura appris les techniques convenables.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

Le mauvais fonctionnement et la tension tendent à apparaître chaque fois que le « moi conscient » entre en compétition avec l’habitude, acquise instinctivement, d’un exercice correct de la fonction, soit que le moi fasse un effort trop intense pour bien agir, soit que la crainte injustifiée d’erreurs ou fautes possibles le rende trop anxieux. Dans l’édification de n’importe quelle aptitude psychophysique, le moi conscient doit bien donner des ordres, mais pas trop ; il doit contrôler la formation de bonnes habitudes de fonctionnement, mais cela sans fracas, avec modestie, discrétion, sans trop montrer sa force. Les maîtres de la prière ont découvert sur le plan spirituel la grande vérité que « là où le rôle du moi est fort, celui de Dieu est d’autant plus faible » ; cette même vérité a été également constatée souvent sur le plan physiologique par les maîtres de divers arts. Plus le « moi » est présent, plus le rôle de la nature est réduit, celui du fonctionnement correct et normal de l’organisme. Le rôle joué par le « moi » conscient en diminuant la résistance du corps contre la maladie a été reconnu depuis longtemps par la science médicale.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

j’utiliserai le vocabulaire employé par le docteur C. D. Broad dans son livre : L’Esprit et sa place dans la Nature, ouvrage qui par son analyse subtile, allant jusqu’à l’épuisement du sujet traité, et par la clarté limpide de l’exposition, prend rang parmi les monuments de la littérature philosophique moderne.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

Le processus de la vue peut être scindé par l’analyse en trois processus subsidiaires : ceux d’une sensation, d’une sélection et d’une perception.     Ce qui est senti est une série de sensa à l’intérieur d’un champ visuel (un sensum visuel est l’une des taches colorées qui forment pour ainsi dire la matière première de la vue, et le champ visuel représente la totalité de ces taches susceptibles d’être senties à chaque moment).     La sensation est suivie de la sélection, processus par lequel une partie du champ visuel est discriminée, séparée du reste. Ce processus est basé physiologiquement sur le fait que l’œil enregistre ses images les plus précises au point central de la rétine, la région de la macula avec sa petite fovea centralis, point de la vision la plus aiguë. Il existe aussi, cela va sans dire, une base psychologique pour la sélection, car en toute occasion il y a quelque chose dans le champ visuel qu’il nous importe de distinguer plus clairement que toute autre partie de ce champ.     Le processus final comporte la perception. Ce processus amène la reconnaissance du sensum senti et sélectionné, comme l’apparence d’un objet physique existant dans le monde extérieur. Il est nécessaire de rappeler que les objets physiques ne sont pas donnés comme une réalité primordiale ; ce qui est donné, c’est seulement une série de sensa, et un sensum, dans le langage du docteur Broad, est quelque chose « qui n’a pas de substratum ».     En d’autres termes, le sensum comme tel n’est qu’une simple tache de couleur sans rapport avec un objet physique extérieur. Cet objet physique extérieur ne fait son apparition que lorsque nous avons distingué par sélection le sensum en l’utilisant pour le percevoir. C’est notre esprit qui interprète le sensum comme l’apparence d’un objet physique dans l’espace extérieur.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

Il est clair, à en juger par le comportement des petits enfants, que nous n’entrons pas dans le monde avec des perceptions toutes faites des objets. Le nouveau-né commence par sentir une quantité de sensa vagues, indéterminés, qu’il ne sélectionne pas même et qu’il perçoit encore moins comme des objets extérieurs. Petit à petit, il apprend à discriminer les sensa qui ont le plus d’intérêt et de signification pour lui et, à l’aide de ces sensa sélectionnés, il arrive graduellement à percevoir les objets externes, à travers un processus d’interprétation convenable. Cette faculté d’interpréter les sensa sous forme d’objets extérieurs physiques est probablement innée ; mais elle exige pour se manifester convenablement une quantité d’expériences accumulées et une mémoire capable de retenir ce lot d’expériences. Cette interprétation de sensa sous forme d’objets physiques extérieurs ne devient rapide et automatique qu’au moment où l’esprit peut tirer parti de son expérience passée de sensa similaires, heureusement interprétés de la même façon.

Un exemple

Sentir n’est pas la même chose que percevoir. Les yeux et le système nerveux opèrent la sensation, et l’esprit la perception.     La faculté de perception est reliée aux expériences accumulées par l’individu, en d’autres termes à la mémoire.     La vue claire est le produit d’une sensation exacte et d’une perception correcte.     Toute amélioration de la faculté de perception tend à s’accompagner d’un perfectionnement dans la puissance de la sensation et cette résultante de la sensation et perception qui constitue la vue.

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

Chez les enfants, la fonction visuelle est aisément troublée par un choc émotionnel ou de grands efforts. Mais, au lieu de chercher à supprimer ces conditions psychiques déprimantes et à restaurer un fonctionnement visuel convenable, les parents de l’enfant qui se plaint de troubles visuels se dépêchent de faire pallier ce trouble par le port de lunettes. Ce cas n’a pas plus d’importance pour eux que l’achat de chaussettes ou de tabliers, et en fournissant ainsi des lunettes à l’enfant ils le rendent pour toute sa vie dépendant de ce moyen mécanique, destiné à neutraliser les symptômes d’une fonction défectueuse, mais au prix d’une aggravation des causes.

Des yeux variables en présence de lunettes invariables

Toute lentille artificielle est destinée à corriger un vice spécifique de réfraction. Cela signifie qu’un œil ne verra clairement au travers d’une lentille qu’à la seule condition que cet œil présentera exactement le vice de réfraction que la lentille en question est destinée à corriger.     Tout effort de la part des yeux porteurs de lunettes pour exercer leur capacité naturelle de variation est aussitôt handicapé, parce qu’il rendrait la vision encore moins claire 

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

L’attention est essentiellement un processus de discrimination – acte consistant à séparer et isoler une chose ou pensée particulière de toutes les autres dans le champ des sensations et dans le champ des pensées. Dans le processus total de la vue, l’attention est intimement associée à la sélection ; on pourrait même dire qu’elle est presque identique à cette activité.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

La perception n’est possible que par un changement qui lui n’est possible que par le mouvement.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

la psychologie a cependant tellement négligé le rôle joué par les mouvements qu’elle oublia finalement qu’ils sont la condition principale de la connaissance, en tant qu’ils constituent les instruments de la loi fondamentale de la conscience, qui est relativité, changement.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

« Nous en avons dit assez maintenant pour justifier l’affirmation inconditionnelle que sans mouvement il n’y a pas de perception. »

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

La concentration de l’attention sur quelque objet ou pensée peut perdurer un temps considérable chez les personnes normales. Mais ce que l’on nomme communément un objet ou une pensée est quelque chose de très complexe, ayant plusieurs parties ou aspects et notre attention passe en réalité d’une partie à l’autre, allant et venant tout le temps. Notre attention dirigée sur ce que l’on peut appeler sérieusement une seule chose, n’offrant pas l’occasion de mouvement de l’attention d’une partie à une autre, disons par exemple sur une petite tache de couleur, ne peut être fixée plus d’une seconde environ, sans risque sérieux de tomber en extase hypnotique ou quelque condition pathologique analogue.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

Mouvements continuels des yeux, inhibition des mouvements dans le reste du corps : telle est la règle en ce qui concerne l’attention visuelle. Aussi longtemps que cette régie sera observée, en l’absence de maladie ou de trouble psychique, le fonctionnement visuel restera normal. L’état anormal survient lorsque l’inhibition du mouvement, correcte et convenable dans les autres parties du corps, est transmise aux yeux où elle n’a que faire. Cette inhibition des mouvements des yeux – mouvements avant tout inconscients – est provoquée par un désir de voir trop avide. Dans notre empressement excessif, nous immobilisons inconsciemment les yeux, tout comme nous avons immobilisé les autres régions du corps. Il en résulte que nous commençons à regarder fixement le champ de sensa que nous tentons de percevoir. Mais un regard fixe desservira toujours son propre but ; car, au lieu de voir davantage, la personne qui aura immobilisé son appareil sensitif (acte qui immobilise en même temps l’attention en corrélation intime avec la sensation) subira automatiquement une réduction de sa puissance visuelle, laquelle dépend de la mobilité ininterrompue tant des yeux, siège de la sensation, que de l’esprit, siège de la sélection et perception.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Selon des termes employés par Franz Alexander, nous aspirons tous avidement au but envisagé, sans faire assez attention aux moyens d’y parvenir. Et pourtant, pour quiconque réfléchit un instant, il doit être évident que la nature des moyens employés déterminera toujours la nature du but atteint.

Clignement normal et anormal

on pourra périodiquement comprimer les yeux par une contraction intense des paupières fermées, renforçant l’action des paupières par celles des autres muscles de la face. On devrait le faire chaque fois que l’on est tenté de se frotter les yeux – manière brutale et barbare d’opérer à l’aide des doigts ce que les paupières si bien adaptées peuvent faire avec plus de sécurité et tout aussi efficacement. Cette contraction compressive peut être pratiquée à l’occasion, même s’il n’y a pas de démangeaisons ou d’autre malaise dans les yeux, simplement dans le but d’augmenter la circulation locale et de stimuler la sécrétion des larmes.

Clignement normal et anormal

La fatigue des yeux peut aussi être soulagée en frictionnant et pétrissant les muscles de la nuque. Les personnes sujettes à la tension des yeux pourront avec avantage tirer parti de ce mode rudimentaire de massage de la nuque par eux-mêmes, deux ou trois fois par jour

Respiration normale et anormale

les psychologues expérimentaux ont constaté une corrélation assez constante entre l’état de l’attention et les modifications de rythme et d’amplitude de la respiration. En termes plus simples, ils ont constaté que lorsque nous fixons quelque chose attentivement, nous avons la tendance soit de retenir la respiration durant plusieurs secondes d’un seul effort, soit, si nous respirons, de respirer plus superficiellement que d’habitude

Respiration normale et anormale

La cause en est due au fait qu’en essayant de concentrer l’attention, nous trouvons que les bruits et sensations de mouvement musculaire associés à la respiration constituent une source de distraction.

Respiration normale et anormale

la vision dépend beaucoup d’une bonne circulation, et la circulation n’est bonne que si l’afflux de sang est suffisant (ce qui n’est pas le cas lorsque l’esprit est sous tension et les yeux dans un état de tension neuro-musculaire) et le sang en même temps de bonne qualité (ce qui n’est certainement pas le cas si la respiration retenue en a diminué l’oxygénation).

Respiration normale et anormale

Le volume de la circulation sanguine dans les yeux et autour d’eux peut être augmenté par les procédés de la relaxation passive et dynamique. La qualité du sang peut être améliorée en apprenant à respirer consciemment, même dans les moments d’attention soutenue.

La crainte de la lumière, si fréquente

Dans les dernières années, la croyance pernicieuse et sans aucun fondement s’est développée que la lumière est mauvaise pour les yeux. On suppose maintenant que cet organe, qui au cours de nombreux millions d’années s’est adapté très heureusement à la lumière solaire avec tous ses degrés d’intensité, est incapable de supporter la lumière du jour sans adoucissement par des lunettes teintées, ou la lumière des lampes sinon diffusée par un verre dépoli ou réfléchie par le plafond. Cette notion extraordinaire que l’organe de la vue est inadapté à supporter la lumière n’est devenue populaire que dans les vingt dernières années environ. Avant la guerre de 1914, il était, autant que je m’en souvienne, très rare de voir qui que ce soit porter des lunettes foncées. Petit garçon, je considérais les gens porteurs de lunettes avec un mélange de sympathie craintive et de cette curiosité plutôt macabre que les enfants réservent aux personnes affligées de n’importe quelle infirmité extraordinaire ou défigurante. Aujourd’hui, tout cela a changé. Le port de lunettes noires est devenu non seulement commun, mais honorable ; preuve en soit le fait que les jeunes filles en costumes de bain, représentées sur la couverture des magazines à la mode, portent toujours ces lunettes. Les lunettes noires ont cessé d’être l’insigne d’une infirmité, et sont compatibles actuellement avec la jeunesse, l’élégance et le « sex-appeal ».     Cette rage fantastique d’obscurcir la vue tire son origine de certains cercles médicaux, où une terreur panique des radiations ultra violettes de la lumière solaire ordinaire s’est développée depuis une génération : cette rage a été entretenue et popularisée par les marchands de lunettes colorées et de montures de lunettes en celluloïd. Leur propagande a été efficace.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Comme on l’a expliqué dans la première partie de ce livre, l’attention est naturellement mobile, et passe continuellement d’une partie à l’autre des objets physiques qu’elle remarque, d’un aspect à l’autre des pensées qu’elle considère.

CHAPITRE IX Fixation centrale

la structure de l’œil qui n’enregistre d’images très précises qu’à la région centrale de la rétine dite macula lutea avec sa fovea centralis, point central de la vue la plus aiguë.     Il existe une importante exception à cette règle, d’après laquelle nous voyons très bien seulement la petite surface que nous fixons directement. De nuit, alors qu’il y a un minimum de lumière, ce sont les régions externes de la rétine qui sont le mieux impressionnées. Ce fait fut découvert, il y a des siècles déjà, par les astronomes ; ils constatèrent en effet qu’en fixant directement une constellation ils ne réussissaient à voir que les étoiles les plus brillantes, tandis qu’en regardant un peu à côté de la constellation ils arrivaient à découvrir d’autres étoiles de grandeur inférieure. Selon les termes employés par François Arago, l’éminent physicien français, « pour voir un objet très mal éclairé, il est nécessaire de ne pas le fixer »

CHAPITRE IX Fixation centrale

le cercle de un centimètre et demi de diamètre représente la partie dont l’image tombe sur la macula entourant la fovea centralis. Tout le reste de la page imprimée est enregistré par les régions externes de la rétine et par conséquent est vu moins clairement.     Grâce à l’existence de cette tache centrale de sensibilité plus grande, la mobilité de l’attention entraîne nécessairement une mobilité correspondante des yeux. Car, comme l’esprit change son attention d’une partie à l’autre de l’objet regardé, les yeux sont mis en mouvement automatiquement et inconsciemment, de sorte que le point sur lequel l’attention est dirigée constituera le point senti avec le plus de clarté par les yeux, ou pour parler en termes physiologiques, de sorte que les rayons lumineux réfléchis par l’endroit où l’attention s’est portée tomberont directement sur la macula et la fovea centralis. Quand cela arrive, on dit que nous voyons avec la fixation centrale. Pour « sentir » toutes les parties d’un objet avec la fixation centrale, ou en d’autres termes avec le maximum de clarté, l’œil doit faire un nombre énorme de mouvements minuscules et rapides d’un point à l’autre de l’objet. Si ces changements de la position de l’œil n’ont pas lieu, l’œil ne réussit pas à voir toutes les régions de l’objet avec la fixation centrale, c’est-à-dire avec le maximum de clarté.

CHAPITRE IX Fixation centrale

La mobilité est donc la condition normale et naturelle de l’esprit pour la sélection et la perception ; et puisque la fixation centrale est nécessaire, la mobilité est également la condition naturelle et normale de l’œil, organe de la sensation. Dans la première et seconde enfance, la plupart des gens apprennent inconsciemment à maintenir leurs yeux et leur esprit dans cet état de mobilité et à recevoir leurs sensations à l’aide de la fixation centrale. Mais malheureusement, pour toutes sortes de raisons, ces habitudes de vision correcte peuvent se perdre. D’une façon ou d’une autre, le « moi » conscient intervient dans le fonctionnement normal et naturel. Il en résulte que l’attention est dirigée avec fixité, au lieu de passer continuellement avec aisance d’un point à l’autre, et que les yeux au lieu de changer constamment de direction ont un regard fixe.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Ce mauvais fonctionnement entraîne des efforts physiques et mentaux, qui à leur tour aggravent le mauvais fonctionnement. À la suite de ces efforts et du fonctionnement incorrect, l’appareil sensitif subit une altération, cause de vices de réfraction et d’autres anomalies physiques fâcheuses, la vision se détériore et, les mauvaises habitudes s’enracinant avec le temps, les yeux (surtout s’ils portent lunettes) perdent de plus en plus leur capacité d’autorégulation et de résistance à la maladie.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Dans la grande majorité des cas cependant, cette habitude est acquise concomitamment avec les autres habitudes de bon fonctionnement et ce n’est que plus tard qu’elle se perd, en général grâce à l’intervention du « moi » conscient dont les craintes, tourments, tracas, désirs, chagrins et ambitions entravent toujours le fonctionnement normal des organes physiques, du système nerveux et de l’esprit

CHAPITRE X Méthodes d’éducation des yeux et de l’attention, pour leur apprendre à se mouvoir

le meilleur moyen d’arriver à la fixation centrale ne consiste pas à chercher à voir une petite surface mieux que toutes les autres, mais à cultiver la mobilité, condition nécessaire pour voir successivement avec le maximum de précision de petites surfaces d’un objet. C’est pourquoi je commencerai par décrire certains procédés destinés à accroître la mobilité des yeux et de l’esprit, et ce n’est qu’ensuite que je passerai aux méthodes visant directement à rendre l’élève conscient de la fixation centrale. Les personnes de vue défectueuse seront bien avisées de suivre le même ordre dans leurs exercices éducatifs. D’abord apprendre à maintenir les yeux et l’attention en mouvement aisé et constant ; ensuite seulement, lorsque le mouvement a renforcé l’activité des yeux, apprendre consciemment à reconnaître les phénomènes de fixation centrale pour en augmenter l’intensité.

Balancement, oscillations (swinging)

Les divers procédés, auxquels le docteur Bates a donné le nom de « balancement » (swinging), doivent primitivement permettre à celui qui les exerce de se rendre bien compte de ce mouvement apparent des objets extérieurs et, par là, de développer un état de libre mobilité dans l’appareil sensitif de l’œil et dans l’esprit qui le contrôle. Là où une telle mobilité existe, la tension de l’esprit et des yeux est relâchée, le regard fixe est remplacé par de rapides changements de la fixation centrale, d’où une amélioration marquée de la vision.     On peut inventer et exercer un grand nombre de balancements, d’oscillations (swings), mais tous ne sont que des variétés d’un ou deux types fondamentaux, qui seuls seront décrits.     Pour exercer le « balancement court », tenez-vous devant une fenêtre, ou sur un pas-de-porte, ou bien en tout endroit d’où l’on peut apercevoir à côté d’un objet proche un autre objet plus éloigné. Par exemple, le barreau vertical d’un cadre de fenêtre peut tenir lieu d’objet rapproché, tandis qu’un arbre ou une partie de maison, de l’autre côté de la rue, servira d’objet éloigné. À l’intérieur d’une chambre, l’objet rapproché peut être une grande lampe à pied, ou un bout de cordon pendant du plafonnier, tandis qu’un tableau sur le mur ou un objet d’art sur la cheminée servira d’objet éloigné. Tenez-vous debout, les pieds écartés d’environ un demi-mètre, et balancez le corps régulièrement, doucement, pas trop vite, d’un côté à l’autre, portant le poids du corps alternativement sur chaque pied. Le balancement ne doit pas être trop ample (moins de trente centimètres est parfaitement suffisant) et la tête ne doit pas tourner sur les épaules, mais doit toujours rester sur le même plan et regarder droit en avant, se déplaçant à l’unisson avec le buste. Dans le balancement à droite, l’objet proche (disons le barreau de la fenêtre) paraîtra se déplacer à gauche à travers l’objet plus éloigné. En se balançant à gauche, cet objet proche semblera se déplacer à droite. Observer ce mouvement apparent au cours de plusieurs balancements ; puis fermez les yeux, tout en continuant à vous balancer d’un côté à l’autre, et représentez-vous ainsi le mouvement apparent du barreau de fenêtre au travers de l’arbre du fond du jardin ou au travers de la maison de l’autre côté de la rue. Ensuite, rouvrez les yeux et durant quelques balancements observez de nouveau le barreau réel dans ses mouvements apparents. Fermez de nouveau les yeux et représentez-vous ces mouvements ; et ainsi de suite durant une minute ou deux, ou davantage.     Cette méthode a plusieurs avantages. Elle rend l’esprit conscient du mouvement et l’y habitue. Elle concourt à briser la mauvaise habitude de l’œil défectueux de regarder fixement. Elle procure automatiquement un changement de l’attention et de la fovea centralis. Tout cela contribue directement à la relaxation dynamique des organes de la vue. Une contribution indirecte au même résultat proviendra du mouvement rythmique de balancement, dont l’action apaisante pour le corps et l’esprit rappelle celle des mouvements du berceau et de la chaise à bascule.     À ces effets apaisants du balancement court, le « balancement long » ajoutera son action directe et bienfaisante sur la colonne vertébrale par de légers mouvements répétés de flexion. Pour exercer ce long balancement, tenez-vous debout, les pieds écartés comme précédemment ; mais au lieu de vous contenter d’une oscillation courte du corps, tel un pendule à faible course, donnez à votre balancement un plus grand arc, en faisant fléchir le tronc latéralement sur les hanches, et la tête sur les épaules. En se balançant à gauche le poids du corps est jeté sur le pied gauche tandis que le talon du pied droit est soulevé. Vice versa, le talon gauche est soulevé quand on s’incline sur la droite. Les yeux, au cours de ce balancement d’un côté à l’autre, couvrent un arc de cercle de 180 degrés ou même plus et le monde extérieur oscille comme balayé d’un côté à l’autre. Il ne faut pas chercher à fixer des yeux quoi que ce soit dans ce champ visuel mouvant. L’attitude de l’esprit, en exerçant ce long balancement, doit être celle d’une passivité et indifférence complètes. On laisse le monde passer devant soi sans y faire attention, sans le moindre effort pour percevoir ce qui passe devant vos yeux. L’action sélective et perceptive de l’esprit est mise hors d’action et l’on est réduit à la pure sensation – l’organisme physiologique prenant congé du « moi » conscient.     Un tel congé du « moi » conscient est extrêmement reposant. En outre, puisque c’est ce moi conscient qui est en général responsable de la mauvaise vue (soit en hébergeant des émotions tristes, soit en dirigeant mal son attention, soit en ignorant d’une autre manière encore les règles établies par la nature pour un fonctionnement visuel normal), cette inhibition temporaire du « moi » conscient contribuera à rompre les anciennes habitudes de mauvais fonctionnement et à préparer le terrain pour en créer de meilleures à l’avenir. Au cours du long balancement, l’appareil sensitif de l’œil échappe temporairement à la servitude qui le lie à l’esprit, un esprit qui fait de cet appareil mauvais usage en l’immobilisant dans un regard fixe, et l’œil apprend une fois de plus comment fonctionner dans un état de libre mobilité sans tension.

Autres facteurs de mobilité

Les dominos aussi peuvent servir à rompre l’habitude de regarder fixement et à développer dans les yeux et l’esprit l’état indispensable de mobilité. Procurez-vous un jeu de dominos, de préférence un jeu qui aille jusqu’au double-neuf ou même au double-douze.     Disposez au hasard les dominos en trois rangées de huit à dix chacune, à l’intérieur d’un couvercle de boîte en carton. Serrez-les étroitement ou collez-les sur place, de façon que le couvercle puisse être manié sans renverser les dominos. Dressez le couvercle sur une table, où il repose par l’un de ses bords, de façon que la mosaïque de dominos vous fasse vis-à-vis et que vous la contempliez assis à une distance convenable. Si la vue à distance est au-dessus de vos forces, prenez le couvercle dans la main à la distance où les dominos sont vus facilement, et augmentez la distance à mesure que la vision s’améliore. Ensuite, aussi vite que possible, citer les nombres inscrits dans les moitiés supérieures des dominos de la première rangée ; puis ceux des moitiés inférieures de ces dominos ; puis ceux des moitiés supérieures et inférieures successivement dans les autres rangées. Faites cela sans aucune préoccupation d’examen à passer, l’esprit relâché, en portant les yeux d’un mouvement aisé d’un domino à l’autre et en clignant fréquemment.

Autres facteurs de mobilité

Fermez les yeux durant quelques secondes, entre chaque rangée. Puis continuez l’exercice, citant le nombre des points en suivant une ligne horizontale, sur les moitiés supérieures et inférieures des dominos de chaque série, ensuite en suivant les lignes verticales et en diagonale. Enfin, compliquez l’exercice en comptant le nombre total de points dans les lignes verticales.     Précieux dans tous les cas de vision défectueuse associée à la tension et à la fixité du regard, ces exercices de dominos, en concomitance avec d’autres décrits au chapitre des « coups d’œil rapides » (flashing), sont surtout utiles dans les cas d’astigmatisme.

Vision inconsciente

les sensa laissent des traces et par conséquent peuvent être l’objet d’un souvenir, même s’ils n’ont pas été perçus par l’esprit conscient. Quand des personnes à vision défectueuse jettent un coup d’œil rapide à quelque objet, il arrive souvent qu’elles ne le voient pas du tout ou ne le voient que comme une tache sombre. Mais en se détournant et en fermant les yeux, elles découvriront souvent qu’elles ont une image mémorative de la sensation reçue. Souvent cette image est si ténue qu’elles sont à peine conscientes de sa présence. Mais si ces personnes renoncent à faire des efforts anxieux pour amener cette image dans le champ de la conscience et se contentent de faire au hasard une conjecture sur sa nature, il arrivera souvent que cette conjecture sera juste. De cela nous pouvons conclure que nous pouvons nous rappeler ce que nous avons senti sans le voir vraiment, pourvu seulement que la tension mentale associée au « moi » conscient soit relâchée, à l’aide de l’hypnose ou par d’autres méthodes moins drastiques.

Vision inconsciente

Cette condition du relâchement est de la plus haute importance pratique. La tension, nous l’avons dit, érige une barrière entre les yeux qui sentent et l’esprit qui perçoit, mais si les organes de la vue sont mis en état de relâchement, comme on y arrive par les procédés de la paume des mains sur les yeux (palming), de l’exposition au soleil (sunning) et du balancement (swinging), cette barrière s’abaisse ; et bien que tout d’abord il puisse être impossible de percevoir la sensation reçue par l’appareil sensitif de l’œil regardant un objet extérieur donné, il devient très facile quand les yeux sont fermés de faire une conjecture exacte quant à la nature de l’image mémorative qui provient des traces laissées par la sensation visuelle.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Tout en jetant sur le monde extérieur des coups d’œil rapides, votre attitude mentale sera celle d’une sereine indifférence. Dans l’exercice du balancement, on laisse les objets passer devant soi sans faire le moindre effort pour les connaître en détail ; de même, en jetant des coups d’œil rapides, débarrassez votre esprit de toute anxiété de bien voir et contentez-vous de jeter un regard d’abord à l’extérieur sur l’objet lui-même, puis intérieurement sur l’image mémorative de cet objet. Si l’image intérieure correspond à l’objet extérieur tel que vous le verrez par un second coup d’œil de plus près, tant mieux. Si l’image intérieure ne correspond pas à l’objet mais n’est qu’une tache, tant mieux aussi. Rien n’est si mauvais pour la vue que la mentalité de compétition, de celui qui veut gagner un prix ou passer un examen. Les efforts du « moi » conscient vont à fin contraire. C’est seulement lorsque vous ne chercherez plus à voir que vous verrez bien.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

La pratique occasionnelle de ces coups d’œil rapides doit être doublée d’exercices à des moments réservés spécialement dans ce but. Les objets utilisés à cet effet doivent être petits, simples, familiers et de contours nets. Voici par exemple quelques procédés efficaces, à l’aide d’un jeu de dominos.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Relâchez les yeux par l’application de la paume des mains durant quelques instants ; puis saisissez un domino au hasard, tenez-le à bout de bras, examinez-le d’un coup d’œil rapide et fermez les yeux. Même si les points du domino n’ont pas été vus distinctement, il est probable qu’ils ont été notés par l’appareil sensitif des yeux et que la sensation aura laissé une trace qui peut être ravivée par l’image mémorative. Les yeux toujours fermés, énoncez à vous-même le nombre de points que vous supposez avoir vus dans la moitié supérieure du domino puis dans sa moitié inférieure. Ouvrez les yeux alors et s’il le faut rapprochez le domino pour vérifier l’exactitude de votre conjecture. Si elle est juste, tant mieux ; si elle est erronée, tant mieux aussi. Prenez un autre domino et recommencez.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Le même procédé peut être employé selon un mode plus compliqué. Prenez une douzaine de dominos et rangez-les en série le long du bord d’une table. Asseyez-vous devant eux à une distance convenable encore pour bien les voir. Promenez vos yeux de gauche à droite le long de la série, comptant les dominos aussi vite que possible (cet exercice combat l’immobilisation des yeux et de l’attention en les soumettant à des changements rapides d’un rythme inaccoutumé ; c’est un exercice des plus utiles à lui seul déjà). Puis ramenez la vue sur le premier domino et, tout en fermant les paupières, citez les nombres de points dans les moitiés supérieures et inférieures des dominos successivement. Rouvrez les yeux de nouveau et vérifiez vos conjectures. Ensuite, comptez encore une fois toute la série, et ramenant rapidement le regard sur le deuxième domino, jetez-y un coup d’œil rapide, fermez les yeux et citez les nombres. Continuez ainsi à compter et jeter un coup d’œil rapide, jusqu’à ce que vous arriviez au bout de la ligne de dominos.     Si vos yeux sont myopes et ne voient rien qu’à courte distance, pratiquez cet exercice, au début, à distance suffisante pour bien voir ; puis reculez et répétez l’exercice. Une fois familiarisés avec les dominos, vous éliminerez les hasards de réussite dans vos numérations et verrez plus facilement à distance. De cette façon, vous arriverez à augmenter graduellement la portée de votre vision.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Quand la vision à distance est aisée et que la vue de près est seule difficile, le procédé doit être renversé. Commencez à une certaine distance, puis rapprochez-vous et recommencez l’exercice.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

La capacité de perception dépend, comme je l’ai montré antérieurement, du degré, de la nature et de la valeur des expériences passées. Or les expériences anciennes n’existent pour nous que dans la mémoire. C’est pourquoi il est vrai de dire que la perception dépend de la mémoire.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

L’imagination est en relation étroite avec la mémoire ; on peut la définir comme la capacité de regrouper les souvenirs en combinaisons nouvelles, de telle sorte que ces constructions mentales diffèrent de toutes les expériences faites dans le passé. L’imagination comme la mémoire jouent un rôle dans la capacité de l’esprit d’interpréter les sensa ; et l’expérience quotidienne nous montre combien cette action de l’imagination et de la mémoire sur la perception et la vision est importante. Nous voyons les objets familiers plus nettement que les objets dont nous ne possédons pas un stock de souvenirs. Et quand notre imagination est plus active que d’ordinaire sous l’effet de l’émotion ou de l’excitation, il arrive souvent que nous interprétions les sensa comme manifestations d’objets dont notre imagination s’occupe activement, plutôt que comme manifestations d’objets réels du monde extérieur. La vieille lingère, qui ne peut lire sans lunettes, peut voir suffisamment pour enfiler son aiguille à l’œil nu. Pourquoi ? Parce qu’elle connaît mieux les aiguilles que les lettres imprimées.

Vision analytique

En regardant un objet quelconque continuellement et attentivement, les gens dont la vision est normale impriment inconsciemment à leurs yeux et à leur attention une série de petits mouvements presque imperceptibles d’un point à un autre dudit objet. Au contraire, les gens dont la vision est défectueuse réduisent considérablement le nombre de ces mouvements et tendent à regarder fixement. Il est donc nécessaire qu’ils se forgent consciemment cette habitude de changer continuellement la direction de la vue par de tout petits mouvements des yeux, habitude qu’ils avaient acquise inconsciemment dans l’enfance et qu’ils ont perdue dans la suite.

Vision analytique

Le meilleur moyen d’y arriver est d’apprendre à regarder en l’analysant tout objet que vous considérez avec attention. Ne regardez pas fixement : ne tentez pas de voir toutes les parties de cet objet en même temps avec une égale précision. Au contraire, cherchez à le voir « pièce par pièce » et une seule à la fois, sentant et percevant ainsi successivement toutes ses parties composantes.     Par exemple, en regardant une maison, notez le nombre des cheminées, fenêtres et portes. Suivez des yeux sa silhouette sur le ciel. Laissez votre regard errer horizontalement le long des gouttières et verticalement en haut et en bas des murs entre les fenêtres, et ainsi de suite.     Cette espèce de regard analytique est à recommander dans toutes les méthodes destinées à renforcer la mémoire et la concentration. Cela permet au spectateur de se former des concepts mentaux précis de ce qu’il a vu. Au lieu de fixer et de se rappeler vaguement une image à laquelle il donne le nom de « maison », ce spectateur qui regarde analytiquement sera capable de vous citer nombre de particularités intéressantes et importantes au sujet de cette maison, par exemple qu’elle a quatre fenêtres et une porte d’entrée au rez-de-chaussée, cinq fenêtres au premier étage, une cheminée à chaque bout et des tuiles sur le toit. Cette connaissance détaillée de la maison, résultant du regard analytique, tendra à améliorer la vision de ce même objet en d’autres occasions. Car nous voyons avec le plus de précision les choses qui nous sont familières et l’augmentation des concepts que nous avons d’un objet tend à renforcer la sensation de cet objet à l’avenir. Nous voyons ainsi que le regard analytique non seulement améliore la vision en contraignant les yeux et l’esprit à des mouvements continuels d’un point à un autre, mais qu’il contribue aussi à perfectionner la vision à l’avenir, en augmentant les notions conceptibles de l’objet envisagé, le rendant ainsi plus familier et par conséquent plus facile à sentir et percevoir.     Le procédé du regard analytique peut être appliqué avec avantage même à des objets aussi familiers que des lettres, des chiffres, des annonces, et le visage de nos parents et amis. Si bien que nous croyions connaître ces objets, certainement nous constaterons, en prenant la peine de les regarder analytiquement, que nous pouvons les connaître encore beaucoup mieux. En regardant des lettres ou des chiffres, suivez des yeux leurs contours ; observez la forme du fond qui les entoure et qu’ils entourent ; comptez le nombre des coins sur une lettre majuscule ou un grand chiffre. En faisant cela, les yeux et l’attention seront contraints d’opérer un grand nombre de petits changements de direction du regard, ce qui améliorera la vision ; et en même temps, vous apprendrez un grand nombre de faits jusqu’alors méconnus et dont la connaissance contribuera plus tard à renforcer la qualité et la rapidité de vos sensations.

Vision analytique

Cette habitude de petits changements continuels dans la direction du regard (shifting) doit être développée en toute occasion au cours de l’activité quotidienne, quand les yeux doivent travailler longtemps et avec concentration, soit de près, soit de loin. Il existe aussi certains exercices qu’il est bon de pratiquer à des moments réservés spécialement à cet usage.

L’exercice avec le calendrier

En travaillant avec le calendrier, nous commencerons par mettre en état de relâchement l’esprit et les yeux, par un procédé très semblable à celui qu’on emploie dans l’un des exercices avec dominos. Suspendez le calendrier à une paroi à la hauteur de vos yeux quand vous êtes assis. Veillez à ce que la feuille de calendrier soit bien éclairée par lumière solaire directe ou réfléchie, ou, si le soleil ne luit pas, à la lumière ordinaire du jour ou par une forte lampe. Asseyez-vous sur une chaise en face, à distance convenable pour voir sans difficulté les grosses lettres. Appliquez quelques instants la paume des mains sur les yeux (palming), puis mettez-vous à l’œuvre comme suit.     Tournez la tête à gauche comme si vous regardiez par-dessus l’épaule ; puis ramenez-la doucement et pas trop vite, jusqu’à ce que le regard s’arrête sur le chiffre 1 du grand calendrier. Prenez note du chiffre, puis fermez les yeux, respirez profondément et librement tout en balançant légèrement la tête pour maintenir régulier le rythme de la respiration. Après quelques secondes, tournez la tête comme pour regarder sur l’épaule droite, rouvrez les yeux et ramenez-les sur le chiffre 2. Fermez de nouveau les yeux, tournez la tête à gauche et ramenez les yeux sur le chiffre 3, et ainsi de suite.

L’exercice avec le calendrier

En ramenant les yeux le long de la ligne vers le chiffre choisi, laissez toujours le regard errer dans l’espace blanc sous le caractère imprimé. Une surface blanche, servant de fond à des lettres ou des chiffres imprimés, ne présente pas de difficultés à l’esprit qui l’interprète et ne saurait donc constituer une source de tension. Par conséquent, lorsque le regard se meut le long de l’interligne blanc droit au-dessous de la ligne imprimée, l’esprit atteint son objectif dans un état de relâchement, avec le résultat que l’attention et les yeux opèrent dans les meilleures conditions leur travail de petits changements rapides de direction et de fixation centrale.

L’exercice avec le calendrier

Après avoir passé en revue tout le mois ou une partie seulement, selon le temps dont vous disposez, appliquez quelques instants la paume des mains sur les yeux et passez à la phase suivante de l’exercice. Comme cette phase exige une vue plus attentive que l’exercice précédent, vous serez tenté plus que d’habitude de retenir votre respiration. Résistez à la tentation et durant toute la durée de l’exercice continuez à respirer consciemment un peu plus profondément que normalement.     Jetez un coup d’œil au chiffre 1 du grand calendrier, puis abaissez les yeux sur le chiffre correspondant du petit calendrier au bas de la feuille à gauche. Ne le regardez qu’un moment, puis fermez les yeux de nouveau sur le chiffre 1 du grand calendrier et abaissez-les sur le chiffre 1 du petit calendrier à droite. Fermez les yeux de nouveau d’une façon lâche tout en continuant à respirer régulièrement. Puis rouvrez les yeux cette fois sur le chiffre 2 du grand calendrier ; laissez-les tomber sur le chiffre 2 du petit calendrier à gauche. Fermez les yeux, respirez, rouvrez-les sur le grand 2 et laissez tomber le regard sur le petit 2 à droite. Fermez de nouveau, respirez et continuez de la même façon avec les nombres suivants, soit jusqu’à la fin du mois, soit, si l’exercice paraît fatigant, jusqu’à la fin de la première ou de la deuxième semaine.     Au début, il peut être difficile de voir les nombres en petits caractères. S’il en est ainsi, ne vous attardez pas sur eux et ne vous efforcez pas de les voir. Adoptez alors la technique décrite à propos des coups d’œil rapides (flashing). Regardez sans effort et sans y porter votre attention le petit chiffre ; puis durant les brefs instants de fermeture des paupières, observez s’il existe quelque image mémorative de ce chiffre

L’exercice avec le calendrier

Après un intermède de palming, abordez la phase suivante de l’exercice. Les yeux étant fermés, pensez à n’importe quel nombre entre 1 et 31. Disons que vous commenciez par penser au chiffre 17. Ouvrez les yeux et, aussi rapidement que possible, cherchez le chiffre 17 d’abord sur le grand calendrier puis sur le petit à gauche. Fermez les yeux et respirez. Puis rouvrez-les sur le grand 17 pour les laisser tomber sur le petit 17 à droite. Fermez de nouveau, respirez, pensez à un autre nombre et continuez de la même façon. Après dix ou douze répétitions, vous serez prêt à passer à la phase suivante.

L’exercice avec le calendrier

Dans cette quatrième phase, nous revenons aux petits et rapides changements de direction du regard, que nous apprenons à exercer systématiquement, avec un déplacement du regard rythmique et de faible amplitude, sur des objets tels que des lettres et des chiffres. Regardez le grand 1. Faites attention d’abord au sommet du chiffre puis à sa base ; puis regardez de nouveau le sommet pour repasser à la base, en haut et en bas deux ou trois fois. Après cela, fermez les yeux doucement et respirez profondément sans effort. Puis rouvrez les yeux et répétez l’exercice sur le grand chiffre 2. Après avoir ainsi examiné la moitié du mois, passez à l’un des petits calendriers et recommencez, en rapprochant un peu votre chaise s’il est nécessaire, il faut varier l’exercice parfois en opérant les changements de direction du regard dans le sens horizontal, allant d’un côté à l’autre du chiffre au lieu de le faire verticalement du sommet à la hase. En outre, ne vous limitez pas seulement aux chiffres. Travaillez aussi sur les lettres : lundi, mardi, etc. Effectuez les changements de direction de la vue, de la base au sommet de ces lettres et d’un côté à l’autre, et aussi en diagonale d’un coin à l’autre des grandes lettres pourvues d’angles. Les lettres et chiffres sont les objets les plus familiers dans notre monde artificiel et ceux qu’il nous importe le plus de voir exactement. C’est pourquoi il est nécessaire qu’en regardant ces objets nous prenions l’habitude des petits changements continuels dans la direction du regard (small-scale shifting). L’exercice conscient de ces petits mouvements des yeux créera finalement un automatisme bienfaisant. Chaque fois que nous regarderons un chiffre ou une lettre, nous tendrons inconsciemment et automatiquement à exercer ce shifting, à petite échelle, qui contraint l’esprit et les yeux à travailler au moyen de la fixation centrale, ce qui améliore notre sensation, notre perception et leur produit final qui est la vision

L’exercice avec le calendrier

La même technique doit être transposée dans la vie quotidienne. Quand vous êtes en présence de lettres ou chiffres difficiles à distinguer nettement, appliquez-leur le procédé du shifting et ils tendront à s’éclaircir, leurs contours devenant plus précis.

L’exercice avec le calendrier

Cette sorte de changements du regard équivaut simplement à un regard analytique exercé selon un rythme régulier. Or un mouvement cadencé, rythmique, est toujours reposant, même s’il n’est répété que peu de fois et c’est ce relâchement qui explique la grande amélioration de la vue obtenue par cette méthode des petits mouvements continuels et rapides des yeux, dirigeant le regard d’un point donné à un autre point rapproché du champ visuel. Malheureusement, il est impossible d’appliquer ce procédé à toutes les classes d’objets. Il est facile de le pratiquer sur des objets petits, à contours nets et très familiers tels que les lettres et chiffres. Mais si l’objet est grand, peu familier, en mouvement, ou de contours indéterminés, le procédé est alors impraticable, pour la simple raison qu’il n’existe pas de limites clairement définies, de points de repère nets, entre lesquels on puisse opérer les changements répétés du regard 

L’exercice avec le calendrier

Par conséquent, en cas d’objets de grandes dimensions, indéterminés et non familiers, la meilleure technique du regard reste le regard rapide, analytique, sans répétition rythmée. L’efficacité de ce regard analytique peut être renforcée en comptant les divers traits saillants de ces objets, et n’essayez pas d’en dresser la liste exacte ; ce qui importe n’est pas de connaître leur nombre réel, mais que l’attention en découvre un grand nombre et les observe. Ainsi, comptez-en seulement trois ou quatre, puis glissez sur les autres et supputez leur nombre total, sans vous soucier qu’il soit juste ou faux. Votre but est de voir avec plus de précision et il sera atteint si, sous le prétexte de compter, les yeux et l’attention sont stimulés dans leurs rapides et petits changements de direction, dans leurs actes successifs de fixation centrale.

L’exercice avec le calendrier

Fixez d’abord la barre supérieure du E en remarquant qu’elle apparaît plus précise et plus noire que les deux autres barres du E puis portez votre attention sur la barre inférieure en observant qu’elle est la plus noire des trois. Faites de même avec la barre du milieu. Ensuite, choisissez un E plus petit sur la page du journal et répétez l’exercice. Vous constaterez, si les yeux et l’esprit ont réellement perdu leur mauvaise habitude de regarder fixement, que même avec une petite lettre vous percevrez avec plus de netteté la barre sur laquelle vous portez votre attention que les deux autres. Vous arriverez ainsi à distinguer nettement la partie supérieure de la partie inférieure d’une très petite lettre et vice versa. Plus la vue est parfaite, plus petite sera la surface vue avec le maximum de précision.

L’exercice avec le calendrier

Pour confirmer le fait de la fixation centrale, on peut renverser le procédé ci-dessus décrit et faire de son mieux pour voir chaque partie d’une grande lettre ou tous les traits d’une figure amie, avec le maximum d’exactitude simultanément. Il en résultera presque aussitôt une sensation d’effort et une vision moins bonne. On ne peut impunément tenter de réaliser une chose qui est impossible aussi bien physiquement que psychiquement. Cependant, c’est là précisément ce que la personne affligée d’une mauvaise vue fait constamment, quand elle regarde avec une attention anxieuse les objets qui l’entourent

L’exercice avec le calendrier

La bonne vision ne s’obtient pas par des efforts, elle est donnée à tous ceux qui auront appris à mettre leurs yeux et leur esprit en état de passivité alerte, de relaxation dynamique.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

l’efficacité de l’esprit comme interprète des sensa bruts peut être entravée par un grand nombre de troubles psychiques. Quand cela arrive, l’efficacité de l’œil, en tant qu’appareil sensitif, est aussi compromise ; car l’organisme humain, esprit et corps, ne forme qu’un seul tout, si bien qu’un mauvais fonctionnement psychique rejaillit en un mauvais fonctionnement physiologique.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Quand la fonction physiologique de l’œil est entravée, la qualité de la matière première fournie est en baisse ; et cette baisse de qualité réagit fâcheusement à son tour sur la fonction psychique qui travaille sur cette matière première.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Les oculistes orthodoxes se contentent de pallier les symptômes d’une vue défectueuse à l’aide de ces « précieuses béquilles » que sont les lunettes. Ils n’opèrent que sur l’appareil sensitif de l’œil et ignorent complètement l’action sélective et perceptive de l’esprit dans l’acte de voir. Il est évident que tout traitement rationnel, vraiment étiologique, des débuts de la vue doit tenir compte de l’aspect mental de la vue. Dans la méthode de rééducation visuelle du docteur Bates et de ses disciples, on tient compte avec raison non seulement de l’œil fournisseur de la matière première, mais aussi de l’esprit qui fabrique le produit fini

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Lorsque le « moi » conscient est affecté outre mesure par des émotions telles que la crainte, la colère, les tourments, les chagrins, l’envie ou l’ambition, il est probable que l’esprit comme le corps en souffriront. La fonction psycho-physique qui en souffrira le plus généralement est celle de la vue. Les émotions négatives entravent la vue, en partie par action directe sur les systèmes nerveux, endocrine et circulatoire, en partie par diminution de l’efficacité de l’esprit. Il est littéralement vrai que l’on peut être aveuglé par la rage, que sous l’effet de la peur la vue s’obscurcira ou les objets vacilleront devant les yeux, que les tourments et tracas peuvent obnubiler quelqu’un au point qu’il cesse de voir et entendre convenablement, cause fréquente d’accidents sérieux. Et les effets de ces émotions négatives ne sont pas seulement transitoires, momentanés. Pour peu qu’elles soient intenses et assez prolongées, les émotions négatives telles que les fortes préoccupations, un chagrin d’amour, un échec dans un concours, etc, peuvent provoquer chez les victimes des troubles organiques sérieux, par exemple un ulcère gastrique, une tuberculose ou une maladie des coronaires. Elles peuvent aussi causer une perturbation durable dans le fonctionnement physique et mental des organes visuels, perturbation qui se manifeste par une tension mentale, neuro-musculaire, et par des vices de réfraction. Tous ceux qui aspirent donc à une vue normale devraient tout faire pour éviter ou écarter ces émotions pernicieuses et en attendant devraient apprendre l’art de voir, grâce auquel ils pourront supprimer totalement ou partiellement les effets désastreux de telles émotions pour les yeux et l’esprit.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

une autre crainte, celle de ne pas voir convenablement, crainte intimement liée à l’acte de voir dans l’esprit des personnes dont la vue est défectueuse et responsable jusqu’à un certain point de la persistance de ces défauts visuels.     Voyons quelle est l’origine de cette phobie. L’art de voir naturellement, normalement, s’acquiert inconsciemment durant la première et la seconde enfance. Dans la suite, en raison de maladies organiques ou plus souvent de la tension mentale, le bon fonctionnement de la vision vient à se perdre, remplacé par un fonctionnement anormal, contre nature, l’esprit perd son efficacité d’interprète, la structure physique de l’œil est déformée, ce qui entrave la vue. Cette vision réduite donne lieu, le plus souvent, à une certaine appréhension chronique, la personne accoutumée à mal voir redoute de voir mal à l’avenir. Dans l’esprit de nombreux patients, cette crainte anticipée atteint le degré de la conviction pessimiste, fixée et intense, que dès lors la vision normale est devenue impossible pour eux.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

La foi permet à l’homme de soulever des montagnes. Inversement, la conviction de son incapacité l’empêchera de soulever même une paille.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Dans la vue, comme pour toutes les autres activités de l’esprit et de l’organisme, il est essentiel, si nous voulons agir convenablement, de cultiver une attitude de confiance combinée à une certaine indifférence – confiance dans notre capacité de réussir l’acte en question et indifférence à l’égard d’un échec possible. Nous devons avoir la certitude que nous pouvons réussir finalement, si nous employons les moyens adéquats et faisons preuve d’une patience suffisante ; et nous ne devons pas ressentir de désappointement ou de vexation si une fois nous avons un échec.     La confiance non tempérée d’indifférence peut être presque aussi désastreuse que le manque de confiance ; car si nous avons la certitude de réussir et sommes très désappointés et déprimés à chaque échec, la confiance deviendra une source d’émotions négatives, qui à leur tour augmenteront les risques d’échec.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Pour la personne dont la vue est inférieure à la normale, l’attitude mentale correcte peut être exprimée dans les termes suivants : « Je sais théoriquement que la vision défectueuse peut être améliorée ; je suis certain qu’en apprenant l’art de voir, je réussirai à perfectionner ma propre vision, et il est très probable que je verrai mieux à l’avenir ; mais si mes espérances ne sont pas entièrement réalisées, je n’en serai pas malheureux ni très affecté et continuerai mes exercices jusqu’à ce que ma vision s’améliore. »

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

prenez le cas d’une dame qui a la terreur des serpents et prendra pour une énorme vipère ce qui pour toute autre personne ne sera qu’un bout de tuyau de caoutchouc. Sa vue, vérifiée avec la table de Snellen, est pourtant normale. Pourquoi donc voit-elle quelque chose qui n’est pas là réellement ? Parce que son imagination a pris l’habitude d’utiliser de vieux souvenirs de serpents pour construire des images alarmantes de ces animaux et parce que, grâce à cette imagination, son esprit a mal interprété les sensa liés au tube de caoutchouc, de telle manière qu’elle a vu avec certitude une vipère.     De tels exemples, que l’on pourrait multiplier presque indéfiniment, démontrent indubitablement que la perception et donc la vision dépendent de la mémoire et à un moindre degré de l’imagination. Nous voyons le mieux les choses dont nous possédons un bon stock de souvenirs

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Ce fait que la perception et la vision dépendent largement des expériences anciennes enregistrées par la mémoire a déjà été reconnu depuis des siècles. Mais je crois pouvoir affirmer que le docteur W. H. Bates fut la première personne à porter sérieusement l’attention sur les corollaires utilitaires et thérapeutiques de cette vérité

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

La mémoire ne travaille pas bien dans un état de tension et ce fait important domine les relations de la mémoire avec la perception et la vision. Chacun sait par expérience qu’on peut oublier un nom et faire de vains efforts pour se le rappeler. À ce moment, si l’on est sage, on renoncera à ces efforts pour se souvenir et on laissera l’esprit se mettre en état de passivité vigilante ; il y a bien des chances alors que le nom réapparaîtra dans la conscience au moment où on le cherche le moins. Il semblerait que la mémoire fait son meilleur travail lorsque l’esprit est en état de relaxation dynamique.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

L’expérience a enseigné à la plupart des gens qu’il existe une corrélation entre une bonne mémoire et la relaxation dynamique de l’esprit – état qui tend toujours à s’accompagner également de la relaxation dynamique du corps.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Ils ne se sont jamais formulé ce fait explicitement, mais ils le connaissent inconsciemment, ou, pour être plus précis, ils agissent comme s’ils le connaissaient. Quand ils cherchent à se rappeler quelque chose, instinctivement ils se détendent, « se laissent aller », parce qu’ils ont appris, au cours d’innombrables répétitions de l’acte du souvenir, que cette condition de relâchement est la plus favorable au bon fonctionnement de la mémoire

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Par conséquent, il arrivera souvent qu’au moment de se souvenir les personnes se mettent automatiquement et inconsciemment en état de relaxation mentale dynamique, état propice non seulement à la mémoire, mais aussi à la vision. Telle serait l’explication du fait (observé d’abord par le docteur Bates, mais facile à vérifier par quiconque est prêt à en remplir les conditions nécessaires) que le simple acte de se souvenir clairement de quelque chose produit aussitôt une amélioration de la vue

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Des maîtres expérimentés de la méthode Bates m’ont cité des élèves qui vinrent à eux, incapables de se rappeler après dix secondes s’ils avaient regardé des lettres, des chiffres ou des images. Aussitôt que les yeux et l’esprit se furent quelque peu relâchés grâce aux procédés du palming, sunning, swinging et shifting, la capacité de se souvenir fut restaurée. L’imperfection de la vue et l’état d’imbécillité apparente dans lequel l’impuissance de se souvenir les avait plongés étaient dus à la même cause fondamentale : mauvais fonctionnement associé à un haut degré de tension mentale, et neuromusculaire.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

si le souvenir est lié à cette chose ou à toute autre semblable déjà vue auparavant, l’acte du souvenir sera alors doublement efficace pour perfectionner la vision, car il aura pour effet non seulement une relaxation utile du corps et de l’âme, mais aussi une plus grande familiarité avec l’objet envisagé. Or nous voyons avec le plus de précision les choses qui nous sont le plus familières. Par suite, toute méthode qui nous rend plus familier l’objet que nous essayons de voir nous en facilitera la vue. En outre, en nous rappelant cet objet ou tout autre similaire, nous augmentons la connaissance que nous en avons, ce qui en améliore la vision. C’est sur la base de ce fait que la plupart des exercices concernant la mémoire et l’imagination comportent le souvenir ou la vue imaginaire de lettres et images, que nous sommes constamment appelés à voir soit de près, soit de loin.

La mémoire en tant que facteur visuel

Considérez des objets de la façon décrite antérieurement : changeant rapidement l’attention d’un point à un autre, suivant les contours de l’objet envisagé et faisant le compte de ses traits saillants. Puis fermez les yeux, relâchez-vous et évoquez l’image mémorative la plus précise de ce que vous avez vu. Rouvrez les yeux. Comparez cette image avec la réalité et répétez ce procédé du regard analytique. Après quelques répétitions, vous constaterez une amélioration dans la clarté et la précision tant de l’image mémorative que de l’image visuelle enregistrée par les yeux ouverts.

La mémoire en tant que facteur visuel

Il est bon que ces exercices de regard analytique et de mémoire se pratiquent sur des objets de notre entourage habituel, tels que l’ameublement des chambres où l’on vit et travaille, des devantures de magasin, des écriteaux, les arbres et maisons des rues que nous fréquentons. Cet exercice aura trois bons résultats : il rompra l’habitude de regarder fixement et renforcera la fixation centrale ; il contraindra l’esprit à se mettre en état de passivité alerte, de relaxation dynamique, état qui seul procure un souvenir exact et conduit à une vision précise ; enfin, il augmentera beaucoup dans l’esprit la connaissance des objets qu’il doit voir le plus fréquemment, ce qui facilitera grandement la vision de ces objets.

La mémoire en tant que facteur visuel

Et ce n’est pas tout. Le procédé décrit ci-dessus offre encore un avantage, celui d’enseigner une coordination convenable entre l’esprit et l’appareil sensitif. Trop d’entre nous passent leur temps à voir une chose tout en pensant à une autre, regardant juste assez pour ne pas se jeter contre un arbre ou sous un autobus et rêvant en plein jour, au point que si l’on nous demandait ce que nous avons vu nous serions bien embarrassés de répondre, pour la bonne raison que nous n’avons perçu consciemment presque rien de tout ce que l’appareil sensitif de l’œil a senti.

La mémoire en tant que facteur visuel

Ce désaccord entre les yeux et l’esprit est une cause féconde de troubles visuels, surtout si la personne qui rêve ainsi en plein jour est assise les yeux ouverts en regardant fixement un point, sans clignement des yeux. S’il vous arrive de rêver dans la journée, fermez les yeux et avec votre vision intérieure suivez consciemment tel ou tel épisode fabriqué par votre imagination selon vos désirs. De même, lorsque vous êtes engagé dans un raisonnement logique, prenez soin de ne pas regarder fixement quelque objet extérieur sans relation avec le problème en question. Si les yeux sont ouverts, leur activité doit être en rapport avec le processus intellectuel qui occupe à ce moment l’esprit. Par exemple, écrivez des notes que les yeux peuvent lire ou dessinez des diagrammes qu’ils peuvent étudier. Et si les yeux sont tenus clos, résistez à la tentation de les immobiliser, tentation toujours forte quand on fait un effort de concentration mentale. Laissez l’œil intérieur voyager sur des mots imaginaires, des diagrammes ou autres figures en connexion avec le raisonnement qui occupe présentement la pensée. En tout temps, il faut éviter qu’il se produise un désaccord entre l’esprit et l’appareil sensitif. Quand les yeux sont ouverts, il faut être bien conscient de ce que l’on regarde. Quand vous ne cherchez pas à voir mais à penser ou à rêver, faites en sorte d’associer l’activité des yeux à votre rêve ou à votre pensée. En laissant l’esprit et les yeux aller chacun de leur côté, vous risquez de détériorer votre vision qui est le produit de la coopération entre un appareil sensitif physique et l’intelligence chargée de la sélection et de la perception.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Examinez une lettre non fixement, mais en portant rapidement l’attention d’un point à un autre. Fermez les yeux, détendez-vous et évoquez l’image mémorative de ce que vous avez vu. Rouvrez les yeux et vérifiez l’exactitude de votre mémoire. Répétez le processus jusqu’à ce que l’image mémorative soit absolument exacte, claire et distincte. Faites de même avec toutes les lettres et tous les chiffres aussi. Cet exercice peut être répété à l’occasion, même si vous croyez bien connaître toutes les lettres. La mémoire peut toujours se perfectionner ; en outre, l’acte de se souvenir procure un relâchement et ce relâchement, combiné à l’accoutumance accrue aux lettres qui provient d’une meilleure mémoire, tendra toujours à améliorer la vision.     En regardant les lettres dans le but de se familiariser avec leurs formes, il est bon de faire attention non seulement aux caractères noirs imprimés, mais aussi, et surtout au fond blanc qui les entoure et qu’elles circonscrivent. Ces surfaces de blancheur autour et à l’intérieur des lettres et des chiffres ont des formes curieuses et frappantes dont l’esprit aime à faire la connaissance et se souvient aisément grâce à l’intérêt qu’il leur porte. En même temps, on risque moins la tension mentale en considérant ce fond blanc qu’en examinant les caractères noirs qui se détachent sur ce fond. Il est souvent plus facile de voir une lettre quand les yeux la considèrent comme une interruption du fond blanc que lorsqu’ils l’examinent sans référence consciente à ce fond, comme un simple échantillon de lignes noires, droites et courbes.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Examinez la lettre comme auparavant, portant votre attention sur les contours du fond blanc autour et à l’intérieur de la lettre. Puis fermez les yeux, mettez-vous en état de relaxation, évoquez une image mémorative de la lettre et ensuite imaginez à dessein que le fond blanc sur lequel la lettre se détache est plus blanc encore que vous ne l’avez vu, aussi blanc que la neige, qu’un nuage éclairé par le soleil, ou qu’une porcelaine.     Rouvrez les yeux et regardez de nouveau la lettre, changeant la direction du regard d’un point à un autre du fond blanc, et cherchant à voir ces points aussi blancs que vous les avez imaginés les yeux étant fermés. Au bout d’un moment, vous trouverez que vous arrivez sans difficulté à créer cette illusion bienfaisante. Si vous y réussissez, le noir des caractères imprimés vous paraîtra encore plus noir par contraste et vous constaterez une amélioration perceptible de la vision.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Assis devant le calendrier, portez votre attention d’abord sur le sommet d’un chiffre ou d’une lettre, puis à la base (ou bien au côté gauche et ensuite au côté droit). Après quelques répétitions, fermez les yeux, relâchez-vous, et continuez à faire le même exercice sur l’image mémorative du chiffre ou de la lettre. Puis, en imagination, appliquez deux taches de noirceur plus intense l’une au sommet, l’autre à la base de la lettre, ou l’une à gauche et l’autre à droite. Si vous le jugez utile, imaginez que vous appliquez vous-même ces taches avec un fin pinceau imprégné d’encre de Chine. Changez plusieurs fois la direction du regard imaginaire d’une tache noire à l’autre ; ensuite, ouvrez les yeux et cherchez à voir les mêmes taches plus noires au sommet et à la base, ou sur les deux côtés de la lettre réelle. Ce ne sera pas difficile, puisque grâce à la fixation centrale, vous verrez, plus nettement que le reste, cette partie précisément de la lettre ou du chiffre sur laquelle vous portez votre attention, imaginez même les taches plus noires que la fixation centrale ne le constate. Si vous y réussissez, toute la lettre paraîtra plus noire qu’auparavant, sera donc vue avec plus de précision et enregistrée plus nettement dans la mémoire pour une référence future.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Ces deux procédés : passages rapides du regard, d’abord en imagination puis en réalité, d’une surface plus blanche ou plus noire que réellement, à une autre surface plus blanche ou plus noire que réellement, aux deux extrémités de la lettre, ces deux procédés contribuent particulièrement à améliorer la vision et l’on devrait y recourir (parallèlement si possible avec les procédés du palming et du sunning) chaque fois que les caractères imprimés d’un livre, d’une affiche ou d’un avis, etc, vous paraissent troubles, flous.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Imaginez-vous assis à une table à écrire, avec une liasse de feuilles de gros papier blanc devant vous. Toujours en imagination, prenez une plume ou un fin pinceau à peindre, trempez-le dans l’encre de Chine et au centre de la première feuille de papier faites une tache noire ronde. Ensuite, portez votre attention sur le fond blanc immédiatement adjacent au bord droit de la tache, puis sur celui adjacent au bord gauche, et répétez, déplaçant le regard rythmiquement de gauche à droite et vice versa. Comme en réalité, la tache imaginaire semblera se déplacer à gauche lorsque vous portez l’attention sur le bord droit, et à droite lorsque vous la portez sur le bord gauche.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Si on le désire, on peut employer la variante suivante de la tache unique. Sur une autre feuille de papier imaginaire inscrivez deux taches, distantes de dix centimètres environ, et entre elles (mais à trois centimètres au-dessous) dessinez un cercle de un centimètre et demi de diamètre. Imaginez ce cercle très noir et l’espace blanc qu’il enclot, d’un blanc intense. Ensuite, portez le regard intérieur (de l’imagination) de la tache droite à la tache gauche en répétant le mouvement rythmiquement. Le mouvement du cercle sera en sens inverse de la direction du regard intérieur.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

toujours en imagination, prenez une autre feuille de papier et tracez-y un immense colon (deux-points) composé de deux grandes taches distantes de un centimètre et demi et près de lui, un centimètre et demi à droite, dessinez un point-virgule de la même dimension. Ensuite, dirigez votre attention de la tache supérieure des deux-points à la tache supérieure du point-virgule, puis plus bas sur la virgule ; ensuite à gauche sur la tache inférieure des deux-points et enfin verticalement sur la tache supérieure. Répétez ce changement de direction du regard (shifting) rythmique, tout autour du carré formé par les trois taches rondes et la virgule. Quand l’œil intérieur (de l’imagination) se dirige à droite, la constellation formée par les deux signes de ponctuation paraîtra se déplacer vers la gauche ; quand il se porte en bas, la constellation paraîtra se déplacer vers le haut ; quand il se porte à gauche, le mouvement apparent de la constellation se fera vers la droite ; et quand l’œil imaginaire revient à son point de départ en remontant, les taches paraîtront descendre.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Imaginez que vous tenez entre le pouce et l’index un anneau de caoutchouc ou de métal, assez rigide pour conserver sa forme circulaire spontanément, mais assez élastique pour prendre la forme d’une ellipse quand on le serre. Fermez les paupières et contemplez l’anneau imaginaire, en suivant ses contours de l’œil intérieur. Ensuite, d’une main imaginaire, serrez doucement l’anneau sur les côtés, jusqu’à lui donner la forme d’une ellipse à grand axe vertical. Regardez cette ellipse un moment, puis relâchez la pression de votre main en laissant l’anneau reprendre sa forme circulaire. Ensuite, changez le sens de la pression en l’exerçant de haut en bas ; l’anneau imaginaire se déformera en ellipse à grand axe horizontal. Relâchez la pression, observez comment l’ellipse redevient un cercle, placez de nouveau en imagination le pouce et l’index sur les côtes de l’anneau et répétez l’exercice rythmiquement dix à quinze fois. Il est difficile de dire ce qui se passe physiologiquement quand on observe en imagination ces transformations successives de cercles en ellipses verticales et horizontales et vice versa. Mais il n’y a aucun doute, en tenant compte des sensations ressenties dans les yeux et autour des yeux, que des ajustements et réajustements musculaires considérables se produisent continuellement au cours de ce cycle de visualisations. Subjectivement, ces sensations paraissent analogues à ce que l’on ressent en portant rapidement le regard d’un point éloigné du champ visuel sur un point très rapproché et vice versa. Comment l’appareil de l’accommodation vient-il à jouer un rôle dans de telles conditions, il est difficile de se l’expliquer. Mais le fait demeure qu’il paraît bien entrer en jeu. On a trouvé empiriquement que cet exercice, utile pour toutes les formes de défaut visuel, est particulièrement efficace dans les cas de myopie.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Une autre méthode, que nous appellerons nose-writing (écriture par le nez), comporte simultanément un exercice de coordination entre le corps et l’esprit, un exercice d’imagination, et un exercice de shifting, soit changement du regard entre des points très proches l’un de l’autre. Bien assis sur une chaise confortable, fermez les yeux et imaginez que vous portez un long crayon attaché au bout du nez. Ainsi équipé de cet instrument, remuez la tête et le cou comme pour écrire avec ce nez prolongé sur une feuille de papier imaginaire (ou bien si le crayon est supposé blanc sur un tableau noir), à vingt centimètres environ devant votre visage. Commencez par dessiner un cercle imaginaire assez grand. Attendu que vous contrôlez moins bien vos mouvements de la tête et du cou que ceux de la main, ce cercle apparaîtra certainement quelque peu anguleux aux yeux de notre imagination. Faites-en le tour avec le crayon une demi-douzaine de fois, jusqu’à ce que sa circonférence épaissie en devienne présentable. Ensuite, tirez une ligne diamétrale du sommet à la base de votre cercle et repassez-la six fois. Tirez une autre ligne perpendiculaire à la première et repassez-la de la même façon. Votre cercle contiendra ainsi une croix de Saint-Georges. Superposez-lui une croix de Saint-André en tirant deux diagonales et terminez en promenant votre crayon imaginaire plusieurs fois sur le point de croisement des quatre lignes.     Déchirez votre feuille de papier griffonnée ou si vous préférez travailler en blanc sur une planche noire, imaginez visuellement que vous effacez la craie avec un torchon. Ensuite, tournant la tête doucement d’une épaule à l’autre, tracez un grand signe de l’infini (l’image du chiffre 8 couché sur le côté). Repassez-le une douzaine de fois en suivant bien les lignes du regard intérieur, qui voyage avec le crayon imaginaire.     Essayez encore une fois le tableau noir ou préparez une autre feuille de papier blanc et cette fois, faites un peu d’écriture avec votre crayon.     Commencez par votre signature. Comme votre tête et votre cou se meuvent par saccades, cette signature ressemblera à celle d’un alcoolique illettré ; mais l’exercice donne la perfection : prenez une autre feuille et recommencez. Faites cela quatre ou cinq fois ; ensuite, écrivez n’importe quel mot ou phrase qui vous vienne à l’esprit.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

ces exercices peuvent paraître niais, enfantins et ridicules. Mais cela n’a pas d’importance. Le fait important c’est qu’ils sont efficaces. Un peu de nose-writing (écriture avec le nez) suivi de quelques minutes de palming (application de la paume des mains sur les yeux) fera merveille pour soulager la fatigue d’un esprit tendu et des yeux qui regardent fixement ; et cela procurera une amélioration temporaire du défaut de la vue. Ce soulagement temporaire deviendra permanent à mesure que le fonctionnement naturel et normal, stimulé par le nose-writing et les autres méthodes décrites dans ce livre, deviendra habituel et automatique

Pour perfectionner le souvenir des lettres

L’esprit et le corps forment un tout. Par conséquent, les processus mentaux du souvenir et de l’imagination sont facilités par l’exécution de mouvements corporels conformes aux objets de notre pensée – c’est-à-dire par les mouvements précisément que nous exécuterions, si au lieu de simplement se souvenir et imaginer nous travaillions réellement avec les objets auxquels nous pensons. Par exemple, en vous rappelant ou imaginant des lettres ou des chiffres, il est souvent utile de joindre les bouts du pouce et de l’index en faisant le geste d’imprimer les lettres auxquelles vous pensez ; ou bien vous pouvez imprimer ces lettres en faisant les gestes du nose-writing. Ou encore, si vous préférez un geste plus réaliste, vous pouvez imaginer que vous prenez une plume et tracez les signes sur un calepin imaginaire.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

L’aide du corps peut aussi être effectuée par la parole, quand vous vous rappelez une lettre ou l’imaginez, formez-en le son avec les lèvres, même à haute voix. Le mot formulé est associé si intimement à tous les processus de pensée que tout mouvement familier de la bouche et des cordes vocales tend automatiquement à évoquer une image de l’objet représenté par le son articulé qui résulte de ce mouvement. Par conséquent, il est toujours plus facile de voir ce qu’on lit si l’on prononce les mots à haute voix. Les gens pour qui la lecture est chose nouvelle ou une tâche peu fréquente et difficile – les enfants par exemple et les gens peu instruits – réalisent ce fait instinctivement. Pour aiguiser leur vision des symboles écrits qui leur sont peu familiers, ils lisent habituellement à haute voix

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Quand la maladie ou un mauvais fonctionnement nous a ramenés au niveau de l’enfant en ce qui concerne la lecture, nous ne devrions pas avoir honte de profiter de cette sagesse instinctive.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

. Le mouvement des organes de la parole évoquera des images auditives et visuelles des mots associés à ces images. La mémoire et l’imagination seront stimulées et l’esprit effectuera son œuvre d’interprétation, de perception et de vision avec plus d’efficacité. En même temps, le doigt indicateur, par des mouvements presque imperceptibles au-dessous du mot considéré, contribuera à assurer la fixation centrale des yeux et leurs changements de direction petits et rapides entre des points rapprochés du champ visuel ou la vision à son maximum de précision. À sa façon et pour arriver à ses fins, l’enfant est ainsi très avisé.

Les causes de la myopie

La myopie est presque toujours un état acquis qui fait son apparition dans l’enfance

Les causes de la myopie

Comme le docteur Luckiesh l’a démontré expérimentalement, le travail visuel est facilité et la tension neuromusculaire diminuée dans la mesure où l’intensité de l’éclairage pour un travail donné est augmentée d’une à cent bougies-pied (lumière d’une bougie à un pied de distance). Il n’a pas fait d’essais avec des intensités plus élevées, mais on a selon lui toute raison de supposer que la tension neuro-musculaire (indice de la tension et de la fatigue) continuerait à s’abaisser parallèlement à l’augmentation de l’éclairage jusqu’à un millier de bougies.

Les causes de la myopie

Pour faciliter une lecture aisée sans tension, le meilleur caractère d’imprimerie n’est pas nécessairement le plus grand. Le grand caractère, il est vrai, semble très facile à lire, mais précisément parce qu’il semble si aisé, il leurre les yeux et les induit ainsi que l’esprit en tentation. Les yeux cherchent à voir des lignes entières de cette impression trop facile à lire, simultanément avec une égale précision. La fixation centrale est perdue, les yeux et l’attention ne changent plus leur point de direction, il se développe une habitude de regard fixe, et au lieu de s’améliorer la vision se détériore. Pour permettre de bien voir, les meilleurs caractères d’imprimerie n’auront pas de trop grandes dimensions, mais des traits assez épais de façon à établir un fort contraste entre les lettres noires et leur fond blanc. En présence d’une telle impression, les yeux et l’esprit n’ont pas la tentation de chercher à voir trop à la fois et trop bien par excès de lisibilité. Au contraire, les caractères plus petits incitent les yeux à utiliser pour lire la fixation centrale dans un état de relaxation dynamique. Le docteur Bates, en effet, utilisa les plus petits caractères disponibles pour la rééducation des défauts visuels.

Les causes de la myopie

On peut aussi recommander aux enfants, lorsque la vue devient mauvaise ou se fatigue, de jeter un coup d’œil sur les avis ou devises qui pendent en général aux murs des salles d’école. La seule chose nécessaire, c’est que les mots, lettres ou chiffres considérés soient parfaitement familiers à l’élève, car c’est la familiarité qui neutralise les effets fâcheux des choses nouvelles et inconnues.

Techniques de rééducation

Le procédé du palming (application de la paume des mains sur les yeux), que le myope devrait pratiquer aussi souvent et longtemps que possible, sera doublement utile si les scènes et épisodes évoqués pendant que les yeux sont couverts et clos sont choisis de telle façon que l’œil intérieur doit franchir de grandes distances d’un point éloigné à un point rapproché. Il est arrivé à nombre d’entre nous de stationner à l’occasion sur un pont de chemin de fer en observant l’approche et l’éloignement d’un train à travers le paysage. De tels souvenirs sont très profitables pour le myope, car ils stimulent l’esprit à sortir de son monde étroit de myope pour plonger dans la distance. En même temps, l’appareil de l’accommodation qui est étroitement relié à l’esprit rentre inconsciemment en action.

Techniques de rééducation

Commencez l’exercice à la distance ou le myope voit très bien les grands chiffres. Travaillez d’abord avec les deux yeux, puis (couvrant un œil d’un mouchoir) avec chaque œil séparément. Si l’un des yeux travaille moins bien que l’autre (est moins sensible), faites-le exercer davantage, mais en allongeant les périodes de palming entre les exercices, pour éviter la fatigue. Au bout de quelques jours, lorsque les yeux et l’esprit se sont accoutumés à travailler assez longtemps sans l’aide de lunettes (qui doivent être portées cependant en cas d’urgence ou de danger pour soi et les autres, en conduisant une auto ou en circulant dans des rues très populeuses), éloignez la chaise d’un pied ou deux du calendrier et répétez l’exercice à cette distance augmentée. Au bout de quelques semaines, on doit arriver à augmenter considérablement la distance à laquelle le myope voit avec précision.

Techniques de rééducation

Les myopes doivent s’exercer beaucoup à varier le jeu de l’accommodation, d’un point éloigné à un point rapproché et vice versa.

Techniques de rééducation

Les myopes peuvent lire sans lunettes, mais à une proximité anormale des yeux. Cependant, ils arrivent à lire sans trop de tension à une distance de trois à cinq centimètres plus grande. En s’exerçant ainsi à lire à une telle distance, le myope verra peu à peu se dissiper la sensation désagréable qu’il en ressent, pourvu naturellement que l’attention soit toujours dirigée convenablement et que le regard fixe (le grand vice du myope) soit évité. À la fin de chaque page ou même moins, le myope devrait s’interrompre quelques secondes pour jeter un coup d’œil à distance sur quelque objet très familier tel qu’un calendrier sur la paroi ou la vue à travers la fenêtre. On donnera d’autres indications relatives à l’art de lire dans le chapitre consacré à cette question.

Techniques de rééducation

En voyageant en autobus ou autocar, les myopes devraient saisir les nombreuses occasions qui leur sont offertes de lancer de rapides coups d’œil sur les caractères imprimés d’affiches, de devantures de magasin, etc. Il ne faut faire aucun effort pour fixer les mots ainsi regardés jusqu’à ce qu’on les voie clairement. Regardez un instant et fermez les yeux, puis si la vitesse du véhicule ne l’empêche pas, jetez un nouveau coup d’œil ; si vous voyez, c’est bien ; si vous n’y réussissez pas, c’est bien également, car vous avez toute raison de penser que vous verrez mieux une autre fois

Techniques de rééducation

le cinéma peut fournir le matériel d’exercices précieux. À votre première visite, mettez-vous aux premiers bancs pour assister à la représentation. À la deuxième représentation, prenez un siège de six mètres plus éloigné. Le scénario vous étant devenu familier, les images seront plus visibles pour vous que la première fois, et vous les verrez bien, même à cette distance plus grande. Les tableaux représentés vous étant devenus encore plus familiers, une troisième visite vous permettra de vous installer encore plus en arrière vers le fond de la salle. Et naturellement, si vous en avez le courage et assez de temps et d’argent, vous pourrez revoir cette représentation cinq, six, sept fois ou bien davantage en reculant chaque fois votre siège plus loin de la scène.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les lettres imprimées paraissent grises et floues à l’hypermétrope. Cet état de choses peut être corrigé indirectement par la pratique constante des exercices fondamentaux de l’art de voir : application de la paume des mains (palming), insolation (sunning), balancement (swinging) et changements rapides et répétés de la direction du regard d’un point rapproché à un autre (shifting) ; et directement à l’aide de la mémoire et de l’imagination

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

entre les yeux et l’esprit existe une double connexion. Une tension mentale provoquera de la tension et une déformation physique dans les yeux, et cette déformation physique des yeux aura pour conséquence que l’esprit percevra une image imparfaite des objets extérieurs, ce qui augmentera sa tension. Mais à l’inverse, si l’esprit est capable à l’aide de la mémoire et de l’imagination de se former une image parfaite d’un objet extérieur, l’existence de cette image parfaite dans l’esprit entraînera automatiquement un soulagement de la tension oculaire

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Plus l’image est parfaite dans l’esprit, plus grande sera l’amélioration dans l’état physique de l’œil. Car les yeux tendront à présenter une conformation physique normale, s’ils transmettent à l’esprit l’espèce de sensa que ce dernier peut percevoir sous forme d’une image parfaite d’un objet extérieur. Non seulement la connexion entre les yeux et l’esprit est réversible et double, mais en outre elle peut être avantageuse ou nocive pour les yeux comme pour l’esprit.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Après avoir observé quelques instants la noirceur des lettres, il doit considérer la blancheur de l’arrière-fond autour et à l’intérieur des lettres, imaginer ce fond plus blanc qu’il ne l’est réellement et ensuite avec l’aide de l’imagination arriver à le voir plus blanc qu’en réalité

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Quand l’esprit a une image parfaitement claire d’un objet, les yeux tendent automatiquement à revenir à la condition physique qui leur permet de fournir la « matière première » convenable pour fabriquer cette image claire.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

les émotions ont une connexion indissoluble, avec leur expression physique extérieure (gestes, mimique, changements du métabolisme, activités glandulaires, etc.), de même il existe une connexion également indissoluble pour le bien comme pour le mal, entre l’image visuelle (qu’elle soit produite par la mémoire, l’imagination ou l’interprétation de sensa) et la condition physique des yeux. Altérez ou améliorez l’image mentale et automatiquement vous altérez ou améliorez la condition des yeux. À l’aide d’actes répétés de la mémoire et de l’imagination, il est possible de perfectionner, d’abord momentanément puis définitivement, la qualité des images mentales d’objets extérieurs. Lorsque ce résultat a été obtenu, il se produit d’abord une amélioration temporaire puis permanente dans l’état physique des yeux

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les exercices qui contraignent l’esprit et les yeux à passer rapidement de l’accommodation à distance à l’accommodation de près sont aussi utiles à l’hypermétrope qu’au myope. De tels exercices ont déjà été décrits au chapitre de la myopie.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

La presbytie est essentiellement caractérisée par la perte du pouvoir d’accommodation, l’œil ne recevant plus à petite distance une sensation claire et précise. Cette défaillance de l’accommodation semble être le résultat d’une habitude, à laquelle le durcissement du cristallin prédispose les gens d’âge moyen et âgés. Cette habitude peut être modifiée. L’expérience le prouve, même si la condition physique du cristallin ne change pas. Comme tous les gens souffrant d’autres défauts visuels, les presbytes devraient suivre les règles fondamentales de l’art de voir, en les adaptant à leurs besoins spéciaux et en les complétant en cas de nécessité. Aux procédés utiles à toutes les personnes qui ne voient bien que de loin, ils devraient ajouter les techniques suivantes pour leur faciliter la lecture.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les caractères imprimés peuvent être lus sans trop de tension à une distance un peu plus courte qu’à la distance habituelle où la lecture se fait avec le maximum d’aisance. Le presbyte peut accoutumer ses yeux à voir de plus près, pourvu toujours qu’il interrompe sa lecture pour relâcher les organes visuels par les procédés du palming (application de la paume des mains), des balancements (swinging) et de l’insolation (sunning). Peu à peu, la distance de lecture peut être considérablement réduite de cette façon, parce que les yeux et l’esprit acquièrent un renouveau de souplesse

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Oliver Wendell Holmes cite le cas d’un gentleman de sa connaissance « qui, voyant sa vue baisser, se mit aussitôt à l’exercer sur les caractères imprimés les plus minuscules et de cette façon violenta la nature dans sa sotte habitude de prendre des libertés vers l’âge de quarante-cinq ans. Et maintenant le vieux gentleman accomplit les performances les plus extraordinaires avec sa plume, comme si ses yeux étaient une paire de microscopes ».     Ce vieux gentleman avait évidemment découvert pour lui-même ce que le docteur Bates redécouvrit plus tard et proclama devant le monde : la valeur, pour les personnes souffrant de défauts visuels, des caractères d’impression très petits, voire microscopiques. Oliver Wendell Holmes a tort cependant de dire qu’il violenta la nature dans son habitude de donner la presbytie aux gens âgés. L’œil, appareil sensitif, et l’esprit, organe de perception, ne peuvent être violentés avec succès. Toute tentative de les contraindre à voir et à percevoir aboutira toujours, en un temps très court, non pas à l’amélioration de la vision, mais à sa détérioration. Le vieux gentleman qui entraîna ses yeux à devenir une paire de microscopes ne les a pas violentés, mais amadoués. Et en agissant de même, les presbytes auront tout profit à suivre son exemple.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Procurez-vous un spécimen d’écriture imprimée avec de très petits caractères (dans toute boutique de livres de seconde main, vous trouverez des petits in-12 épais du début du XIXe siècle, contenant les œuvres complètes de grands auteurs et d’auteurs oubliés, et imprimés en type dit « diamant » si minuscule que nos ancêtres ont dû avoir une vue excellente pour en lire des volumes entiers). Exposez vos yeux fermés à la lumière solaire, ou en l’absence de soleil baignez-les à la lumière d’une forte lampe électrique. Appliquez le palming quelques minutes et exposez de nouveau les yeux fermés à la lumière durant quelques secondes. Ainsi relâchés, vous pourrez vous mettre à l’œuvre sur ces petits caractères. Tenant la page en plein soleil ou exposée à la plus forte lumière artificielle possible, regardez-la avec aisance, sans effort, tout en respirant rythmiquement et en clignant des yeux. N’essayez pas de voir les mots, mais laissez les yeux errer de droite et de gauche le long des espaces blancs entre les lignes imprimées. Il n’y a pas de risque de faire travailler l’esprit en contemplant une simple surface unie ; donc pas de risque de tension, si les yeux et l’attention changent constamment la direction du regard (shift) le long des espaces blancs entre les lignes. Rapprochez la page, tenue auparavant éloignée, jusqu’à trente centimètres de vos yeux, toujours en observant les espaces blancs plutôt que les caractères imprimés, veillant toujours à bien respirer et à cligner pour empêcher l’attention de devenir trop fixe et immobile. (En modifiant l’expression extérieure d’un état d’esprit indésirable, on agit sur cet état d’esprit lui-même ; l’attention ne peut être mal dirigée si nous prenons la peine de corriger les symptômes extérieurs d’une attention mal dirigée.)     Interrompez cet exercice à de fréquents intervalles pour une séance de palming et d’insolation (sunning). Cela est essentiel, car, nous l’avons vu, on ne peut faire violence à l’œil qui sent ni à l’esprit qui perçoit. Si l’on veut qu’ils coopèrent dans une bonne activité visuelle, ils doivent être relâchés pour être amenés à travailler normalement.     Après avoir pratiqué quelque temps cet exercice, on constatera en général que des mots isolés et des phrases entières de ces petits caractères d’impression deviendront presque soudainement visibles distinctement. Ne vous laissez pas tenter par ces premiers succès de lire longtemps. Votre but évident et immédiat en ce moment n’est pas d’arriver à lire la page devant vous, c’est d’acquérir les moyens de le faire plus tard, sans tension ni fatigue, avec une efficacité renforcée. N’essayez pas de lire, je le répète, mais continuez à regarder la page sans effort, et surtout les espaces blancs entre les lignes, à distances variables des yeux. De temps en temps, quand un mot en petits caractères est devenu visible, prenez un livre en caractères ordinaires et lisez-en un paragraphe ou deux. Il est plus que probable que vous le lirez plus aisément et de plus près que vous ne pouviez le faire avant d’avoir travaillé sur les petits caractères.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les personnes atteintes d’une forme sérieuse de strabisme auront énormément de difficultés à revenir à l’état normal en se rééduquant elles-mêmes et devraient recourir à l’aide d’un maître expérimenté qui leur montrera comment arriver à la relaxation dynamique, par quels moyens fortifier l’œil faible et, dernier pas le plus difficile, comment réacquérir la faculté mentale de fusionner les deux groupes de sensa fournis par les yeux en une seule représentation d’un objet externe.

Astigmatisme et strabisme

Quand nous nous représentons distinctement une image normale, les yeux tendent automatiquement à se mettre dans l’état dans lequel ils devraient être pour procurer à notre esprit les moyens matériels pour voir cette image. Par conséquent, quand vous rouvrez les yeux et regardez une fois de plus l’objet éloigné, les deux crayons proches de vous sembleront, si votre imagination visuelle a été claire et distincte, nettement plus écartés l’un de l’autre qu’ils ne l’étaient.

Maladies des yeux

L’art de voir n’est pas à l’origine une thérapeutique, c’est-à-dire qu’il ne vise pas directement au traitement d’états pathologiques de l’appareil sensitif des yeux. Son but est de favoriser le fonctionnement naturel et normal des organes de la vision (les yeux qui sentent et l’esprit chargé de la sélection et de la perception). Quand un tel fonctionnement a été rétabli, il s’ensuit généralement une amélioration marquée dans l’état organique des tissus impliqués dans ce fonctionnement.

Maladies des yeux

Dans les cas où l’état pathologique des yeux n’est pas un symptôme d’une maladie sise ailleurs dans l’organisme, le rétablissement du fonctionnement normal et naturel peut conduire indirectement à une guérison complète. On ne peut qu’espérer un tel résultat sans pouvoir y compter avec certitude, car le mauvais fonctionnement habituel aboutit à la tension neuro-musculaire chronique et à la réduction du volume de la circulation dans les yeux. Or toute région du corps où la circulation est insuffisante est particulièrement prédisposée à la maladie ; en outre, une fois la maladie installée, la capacité innée de guérison et d’autorégulation dans l’organe intéressé sera réduite d’autant. Tous les procédés susceptibles de restaurer le fonctionnement normal des organes psychophysique de la vue tendront à diminuer la tension neuromusculaire, à accroître la circulation et à rendre son pouvoir normal à la vis medicatrix naturae. L’expérience prouve qu’il en est bien ainsi lorsque des personnes souffrant de glaucome, de cataracte, d’iritis, de décollement de la rétine, etc, apprennent à faire fonctionner leur esprit et leurs yeux correctement et non plus incorrectement. L’art de voir, je le répète, n’est pas à l’origine une thérapeutique, mais à un certain degré et indirectement, il contribue au soulagement ou à la guérison de nombre d’affections oculaires sérieuses.

Lecture

En lisant, si la vision a le moindre défaut, nous sommes fortement tentés de faire fonctionner incorrectement les yeux et l’esprit.

Lecture

Nous sommes si avides de voir le plus grand nombre de caractères d’impression dans le laps de temps le plus court possible que nous négligeons entièrement les moyens naturels et normaux d’atteindre ce but. Le fonctionnement incorrect devient une habitude et notre vision s’altère encore davantage.     Tout d’abord, il faut nous rendre bien compte que la course au but est stupide, en matière de lecture, et qu’il faut inhiber, quand nous lisons, les manifestations de notre impatience et de notre gloutonnerie intellectuelle.

Lecture

Pour fournir aux yeux et à l’esprit la relaxation convenable, on doit en lisant adopter les simples règles suivantes :

Lecture

En rouvrant les yeux, jetez d’abord un regard sur ce mot évoqué et le signe de ponctuation qui vous paraîtront nettement plus distincts que la première fois que vous les avez lus

Lecture

2) À la fin de chaque page, ou toutes les deux pages, interrompez votre lecture deux ou trois minutes pour une séance de palming.

Lecture

3) Si le soleil donne, faites de l’insolation sur les yeux fermés et ouverts avant le palming, et de nouveau sur les yeux fermés après le palming. S’il n’y a pas de soleil, baignez les yeux à la lumière d’une forte lampe électrique.

Lecture

4) En lisant assis, arrangez-vous de manière à voir un calendrier ou tout autre spécimen familier d’écriture imprimée en gros caractères pendu à une paroi éloignée. À l’occasion, levez les yeux de votre livre et jetez un coup d’œil analytique sur les grands chiffres ou lettres. Si vous lisez à la lumière du jour, regardez quelquefois par la fenêtre dans le lointain.

Lecture

5) La mémoire et l’imagination peuvent être mises au service d’une meilleure lecture. Interrompez votre lecture de temps en temps, relâchez-vous et évoquez dans votre mémoire une lettre ou un mot que vous venez de regarder. Contemplez-le avec le regard de l’imagination, en observant le fond de blancheur qui l’entoure et qu’il renferme. Ensuite, représentez-vous la blancheur de ce fond comme plus intense que vous ne l’avez vue réellement. Rouvrez les yeux, contemplez le fond blanc autour et à l’intérieur des lettres réelles et tâchez de le voir aussi blanc que vous l’avez imaginé les yeux fermés.

Lecture

Pour varier votre exercice, fermez les yeux, évoquez une lettre que vous venez de voir, saisissez en imagination une plume et posez une tache de noirceur plus intense au sommet et à la base de la lettre ou sur chacun de ses côtés. Portez votre attention alternativement une demi-douzaine de fois d’une tache à l’autre : puis ouvrez les yeux et imaginant que vous voyez sur la lettre réelle des taches plus intensément noires ; faites aussi un shifting semblable de l’une à l’autre. Répétez ce procédé plusieurs fois et continuez votre lecture.

Lecture

6) Dans le chapitre sur la vue longue, j’ai décrit la manière dont les presbytes peuvent se faciliter la lecture en regardant sans effort des textes imprimés en très petits caractères, et surtout les espaces blancs entre les lignes. Les avantages de cet exercice ne sont pas réservés aux seuls gens âgés dont la vue baisse. Quiconque éprouve quelque difficulté à lire pourra tirer profit de ce procédé au début d’une période d’étude ou à certains moments durant cette période.

Lecture

la tension, l’attention mal dirigée et le regard fixe constituent les grands ennemis d’une vision normale. Pour les surmonter, veillez en lisant à observer les simples règles suivantes :     1) Ne retenez pas longtemps la respiration et ne laissez pas longtemps les paupières rigides et immobiles. Clignez fréquemment et respirez régulièrement, doucement et à fond.     2) Ne regardez pas fixement et n’essayez pas de voir également bien chaque portion d’une ligne ou une phrase entière à la fois. Maintenez les yeux et l’attention en mouvement continuel et de cette façon faites jouer la fixation centrale. Vous y réussirez le mieux en faisant errer les yeux continuellement et rapidement de droite et de gauche dans l’espace blanc sis au-dessous de la ligne imprimée que vous lisez.

Lecture

Les mots et les lettres sont pour ainsi dire saisis entre une succession de petits déplacements des yeux, ou oscillations courtes.

Lecture

cette technique de lecture par mouvements rapides des yeux dans les espaces blancs séparant les lignes peut paraître quelque peu déconcertante. Mais au bout de quelque temps, vous découvrirez qu’elle favorise notablement une lecture claire et sans effort. Les lettres et les mots, pris au vol pour ainsi dire, sont plus aisément visibles que s’ils sont comme immobilisés par le regard fixe, plus facilement aussi si on les considère comme des interruptions dans un fond blanc uni, plutôt que comme des objets existant par eux-mêmes et attendant d’être déchiffrés.

Lecture

3) Ne froncez pas les sourcils en lisant. Le froncement des sourcils est un symptôme de tension neuro-musculaire produit dans et autour des yeux par la mauvaise direction de l’attention et par l’effort pour voir.

Lecture

Par l’acquisition de la relaxation dynamique et d’un fonctionnement normal, l’habitude de froncer les sourcils se perdra d’elle-même, mais sa disparition peut être accélérée et les tensions physiques et mentales soulagées en exécutant des actes fréquents d’inhibition. Au milieu de votre lecture, tournez soudainement en rond sur vous-même en observant les tics de vos muscles faciaux. Puis fermez les yeux un moment, mettez-vous en état de détente et relâchez à dessein les sourcils.

Lecture

4) Ne fermez pas les paupières à demi quand vous lisez. Au contraire du froncement de sourcils, cette contraction a un but. Cela faisant vous réduisez les dimensions du champ visuel normal et par là même vous éliminez des stimulus, cause de distraction, ainsi que la lumière diffuse que les yeux reçoivent des régions de la page qu’ils ne regardent pas. La plupart des gens atteints de défauts de la vue font leur lecture au travers d’une fente étroite entre les cils ; cette tendance est surtout marquée chez ceux qui présentent des opacités de la cornée ou d’autres tissus transparents des yeux. De telles opacités agissent d’une façon analogue aux particules de vapeur d’eau suspendues dans l’air un matin d’automne ; elles dispersent la lumière en créant une sorte de brouillard lumineux à travers lequel il est difficile de voir distinctement. L’occlusion partielle des paupières a pour effet de supprimer une grande partie du champ lumineux en réduisant ainsi la densité du brouillard causé par cette dispersion de la lumière.     Or le rétrécissement de la fente palpébrale exige un effort musculaire continuel. Cet effort accroît la tension dans et autour des yeux et a pour corollaire une augmentation des tensions psychiques. Regarder entre les paupières demi-closes constitue sans doute un moyen d’amélioration immédiate de la vue, mais qui doit se payer à l’avenir, car elle ne peut être obtenue qu’au prix élevé d’un accroissement de tension et de fatigue et d’une altération progressive ultérieure de la puissance visuelle. Il est donc très important de trouver une méthode qui corrige cette tendance néfaste. La relaxation consciente des paupières, de sorte qu’elles restent détendues avec une ouverture normale, n’y suffira pas ; elle ne saurait même qu’aggraver l’état de la vue, de sorte que, par simple défense naturelle, nous retomberions dans notre mauvaise habitude ancienne.     Heureusement, il existe une méthode mécanique très simple pour obtenir l’effet recherché par la semi-occlusion des paupières. Au lieu de supprimer les distractions et l’éclairage inutile dans l’œil récepteur, nous les supprimons à la source, sur la page imprimée. Tout ce dont on a besoin, c’est une feuille de papier noir épais, une règle et un couteau tranchant. Taillez dans le papier noir de quoi couvrir une demi-page ordinaire d’écriture imprimée. En son centre, découpez une rainure un peu plus longue que la ligne écrite ordinaire et assez large pour englober deux lignes d’écriture (la largeur de la rainure peut être variable selon les goûts individuels et selon les dimensions des caractères imprimés. On peut pour cela appliquer une bande de papier noir le long du bord supérieur de la rainure pour la rétrécir au degré désiré et fixer cette bande à l’aide de papier collant). Quand tout est prêt, appliquez le papier noir sur la page, le bord inférieur de la rainure étant placé à quelques millimètres au-dessous de la ligne à lire. Arrivés au bout de cette ligne, déplacez la rainure vers la ligne suivante et continuez ainsi.

Lecture

Dans certains cas, l’habitude de chercher à voir simultanément avec une égale précision trop de caractères imprimés peut être corrigée rapidement par l’usage d’une petite rainure longue de deux centimètres. Avec une telle rainure, on ne pourra voir d’une ligne donnée que la portion enregistrée par la macula lutea ; et le changement rapide du regard à l’intérieur de cet espace limité (shifting) mettra en jeu la fovea. De cette façon, la tache centrale de la rétine sera stimulée et mise en action, comme ce n’est jamais le cas lorsque les yeux tentent vainement de voir des lignes et phrases entières en même temps avec une égale précision

Lecture

La lecture à travers une rainure facilite la technique appliquée contre le regard fixe dont j’ai déjà parlé : le va-et-vient rapide du regard le long de l’espace blanc sous la ligne imprimée. Le bord rectiligne du papier noir agit à l’instar d’une ligne de chemin de fer le long de laquelle les yeux voyagent aisément et sans effort. En outre, la tâche d’imaginer les espaces blancs entre les lignes comme plus blancs qu’en réalité est facilitée quand ces espaces blancs sont vus (et évoqués dans la mémoire) en contraste avec leur cadre noir.

La vision d’objets non familiers

résistez à la tentation de regarder fixement et n’essayez pas de voir avec précision plus qu’une petite portion du champ visuel total. Considérez d’un regard analytique ce qui est devant vous et tenez les yeux et l’attention en mouvement constant entre des points rapprochés du champ visuel (shifting).

La vision d’objets non familiers

veillez, si vous le pouvez, à ce que les objets ainsi examinés soient fortement éclairés

La vision d’objets non familiers

ne retenez pas votre respiration et clignez fréquemment des yeux

La vision d’objets non familiers

reposez-vous aussi souvent que possible, soit en fermant les yeux dans l’état de relaxation et en évoquant le souvenir de quelque objet familier, soit de préférence en faisant une séance de palming

Cinéma

Si possible, exposez vos yeux de temps en temps au soleil ou à la lumière d’une lampe électrique.

Cinéma

Pour beaucoup de gens atteints de défauts visuels, une visite au cinéma risque d’entraîner beaucoup de fatigue et de désagrément, qu’ils peuvent éviter. Contemplé d’une façon correcte, le cinéma ne crée pas de la tension dans les yeux et peut contribuer à améliorer la vision notablement. Voici les règles qu’il faut observer si l’on veut que la représentation soit un plaisir et non une fatigue pour les yeux.

Cinéma

1) Évitez le regard fixe. Ne tentez pas de voir tout l’écran également bien. N’essayez pas de retenir aucun détail. Au contraire, tenez les yeux et l’attention continuellement en mouvement.

Cinéma

2) N’oubliez pas de respirer et de cligner régulièrement.

Cinéma

3) Si certaines parties du film vous ennuient ou vous déplaisent, profitez-en pour vous reposer, en fermant les yeux quelques secondes et en vous mettant en état de détente. Même durant les épisodes les plus passionnants, vous saisirez parfois l’occasion de regarder un instant dans l’obscurité qui environne l’écran. Utilisez les interruptions pour faire du palming

Cinéma

« Nous pouvons tirer du cinématographe, écrit-il dans Vision et Dessin, de curieuses notions sur la nature de la vie imaginative ; celle-ci ressemble à la vie réelle presque sous tous les rapports, sauf que la part dite “conative” par les psychologues de notre réaction aux sensations, c’est-à-dire l’action résultante appropriée, est retranchée. Si, au cinéma, nous voyons un cheval emporté avec un char, nous n’avons pas l’idée de nous garer ou de nous interposer héroïquement. Il en résulte d’abord que nous voyons l’événement avec beaucoup plus de précision que nous voyons nombre de choses intéressantes mais étrangères, qui dans la vie réelle ne pénétreraient pas dans notre conscience, entièrement absorbée par les problèmes de notre réaction appropriée. Je me rappelle avoir vu au cinéma l’arrivée d’un train dans une station étrangère et les gens descendre des voitures ; il n’y avait pas de plateforme, et à ma grande surprise je vis plusieurs personnes descendues de la voiture tourner sur elles-mêmes comme pour s’orienter, mouvement presque ridicule que je n’avais jamais remarqué dans les centaines d’occasions où une telle scène m’avait passé devant les yeux dans la vie réelle. C’est dû au fait qu’à la gare l’on n’est jamais un simple spectateur des événements, mais un acteur engagé dans le drame des bagages ou à la recherche d’un siège et qu’ainsi l’on ne voit rien de plus que ce qui peut contribuer à l’action appropriée. »

Cinéma

Les spectateurs voient plus et plus précisément que les acteurs. Grâce à ce fait, on peut tirer parti des cinémas pour perfectionner notre vision des objets et événements de la vie réelle

Cinéma

Dans la vie réelle, on ne voit pas de portraits de cinq mètres de haut sur deux à trois de large, mais sur l’écran c’est un phénomène commun. Utilisez cette particularité pour perfectionner votre vision des visages réels de dimensions ordinaires. Regardez soigneusement cette face gigantesque, soigneusement mais toujours analytiquement ; ne la fixez jamais avidement, même si c’est le visage de votre star favorite. Examinez-la dans tous ses détails, observant la structure des os, l’aspect de la chevelure, les mouvements de la tête sur le cou et des yeux dans leurs orbites, etc. Et quand la face colossale manifeste le chagrin, le désir, la colère, le doute et le repos, suivez avec une attention extrême les mouvements des lèvres et des yeux, des muscles des joues et du front. Plus vous mettrez de soin dans votre analyse, meilleur sera votre souvenir des jeux de physionomie habituels, et plus tard il vous sera d’autant plus facile de les observer dans la vie réelle sur les visages.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

Les gens de vue normale, dont les yeux et l’attention opèrent en état de relaxation dynamique, peuvent se permettre de négliger les conditions extérieures de la vue. Il n’en est pas de même pour les gens de vue défectueuse. Pour ceux-ci, des conditions extérieures favorables sont de la plus haute importance et le défaut de pareilles conditions peut accroître leur inaptitude à voir ou bien, s’ils se sont soumis à un cours de rééducation visuelle, retarder les progrès de leur rétablissement.     La plus importante de ces conditions extérieures d’une bonne vue, c’est un éclairage convenable.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

Autant que je le sache, il n’existe qu’une seule espèce de lampe électrique susceptible de fournir un éclairage d’un millier de bougies-pied sans consommation excessive de courant. C’est la lampe de cent cinquante watts décrite au chapitre de l’insolation des yeux. Le fond parabolique et argenté de l’ampoule tient lieu de réflecteur et la lumière est projetée en un faisceau puissant qui permet dans les meilleures conditions possibles l’exécution de la lecture, de la couture et d’autres activités nécessitant une attention soutenue, minutieuse et une vue précise.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

Les ombres nous aident à apprécier les distances, les formes et contextures. Quand les ombres sont absentes, nous sommes privés de l’un de nos meilleurs poteaux indicateurs des formes réelles et l’interprétation exacte des sensa devient beaucoup plus difficile. C’est l’une des raisons pour lesquelles les organes de la vision se fatiguent beaucoup plus par temps de nuages élevés avec jour uniforme que par un brillant jour de soleil. La lumière fluorescente produit un effet similaire

ANNEXE 1

Chez les myopes, spécialement, les postures prises par le corps sont souvent très mauvaises. Cela peut être dû parfois directement à la myopie, qui prédispose à la flexion du buste et à l’abaissement de la tête. À l’inverse, la myopie peut provenir en partie du moins d’une mauvaise posture du corps. F. M. Alexander cite des cas où des enfants myopes récupérèrent une vision normale après avoir appris à maintenir une position correcte de la tête et du cou.     Chez les adultes, la correction de mauvaises postures n’est plus suffisante à elle seule pour restaurer la vision normale. L’amélioration de la vue sera accélérée chez ceux qui apprendront à corriger les mauvaises habitudes fonctionnelles de leur organisme tout entier, mais l’étude simultanée de l’art spécifique de voir leur sera indispensable.

ANNEXE 1

En 1931, le ministre républicain de la Santé publique en Prusse mit en garde contre cette méthode, comme une simple forme de charlatanisme ; mais dans l’Allemagne hitlérienne, une volumineuse littérature sur ce système en a répandu le culte, et le traitement du docteur Bates n’y manque évidemment ni de praticiens ni de patients. »     On observera que cet article contient deux sortes d’arguments :     1) La méthode de rééducation visuelle de Bates ne peut être bien fondée puisqu’elle est adoptée par des Allemands.     2) La méthode de rééducation visuelle de Bates ne peut être bien fondée, parce que certaines expériences inventées pour confirmer l’hypothèse où Bates a cherché l’explication du succès de sa méthode n’ont pas été menées correctement.     Le premier argument rappelle exactement celui qu’on utilisa il y a plus d’un siècle pour discréditer le stéthoscope. Les lecteurs des papiers de John Elliotson se rappelleront le récit qu’il a donné de cet épisode risible de l’histoire de la médecine en Angleterre. Grâce au préjugé antifrançais, il se passa vingt années ou davantage avant que l’invention de Laennec soit devenue d’un usage général parmi les médecins anglais.     D’une manière identique, grâce au préjugé contre les magnétiseurs et mesméristes, l’hypnotisme resta au ban de la médecine anglaise officielle durant une période plus longue encore. Un demi siècle encore après que Braid eut formulé son hypothèse classique et que Esdaile eut exécuté nombre de grosses opérations sous anesthésie hypnotique, l’Association médicale britannique maintint son point de vue qu’il n’y avait rien dans l’hypnotisme que fraude et charlatanisme.

ANNEXE 1

L’histoire médicale a la triste habitude de se répéter dans ces matières et il semble que l’éducation visuelle doive subir le même sort que l’hypnotisme et le stéthoscope.

ANNEXE 1

Des écoles pour la vue ont aussi existé plusieurs années en Allemagne. Certaines de ces écoles furent mauvaises sans doute et méritèrent la censure du ministère républicain de la Santé publique, mais d’autres doivent avoir été excellentes, si l’on s’en rapporte à un article publié en 1934 par un chirurgien militaire dans la Deutsche Medizinische Wochenschrift. Dans cet article, le docteur Drenkhahn rappelle que, dans plusieurs cas de vices de réfraction parmi les recrues de l’armée, il remarqua que la qualité du tir était meilleure quand les hommes ne portaient pas de verres correcteurs, mais étaient soumis à un cours d’éducation visuelle dans une école spéciale. À ceux qui présentent un affaiblissement quelconque de la vue, le docteur Drenkhahn donne le conseil suivant : n’allez pas immédiatement chez un oculiste qui prescrira en général des lunettes, mais consultez le médecin de famille et quand il aura fait le nécessaire pour améliorer l’état général physique et psychique, rendez-vous ensuite dans une école pour la vue où vous apprendrez à faire fonctionner correctement les yeux et l’esprit.

ANNEXE 1

Le phénomène que Bates cherchait à expliquer par sa théorie non orthodoxe de l’accommodation, c’étaient ces améliorations prononcées de la vision qui succédaient régulièrement à la pratique de certaines techniques éducatives. La preuve de la réalité d’un tel phénomène est fournie par les milliers de personnes qui, comme moi-même, ont tiré bénéfice de l’exercice de ces techniques, et par le grand nombre d’instructeurs consciencieux et expérimentés qui enseignent la méthode.

ANNEXE 1

Dans l’histoire de l’effort humain, les faits constatés ont toujours précédé les hypothèses explicatives appropriées

ANNEXE 1

il est évident que, même si cette preuve secondaire n’était pas valable, même si l’hypothèse appuyée par cette preuve pouvait être déclarée incorrecte, cela n’enlèverait absolument aucune valeur aux faits que cette hypothèse était destinée primitivement à expliquer

ANNEXE 1

La théorie de l’accommodation de Bates peut être aussi inexacte que l’étaient aux XVIIIe et XIXe siècles les explications que l’on donnait de l’efficacité du jus de citron contre le scorbut. Néanmoins, le scorbut était guéri par le jus de citron et la méthode d’éducation visuelle de Bates donne de bons résultats.

Qu’est-ce que l’art de voir ?

Si la maîtrise psychophysique dépendait pour son développement d’une connaissance correcte de la physiologie, jamais personne n’aurait appris aucun art quelconque. Il est probable que Bach, par exemple, n’a jamais réfléchi sur la physiologie de l’activité musculaire ; et s’il le fit, il est absolument certain que ses raisonnements étaient faux. Cependant, cela ne l’a pas empêché d’utiliser ses muscles avec une dextérité incomparable pour jouer de l’orgue. Tout art, je le répète, n’obéit qu’à ses propres lois, et ces lois sont celles du fonctionnement psychophysique efficace, appliqué aux activités particulières ressortissant à cet art.

Qu’est-ce que l’art de voir ?

Toute activité psychophysique, y compris l’art de voir, est gouvernée par ses propres lois. Ces lois sont établies empiriquement par les gens qui ont voulu acquérir un certain talent, une virtuosité spéciale, tels que le jeu du piano, le chant, la marche sur une corde raide, et qui ont découvert à la suite d’une longue pratique la méthode la meilleure, la plus économique, pour faire travailler leur mécanisme psychophysique en vue de ce but particulier. Ces personnes peuvent avoir des vues fantastiques en matière de physiologie, mais cela n’aura aucun inconvénient aussi longtemps que leur théorie et leur pratique des fonctions psychophysiques resteront adaptées à leur dessein

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Je ne suis nullement qualifié pour savoir si le docteur Bates avait tort ou raison en réfutant la théorie de l’accommodation d’Helmholtz. Après la lecture des documents, je serais porté à croire que les muscles extrinsèques et le cristallin jouent chacun leur rôle dans le processus de l’accommodation.     Que cette conjecture soit juste ou fausse, je ne m’en soucierai guère, car la question qui m’intéresse n’est pas le mécanisme anatomique de l’accommodation, mais l’art de bien voir, et cet art-là ne dépend pas d’une hypothèse physiologique quelconque.

Qu’est-ce que l’art de voir ?

Parfois, la nature amènera spontanément la guérison et les anciennes habitudes d’une vision correcte se rétabliront presque instantanément. Mais la plupart des patients devront récupérer par un travail conscient l’art que dans la première enfance ils purent apprendre inconsciemment. La technique de ce processus de rééducation a été élaborée par le docteur Bates et ses disciples.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

la méthode de Bates est fondée précisément sur les mêmes principes qui sont à la base de tous les systèmes inventés pour enseigner avec succès un exercice correct de l’activité psychophysique.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

Après cette récupération, la tension concomitante d’un mauvais fonctionnement disparaît et les organes intéressés travaillent dans un état de relaxation dynamique.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

Lorsque l’inquiétude, la frayeur, les tracas ou chagrins sont trop intenses et prolongés, le moi conscient peut réduire le corps à un tel état que le pauvre être développera par exemple un ulcère gastrique, de la tuberculose, une affection des coronaires et une multitude de désordres fonctionnels de toute espèce plus ou moins graves. On a vu même chez des enfants la carie dentaire succéder à des états de tension émotionnelle subis par le moi conscient. Il est donc inconcevable que la vision, fonction si intimement liée à notre vie psychique, ne soit pas affectée par des tensions dues au moi conscient. En effet, c’est un fait d’expérience commune que la puissance de la vue est fortement diminuée par des émotions bouleversantes. En pratiquant les techniques de l’éducation visuelle, on peut voir jusqu’à quel point ce même « moi » conscient peut intervenir dans les processus visuels même en l’absence de tout état émotionnel sérieux. Et cette intervention a lieu exactement de la même façon que dans le jeu du tennis, par exemple, ou le chant, le sujet étant trop anxieux d’effectuer convenablement la performance désirée.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

cette anxiété produit une tension psychique et physiologique et la tension est incompatible avec les processus aptes à atteindre notre but, soit avec un fonctionnement normal et naturel.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

La vision : résultante d’une sensation,d’une sélection et d’une perception

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

Grâce au sens de la vue, notre esprit connaît le monde extérieur par l’instrument des yeux et du système nerveux. Dans ce processus de la vue, l’esprit, l’œil et le système nerveux sont associés intimement pour former un seul tout. Quoi que ce soit qui affectera l’un des éléments de ce tout exercera une influence sur les autres éléments. En pratique, il n’est possible d’agir directement que sur les yeux et l’esprit. Le système nerveux qui les relie l’un à l’autre ne peut être influencé qu’indirectement.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

le processus de la vision, celui par lequel ces structures et mécanismes procurent à notre esprit la connaissance visuelle du monde extérieur.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

Chez les adultes, ces trois processus de sentir, sélectionner et percevoir sont simultanés dans toute activité visuelle. Nous n’avons connaissance que de l’ensemble in toto des trois processus précités et non de chacun d’eux isolément, dont la coordination seule culmine dans l’acte de voir

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

l’expérience de pure sensation, sans perception d’objets physiques, n’est possible dans la plupart des cas qu’à la faveur de certaines conditions anormales, quand les leviers supérieurs de l’esprit ont été mis hors d’action par la maladie ou des drogues.

Un exemple

Je citerai ici, comme exemple, l’expérience que je fis un jour en « sortant » de la narcose administrée par un dentiste. Le retour de la connaissance débuta par des sensations purement visuelles dépourvues de toute signification. Ces sensations, autant que je puisse m’en souvenir, ne correspondaient pas à des objets existant dans le monde extérieur ordinaire à trois dimensions de l’expérience quotidienne. Elles consistaient précisément en taches de couleur, existant pour elles-mêmes, sans relation avec le monde extérieur, ni avec moi-même, car la conscience était encore absente et ces impressions visuelles sans signification n’étaient pas miennes : elles existaient simplement. Cette espèce de connaissance dura une ou deux minutes ; puis, par atténuation subséquente de l’effet narcotique, un changement notable se produisit. Les taches de couleur ne furent plus seulement senties comme telles, mais commencèrent à être associées à certains objets du monde extérieur à trois dimensions, en l’espèce aux façades de maisons vues à travers la fenêtre en face de la chaise où je reposais.     Mon attention voyageait à travers le champ visuel, en choisissant des parties successives de ce champ et les percevant comme objets physiques. Au lieu de rester vagues et sans signification, les sensa s’étaient développés comme manifestations d’objets définis d’une catégorie familière et situés dans un monde bien connu d’objets solides. Ainsi reconnues et classifiées, ces perceptions (je ne dis pas « mes » perceptions, car le « moi » n’avait pas encore fait son apparition sur la scène) devinrent aussitôt plus claires, alors que toutes sortes de détails, passés inaperçus aussi longtemps que les sensa étaient privés de signification étaient maintenant perçus et appréciés. Ce qui était saisi à ce moment, ce n’était plus simplement une série de taches colorées, mais une série d’aspects du monde connu par le souvenir ; connaissance et souvenir par qui ? Pendant un certain temps, la question resta sans réponse ; mais ensuite, imperceptiblement, mon « moi » émergea, comme sujet de l’expérience, et avec cette émergence la vision se clarifia davantage

Un exemple

Les sensa, purs au début, avaient pris l’apparence, par interprétation, de divers objets connus, puis subirent une nouvelle transformation en devenant des objets reliés consciemment au moi, réceptacle organisé de souvenirs, d’habitudes et de désirs. En étant mis en rapport avec le moi, les objets perçus devinrent plus visibles, d’autant plus que le « moi » entré en relation avec eux s’intéressait à davantage d’aspects de la réalité extérieure que n’avait pu le faire l’être purement physiologique qui avait « senti » les taches de couleur et l’être déjà plus développé, mais encore inconscient, qui avait perçu les sensa en tant qu’apparences d’objets familiers d’un monde extérieur connu. Le « moi » avait maintenant repris son rôle, et puisque « je » prenais intérêt aux détails architecturaux et à leur histoire, ces maisons vues à travers la fenêtre se présentèrent aussitôt à ma pensée comme des membres d’une nouvelle catégorie, c’est-à-dire comme des maisons d’un style et d’une époque particuliers, pourvues comme telles de caractères distinctifs qui pouvaient être aperçus même par des yeux aussi insuffisants que l’étaient les miens en ce moment.

Un exemple

Ces caractères distinctifs étaient maintenant perçus. Non pas que mes yeux se soient soudainement améliorés, mais simplement parce que mon esprit était de nouveau capable de les voir et d’enregistrer leur signification.

Perception déterminée par la mémoire

Le renforcement de la perception tend à améliorer la capacité de sentir et de voir, c’est là un fait démontré non seulement dans les circonstances anormales que j’ai décrites, mais aussi dans les activités les plus communes de la vie de tous les jours. Un microscopiste expérimenté verra certains détails sur une coupe que le novice ne réussira pas à voir. En se promenant dans les bois, un citadin restera aveugle pour une multitude de choses que le naturaliste bien préparé verra sans difficulté. Sur mer, le matelot découvrira des objets éloignés dont le terrien niera l’existence. Et ainsi de suite indéfiniment.

Perception déterminée par la mémoire

le perfectionnement de la sensation et de la vue provient du renforcement de la perception, lui-même résultat du souvenir de situations semblables dans le passé

Perception déterminée par la mémoire

Dans le traitement orthodoxe des défauts de la vue, l’attention n’est portée que sur un seul élément du processus total de la vue, à savoir le mécanisme physiologique de l’appareil sensitif. La perception et la capacité de se souvenir dont la perception dépend restent complètement ignorées.

Perception déterminée par la mémoire

Si l’on songe au rôle énorme que l’esprit joue dans le processus total de la vue, il semblera évident que tout traitement adéquat et vraiment étiologique des défauts de la vision devra tenir compte non seulement de la sensation, mais aussi du processus de perception et de la mémoire sans laquelle la perception est impossible. C’est un fait hautement significatif que la méthode de rééducation du docteur Bates

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

De telles expériences ne peuvent être soumises à l’introspection au cours de leur manifestation : mais souvent l’esprit pourra s’en souvenir lorsqu’il aura recouvré son état normal.

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

Le fonctionnement de tout l’organisme ou d’une partie quelconque de cet organisme a pour caractéristique principale d’être éminemment variable. Nous nous sentons tantôt bien, tantôt mal ; la digestion par exemple sera bonne ou mauvaise ; parfois nous envisageons avec calme et équilibre de l’esprit les situations les plus critiques, tandis que d’autres fois l’incident le plus insignifiant nous laissera irritable et nerveux. Cette irrégularité dans le comportement constitue la rançon de notre organisme vivant et conscient, obligé de s’adapter sans relâche à des conditions variables

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

Les gens doués d’yeux normaux fonctionnant correctement possèdent, pour ainsi dire, une grande marge de sécurité visuelle. Même lorsque leurs organes visuels fonctionnent mal, ils verront encore assez bien en pratique dans la plupart des cas. Par conséquent, ils se rendront moins compte de variations dans le fonctionnement visuel que les personnes qui ont à la fois des yeux défectueux et de mauvaises habitudes de vision. Ces personnes-là n’ont pas ou guère de marge de sécurité, d’où il résulte que le moindre affaiblissement de leur puissance visuelle aura des effets considérables, néfastes.

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

Les yeux peuvent être gênés par nombre de maladies. Les unes n’affectent que l’œil ; dans les autres, le trouble de la fonction oculaire est le résultat d’une maladie de quelque autre région du corps, des reins par exemple, ou du pancréas, ou des amygdales. Dans nombre d’autres cas, la maladie ou les désordres chroniques même légers n’entraînent pas une lésion organique de l’œil, mais gênent son fonctionnement normal, souvent par affaiblissement général de la vitalité physique et mentale.

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

La vision peut aussi être affectée par une diète défectueuse ou de mauvaises positions du corps

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

D’autres causes de mauvais fonctionnement visuel sont d’ordre strictement psychologique. Le chagrin, l’anxiété, l’irritation, la peur et en fait toute émotion dite négative peut entraîner un mauvais fonctionnement temporaire ou durable si l’état émotionnel est chronique.

Les yeux défectueux peuvent avoir des moments de vue normale

Les yeux défectueux peuvent avoir des moments de vue normale     Au début du processus de rééducation visuelle, on fait une découverte intéressante. Aussitôt que les organes vicieux de la vue acquièrent un certain degré de ce que j’ai nommé la relaxation dynamique, on constate que les yeux ont comme des éclairs de vue entièrement normale ou presque. Dans certains cas, ces éclairs ne durent que quelques secondes, en d’autres cas ils persistent un peu plus longtemps.

Les yeux défectueux peuvent avoir des moments de vue normale

Parfois assez rarement, les anciennes habitudes de mauvais fonctionnement disparaissent tout de suite et pour toujours, et avec le retour au fonctionnement normal, la vision redevient absolument normale.

Les yeux défectueux peuvent avoir des moments de vue normale

Dans la grande majorité des cas néanmoins, l’éclair de vue normale disparaît aussi soudainement qu’il est apparu. Les anciennes habitudes de mauvais travail de l’œil se sont rétablies ; et il n’y aura plus de nouvel éclair jusqu’à ce que les yeux et l’esprit aient été ramenés, par un traitement de détente, à l’état de relaxation dynamique qui seule permet une vue parfaite

Les yeux défectueux peuvent avoir des moments de vue normale

Chez ceux qui souffrent depuis longtemps de vision défectueuse, le premier éclair survient souvent avec un tel choc de surprise heureuse qu’ils ne peuvent s’empêcher de crier ou d’éclater en larmes. À mesure que l’art de la relaxation dynamique est mieux possédé, que les bonnes habitudes de travail oculaire remplacent les mauvaises, que le fonctionnement visuel s’améliore, les éclairs de vision meilleure deviennent de plus en plus fréquents et durables, jusqu’à ce qu’enfin ils s’unissent en un état continuel de vue normale.

Des yeux variables en présence de lunettes invariables

Perpétuer cet éclair de vue normale, tel est le but et le propos de la méthode de rééducation visuelle développée par le docteur Bates et ses disciples.     L’éclair de vision meilleure est un fait empirique, susceptible de démonstration par quiconque veut bien remplir les conditions de son apparition. S’il est possible, dans un coup d’œil d’une seconde ou plus, d’apercevoir très clairement des objets qui paraissent ordinairement brouillés ou parfaitement invisibles, c’est là une preuve que le soulagement temporaire de la tension mentale et musculaire produit un meilleur fonctionnement et la disparition momentanée d’un vice de réfraction.

CHAPITRE V Les causes du mauvais fonctionnement visuel : maladie et troubles émotionnels

On peut affirmer, comme principe général en physiologie, que les améliorations fonctionnelles d’une région corporelle tendront toujours à créer une amélioration organique dans cette région. En cas de maladies ayant leur siège dans l’œil, d’anciennes habitudes de fonctionnement incorrect de l’œil constitueront très souvent un facteur causal ou prédisposant.     Par conséquent, l’acquisition d’habitudes de voir nouvelles et meilleures conduira rapidement à une amélioration organique de l’œil défectueux.

CHAPITRE V Les causes du mauvais fonctionnement visuel : maladie et troubles émotionnels

On ne pourra compter sur un fonctionnement parfait aussi longtemps que les conditions d’émotions négatives (cause de la dysfonction) persisteront. Néanmoins, la pratique constante de « l’art de voir » contribuera à améliorer le fonctionnement, même en cas de persistance du désordre psychique ; et sans cet « art de voir », il sera très difficile, même si le trouble psychique a disparu, de se débarrasser des mauvaises habitudes fonctionnelles contractées au cours de ce désordre émotionnel. En outre, l’amélioration de la fonction visuelle pourra réagir favorablement sur le désordre psychique. La plupart des fonctionnements défectueux amènent de la tension nerveuse. (Chez les hypermétropes, surtout chez ceux qui ont une tendance au strabisme divergent, la tension nerveuse est souvent extrême, et la victime peut être réduite à un état d’agitation presque insensée.) Une pareille tension nerveuse aggravera le trouble psychique, ce qui exagérera à son tour la dysfonction visuelle en élevant la tension nerveuse, formant ainsi un cercle vicieux

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : tracas, tourments, ennuis, etc.

heureusement, il existe aussi des cercles « vertueux ». L’amélioration de la fonction soulagera la tension concomitante de la dysfonction et cette relaxation de la tension agira favorablement sur l’état général. La diminution de la tension ne supprimera pas naturellement les troubles psychiques, mais elle contribuera à les rendre graduellement plus tolérables, plus inoffensifs dans leur action sur la fonction visuelle.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : tracas, tourments, ennuis, etc.

« Dans l’état d’inquiétude, de graves ennuis, on attribuera plus d’importance à des excitants jouant un rôle de distraction tels que la peine, les douleurs, la tension oculaire, la faim. »

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

sans attention il ne peut se produire de sélection dans le champ général des sensa, ni de perception des sensa sélectionnés, comme apparences d’objets physiques.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

le docteur J. E. Barmack établit que « l’attention franchement changeante appuie fortement l’activité vitale. Si l’attention est restreinte à une motivation insuffisante, l’activité vitale est sujette à dépression ».

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

pour être effective, l’attention doit être continuellement en mouvement

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

par suite de l’existence de la fovea centralis, les yeux doivent changer de direction aussi constamment que l’attention de l’esprit qui les contrôle

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

Tout mouvement corporel s’accompagne d’une sensation plus ou moins vague ; et quand nous cherchons à fixer l’attention sur quelque chose, ces sensations agissent comme facteurs de distraction. Afin de nous débarrasser de telles distractions, nous faisons de notre mieux pour empêcher le corps de se mouvoir.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

Si l’acte d’attention s’accompagne d’activité manuelle ou autre en connexion avec le but visé, nous nous efforçons d’éliminer tous les mouvements autres que ceux strictement nécessaires à notre tâche

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

Si nous n’avons pas de tâche à exécuter, nous essayons d’inhiber tous nos mouvements et de maintenir notre corps parfaitement tranquille

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

« Au cours de l’attention visuelle, la respiration diminue d’amplitude, le rythme en étant tantôt accéléré, tantôt ralenti ; dans l’attention auditive, le rythme est toujours ralenti mais l’effet sur l’amplitude est variable. Une respiration diminuée produira souvent un ralentissement des battements cardiaques spécialement durant les premiers moments d’attention. Ce pouls ralenti doit être attribué à l’inhibition de la respiration, plutôt qu’à l’influence directe de l’attention. »

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

l’acte de regarder fixement (représentant un effort pour réprimer des mouvements normaux et habituels) s’accompagne toujours de tension excessive et continuelle, qui à son tour provoque la sensation d’effort psychique. Quand il y a tension excessive et continuelle, le fonctionnement normal devient impossible, la circulation est réduite, les tissus perdent leur résistance et leur pouvoir de récupération, de guérison

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

Pour surmonter les effets du mauvais fonctionnement visuel, la personne victime de sa manière de voir incorrecte regarde toujours plus fixement et donc voit moins avec une tension plus forte. Et ainsi de suite, en un cercle vicieux.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

plusieurs des techniques du docteur Bates et consorts visent essentiellement à restaurer pour l’œil et l’esprit cette mobilité sans laquelle, de l’avis de tous les psychologues expérimentaux, il ne peut y avoir de sensation ou perception normale.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

La plupart de ces techniques sont très simples, et par conséquent il y a fort peu de chances qu’elles soient mal comprises par ceux qui en lisent la description. Et bien qu’un manuel ne remplace jamais un maître compétent, il aura toujours son utilité.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

La plus importante de ces techniques de relaxation surtout passive est constituée par le procédé intitulé palming par le docteur Bates. Ce procédé consiste à couvrir les yeux fermés de la paume des mains. Pour éviter d’exercer la moindre pression sur les globes oculaires (qui ne doivent jamais être comprimés, frottés, massés, ni manipulés d’aucune manière), la partie intérieure des paumes doit reposer sur les os des pommettes et les doigts sur le front. De cette façon, les yeux seront mis totalement à l’abri de la lumière, même sans toucher les globes oculaires. Pour obtenir les meilleurs résultats, le patient sera assis les coudes sur la table ou reposant sur un grand coussin bien rembourré placé en travers des genoux.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Quand les yeux sont fermés et que toute lumière a été supprimée par l’apposition des mains, les personnes dont les organes visuels sont en état de relâchement trouveront dans leur champ visuel une obscurité uniformément répandue dans toutes ses parties, il n’en est pas de même chez les personnes dont le fonctionnement visuel est anormal ; à la place de l’obscurité, elles pourront voir des nuages gris se mouvoir, ou apercevront des raies de lumière traversant l’obscurité, des taches de couleur, tout cela dans une variété infinie de changements et combinaisons. Lorsque la relaxation passive des yeux et de l’esprit est accomplie, ces illusions de mouvement, de couleur et de lumière tendent à disparaître, remplacées par une obscurité uniforme.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

On ne recommande plus à la personne qui recourt au procédé de la paume des mains d’imaginer qu’elle voit noir, mais de distraire son esprit en se rappelant des événements et scènes agréables de sa vie antérieure. Au bout d’un laps de temps plus ou moins long selon l’intensité de l’effort développé, le champ visuel sera devenu uniformément obscur. De cette manière, on atteint le même résultat qu’en imaginant le noir, mais sans risque de créer de la tension.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Dans ce rappel d’épisodes passés, il faut prendre soin d’éviter tout ce qui a le caractère « d’immobilité mentale ». Si l’esprit est fixé trop rigidement sur une seule image évoquée, cela pourrait aisément entraîner une fixation et immobilisation correspondante des yeux. (Il n’y a rien de surprenant ou de mystérieux à cela ; en réalité, en tenant compte du caractère unitaire de l’organisme humain, esprit-corps, c’est précisément à ce phénomène que l’on devrait s’attendre.) Pour éviter l’immobilisation mentale avec sa fixation concomitante des yeux, il faudra toujours, en exerçant le palming, évoquer dans la mémoire des objets en mouvement.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Par exemple, on pourra revoir en imagination des scènes de son enfance. On peut se représenter soi-même se promenant à travers les paysages rappelés, notant au fur et à mesure de la marche les changements intervenus dans leurs aspects. En même temps, les scènes ainsi évoquées seront peuplées d’êtres humains, de chiens, de trafic routier, des gens vaquant à leurs occupations, etc, tandis qu’un vent vif agite les feuilles des arbres et chasse les nuages dans le ciel. Dans un pareil monde de fantaisie, où rien n’est fixé ni rigide, il n’y aura aucun danger d’immobiliser l’œil intérieur dans un regard fixe ; et quand l’œil intérieur se meut sans contrainte, l’œil physique extérieur jouira de la même liberté

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

En utilisant la mémoire et l’imagination de la façon que j’ai décrite, il est possible de combiner par la seule application de la paume des mains sur les yeux fermés les avantages de la relaxation active et passive, du repos et d’un fonctionnement naturel.     C’est pourquoi j’estime que ce procédé de la paume des mains est plus favorable aux organes de la vision que toute autre forme de relaxation entièrement passive.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Lorsque les activités de la mémoire et de l’imagination sont totalement inhibées, on peut après quelque expérience de la méthode porter cette relaxation passive jusqu’au point où les paupières et les globes oculaires eux-mêmes perdent leur tonus et deviennent mous. Cet état est si éloigné de l’état normal des yeux qu’il n’aura guère ou point d’effet sur l’amélioration de la vue.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Au contraire, par le procédé dit du palming, les facultés mentales de l’attention et de la perception continuent à travailler sans effort, de la manière libre et changeante qui leur est naturelle, en même temps que ce procédé repose les yeux.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Les autres facteurs principaux de l’efficacité du palming sont d’ordre physique. Il y a comme un soulagement, un apaisement dans l’exclusion momentanée de la lumière et dans la chaleur des mains.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

il est possible que l’application des mains sur les yeux agisse en quelque sorte sur l’état électrique des organes fatigués, en revigorant les tissus et en apaisant indirectement l’esprit

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Quoi qu’il en soit, les résultats du palming sont remarquables. La fatigue est rapidement soulagée ; et lorsque les yeux sont remis à découvert, la vision est souvent notablement améliorée, en tout cas pour un certain temps.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

De nombreuses personnes qui ont fait l’expérience de son efficacité réservent à dessein des heures régulières pour exercer le palming. D’autres préfèrent utiliser les occasions éventuelles selon les jours, ou les indications que la fatigue peut leur imposer d’urgence. Même au sein de la vie la plus active, il y a des « blancs », des intervalles inoccupés que l’on peut employer avantageusement à relâcher les yeux et l’esprit, en améliorant ainsi sa vision pour de nouvelles tâches. En tout cas, la chose importante à retenir, c’est que prévenir vaut toujours mieux que guérir et qu’en consacrant quelques minutes à la relaxation, on s’épargnera de nombreuses heures de fatigue et d’insuffisance visuelle

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Dans le cas des yeux et de l’esprit qui les contrôle, les procédés incapables de soulager la tension aboutissent à un affaiblissement de la vision, ainsi qu’à un état de fatigue générale physique et mentale

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

En nous accordant des instants de relaxation correcte, nous perfectionnons les moyens en arrivant ainsi aisément au but qui est d’abord une bonne vision et finalement l’accomplissement des tâches qui la nécessitent.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

« Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par-dessus le marché. » Cette parole est aussi profondément vraie sur le plan des activités psychophysiques que sur le plan de la spiritualité, de l’éthique et de la politique

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

En recherchant d’abord un fonctionnement visuel en état de relâchement, tel que la nature l’a voulu pour nous, nous trouverons que tout le reste nous sera donné, sous forme de meilleure vue et de capacité de travail renforcée

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Si, au contraire, nous continuons à ne considérer avidement et étourdiment que le but à atteindre, visant directement à une meilleure vision (en neutralisant les symptômes par des moyens mécaniques) et à une efficacité accrue (par un effort et une tension incessants), nous finirons par voir plus mal et faire moins de travail.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Si, les circonstances étant peu propices, il est difficile ou embarrassant de pratiquer la méthode de l’application de la paume des mains (palming), on réussira à obtenir un certain degré de relaxation en appliquant le procédé mentalement, c’est-à-dire en fermant les yeux, en imaginant qu’ils sont couverts par les mains et en évoquant quelques scènes ou épisodes agréables, comme on l’a recommandé au paragraphe précédent. Ce procédé doit s’accompagner de la sensation consciente de « laisser-aller » des yeux, d’une pensée de « relâchement » en relation avec les tissus fatigués et sous tension. Le procédé du palming purement mental n’est pas aussi profitable que le procédé à la fois physique et mental, mais c’est un bon adjuvant.

Clignement normal et anormal

toutes ces techniques sont destinées à soulager la tension et l’effort ; que toutes peuvent et doivent être pratiquées comme exercices de relaxation

Clignement normal et anormal

toutes peuvent et doivent être incorporées à l’activité visuelle quotidienne, afin de produire et maintenir un état de relaxation dynamique associé à un fonctionnement normal.

Clignement normal et anormal

Le clignement a deux principales fonctions : de lubrifier et nettoyer les yeux à l’aide de larmes, et de les reposer par une exclusion périodique de la lumière

Clignement normal et anormal

quand le clignement est fréquent comme il convient qu’il soit, la lumière est exclue des yeux durant peut-être cinq pour cent ou davantage de toutes les heures de veille

Clignement normal et anormal

Les yeux en état de relaxation dynamique clignent souvent et aisément. Mais quand il y a tension, le clignement tend à se raréfier et les paupières travaillent sans souplesse

Clignement normal et anormal

La personne qui regarde fixement ne ferme ses paupières qu’à de longs intervalles. C’est tellement un fait d’observation commune que les romanciers en parlant du regard fixe ajoutent encore les termes « sans clignements ».

Clignement normal et anormal

Le mouvement, déclarent avec insistance les psychologues, est l’une des conditions indispensables de la sensation et de la perception. Tant que les paupières sont maintenues tendues et relativement immobiles, les yeux aussi resteront dans le même état. Par conséquent, tous ceux qui veulent acquérir l’art de bien voir doivent prendre l’habitude de cligner souvent sans effort

Clignement normal et anormal

Quand les paupières ont retrouvé leur mobilité, celle-ci reparaîtra assez facilement dans l’appareil sensitif. Ainsi les yeux jouiront d’une meilleure lubrification, de plus de repos, et d’une meilleure circulation, qui va toujours de pair avec les mouvements musculaires sans tension.

Clignement normal et anormal

Ceux qui ont des clignements trop petits et un peu convulsifs (clignotements) – et c’est la majorité des gens dont la vision est défectueuse – doivent acquérir ou reprendre l’habitude de cligner souvent et aisément. On y arrivera en observant de temps à autre un instant de repos consacré à un bref exercice de clignement (une demi-douzaine de clignements légers, en ailes de papillons) ; puis, quelques secondes de fermeture lâche des paupières ; puis, deuxième série de clignements suivie d’une nouvelle fermeture des paupières ; et ainsi de suite durant une demi-minute ou une minute. Répétés à intervalles fréquents (disons d’heure en heure ou à peu près), ces exercices aideront à acquérir l’habitude de cligner fréquemment dans le cours de la journée

Clignement normal et anormal

Le clignement fréquent possède une grande importance pour les gens astreints à un travail difficile et minutieux, exigeant une attention soutenue. Absorbés par de telles occupations, ils ont fatalement la tendance à fixer les yeux et les paupières, d’où il résulte une tension, de la fatigue, de la sécheresse de la cornée, de l’inflammation et une gêne de la vision. Le clignement fréquent et aisé procurera souvent un grand soulagement, hors de proportion avec la simplicité des moyens employés.

Clignement normal et anormal

Le massage des globes oculaires eux-mêmes n’est jamais à conseiller ; mais un frottement doux sur les paupières amènera souvent un soulagement et comme un rafraîchissement.

Respiration normale et anormale

Nous cherchons à supprimer ces distractions, soit en respirant plus superficiellement, soit en suspendant entièrement la respiration pendant un laps de temps assez prolongé.

Respiration normale et anormale

Pour corriger des habitudes vicieuses de respiration, la première chose est d’abord de s’apercevoir qu’elles sont anormales. Soyez bien persuadés que chez les personnes de vue défectueuse, il existe une corrélation régulière entre la vue attentive et l’intervention nuisible et sans nécessité d’une respiration anormale. Bien enracinée dans le subconscient, cette pensée surgira périodiquement dans la conscience, et si cette surrection a lieu au moment où vous portez fortement votre attention sur quelque chose, il y a beaucoup de chances que vous vous prendrez sur le fait, en train de vous comporter comme un pêcheur de perles à dix brasses sous la surface de la mer. Mais vous n’êtes pas pêcheur de perles, et l’élément où vous vivez n’est pas l’eau, mais l’air vivifiant. C’est pourquoi remplissez vos poumons d’air, non violemment comme si vous pratiquiez des exercices de respiration profonde, mais avec aisance et sans effort, l’expiration succédant à l’inspiration en un rythme normal. Tout en respirant de cette façon, continuez à porter votre attention sur la chose que vous désirez bien voir.

Respiration normale et anormale

Après quelques exercices, vous trouverez qu’avec une respiration normale, ou même légèrement plus profonde que d’habitude, votre attention peut se concentrer tout aussi bien et même plus fortement qu’en respirant comme un pêcheur de perles. En peu de temps, vous constaterez qu’une respiration normale, quand l’attention est fixée, est devenue un phénomène habituel et automatique.

Motifs de la crainte de la lumière

Les médecins alarmistes et les négociants, dont la réclame exploite à leur profit les opinions de ces praticiens ont réussi à convaincre une grande partie du public que la lumière est nuisible aux yeux. Cette affirmation est fausse, mais la croyance à sa véracité peut causer un grand tort à ses adeptes. Si la foi peut soulever des montagnes, elle peut aussi ruiner

Motifs de la crainte de la lumière

Due à une croyance erronée, la terreur de la lumière, purement mentale, se manifeste physiquement sous forme d’un état très anormal de tension de l’appareil sensitif des yeux ; dans de telles conditions, les yeux sont incapables de réagir correctement

Motifs de la crainte de la lumière

Au lieu d’accepter aisément la lumière solaire comme une bénédiction, ils en ressentent une gêne qui peut aller jusqu’à l’inflammation des tissus. Il s’ensuit de la douleur et une aggravation de la crainte, renforçant le patient dans sa conviction que la lumière est nuisible.

Motifs de la crainte de la lumière

Parce que la lumière est douloureuse, la crainte de la lumière se développe alors dans l’esprit, et cette crainte à son tour devient une nouvelle cause de tension et de gêne.

Rejet de la crainte

La crainte de la lumière, comme toutes les craintes, peut être chassée de l’esprit

Rejet de la crainte

Acquérir des réactions normales à la lumière constitue l’une des méthodes essentielles de l’art de bien voir.

Rejet de la crainte

Des exercices appropriés, visant ce but, conduiront à un état de relaxation passive fort appréciable ; et cette capacité de réagir aisément et sans effort aux plus forts éclairages peut être utilisée dans la vie active pour devenir un élément de cette relaxation dynamique des organes usuels, sans laquelle il ne peut jamais y avoir de vision parfaite.

Techniques pratiques

Chaque fois que la lumière cause une gêne, la première chose à faire est de montrer une attitude de confiance. La notion doit être gravée dans notre esprit que la lumière n’est pas nuisible, au moins à tous les degrés d’intensité que nous rencontrons généralement

Techniques pratiques

La confiance dans l’innocuité de la lumière devrait passer dans la pratique par un processus d’accoutumance graduelle. Si les yeux ouverts se rétrécissent devant la lumière solaire, commencez par les accoutumer à cette lumière en les tenant clos. Asseyez-vous confortablement, le dos appuyé, fermez les yeux en les tournant vers le soleil, « en vous laissant aller physiquement et mentalement dans un état de relâchement ». Pour éviter la fixation du regard derrière les paupières et le danger d’une exposition trop prolongée à la lumière de la même région de la rétine, remuez la tête doucement mais assez rapidement d’un côté à l’autre. Un déplacement latéral des yeux de quelques centimètres dans chaque sens sera suffisant, pourvu qu’il soit continuel.

Techniques pratiques

Chez quelques personnes, cette exposition des yeux au soleil, même clos, produira un malaise. Si tel est le cas, on commencera l’exercice en dirigeant les yeux vers le ciel, mais pas directement vers le soleil. Quand la lumière du ciel semble bien tolérée, on pourra se tourner vers le soleil durant de courts laps de temps

Techniques pratiques

Dès que l’on ressent une gêne désagréable, il faut se détourner, passer un moment à l’application de la paume des mains sur les yeux (palming) et recommencer ensuite l’exercice précité. Les paupières closes peuvent être exposées au soleil durant plusieurs minutes à la fois (avec de brèves interruptions pour le procédé du palming si le besoin s’en fait sentir), et l’exercice devrait être répété plusieurs fois par jour.

Techniques pratiques

la plupart des gens s’apercevront qu’ils sont capables de supporter la lumière solaire les yeux ouverts. La méthode qui donnera le plus de satisfaction est la suivante : couvrez un œil de la paume de la main et, en prenant soin de balancer la tête d’un côté à l’autre comme on l’a décrit, faites passer l’autre œil devant le soleil par un mouvement de va-et-vient trois ou quatre fois, tout en clignant rapidement, légèrement et sans effort. Puis couvrez à son tour l’œil qui vient d’être ainsi exposé à la lumière solaire et répétez le même exercice avec l’autre œil. Et ainsi de suite, alternativement, pendant une ou deux minutes. Ensuite, appliquez la paume des mains (palming) sur les yeux fermés jusqu’à ce que les images lumineuses qui persistent après coup dans les yeux aient disparu. Lorsqu’ensuite les yeux sont mis à découvert, on constatera en général que la vision s’est nettement améliorée, tandis que les organes visuels ressentent comme un relâchement, et comme une chaude sensation de bien-être.

Techniques pratiques

Si les yeux sont exposés au soleil à tour de rôle, comme on vient de le décrire, la lumière paraît beaucoup moins éblouissante que si les yeux sont exposés simultanément.

Techniques pratiques

L’éclairage étant plus intense, l’exposition simultanée des yeux au soleil peut entraîner un rétrécissement involontaire de la fente palpébrale, surmonté alors par un effort de volonté créant à son tour un état de tension. Cet état peut retarder la relaxation complète qui normalement devrait succéder à ce procédé de l’exposition au soleil (sunning).

Techniques pratiques

Néanmoins, ceux qui désirent exposer les yeux simultanément pourront le faire avec modération, sans avoir à en craindre aucun mal.

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

l’exercice ainsi fait s’accompagne au début d’une sécrétion abondante de larmes et les images lumineuses consécutives sont plus vives et plus persistantes que si les yeux sont exposés séparément. Ces larmes sont rafraîchissantes, et les images consécutives disparaissent bientôt par une séance de palming.

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

Somme toute, l’exposition d’un seul œil à la fois doit être préférée.

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

plusieurs formes d’inflammation tant des yeux que des paupières tendent à une guérison rapide par cette exposition au soleil. Il n’y a rien de très étonnant à cela. La lumière solaire est un puissant germicide et, utilisée avec modération, elle constitue un agent thérapeutique précieux pour le corps humain

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

Le soleil ne produit d’effets nocifs sur les yeux que si les gens le contemplent fixement. Par exemple, après avoir suivi les phases d’une éclipse, certaines personnes ressentiront une gêne temporaire de la vision allant parfois jusqu’à l’amblyopie ou même jusqu’à l’amaurose

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

En cette affaire comme pour toute autre en ce bas monde, le mieux est l’ennemi du bien : la lumière solaire est bonne pour nous en quantité raisonnable, mauvaise quand elle est reçue en excès ou d’une façon incorrecte.     Si les gens sont assez fous pour manger dix livres de fraises à la fois, ou avaler plus d’un litre d’huile de ricin, ou une centaine de cachets d’aspirine, ils subiront les conséquences de leur folie. Cependant, la vente de ces matières est entièrement libre, et les fous doivent courir leurs chances. Il en est de même avec la lumière solaire.

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

Tous les étés, un grand nombre de sots prennent des bains de soleil au point de se brûler la peau, d’avoir une forte fièvre et une congestion de la rate. Cependant, le bain de soleil est permis et recommandé parce qu’il est agréable et avantageux pour ceux qui s’y adonnent raisonnablement. Il en est ainsi pour les yeux. En dépit des bons conseils qui leur sont donnés, quelques imbéciles qui regardent fixement le soleil compromettent ainsi momentanément leur vision. Ce n’est pas une raison pour décourager les gens qui ont le bon sens d’exposer prudemment leurs yeux au soleil et pour les détourner d’une méthode qui leur fera certainement du bien.

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

Si la lumière semble désagréablement vive au moment où l’on sort, il faut fermer les yeux un instant, « se laisser aller à des pensées de relâchement », puis rouvrir les yeux doucement et sans tension. Après cela, levez les yeux vers le soleil, en les tenant fermés quelques secondes et ensuite en les ouvrant, mais toujours en balançant la tête à gauche et à droite. En regardant de nouveau en bas, la lumière vive autour de soi paraîtra très tolérable et il n’y aura pas de sensation de tension ou d’effort. Ces procédés doivent être répétés à intervalles fréquents, quand on sort par un beau jour. Ils contribueront à maintenir les yeux dans un état de relaxation dynamique et à améliorer la vision.

Innocuité de l’exposition au soleil (sunning)

De nuit, on utilisera une source vive de lumière artificielle au lieu du soleil. Dans ce but, aussi bien que pour la lecture, j’ai trouvé très indiquée une lampe spéciale de 150 watts. Ces ampoules, comme des lampes de laryngologues dont le fond incurvé est argenté, ont une partie antérieure transparente et ronde à travers laquelle les rayons concentrés de la lumière sont projetés et donnent encore un éclairage de 1000 bougies-pied à la distance de trois ou quatre pieds. En procédant tout comme avec le soleil, on recevra cette lumière sur les yeux fermés et ouverts. Il s’ensuivra une amélioration du relâchement, de la circulation et de la vision exactement comme avec la lumière solaire. Ceux qui désirent intensifier encore l’éclairage pourront le faire en réfléchissant la lumière de la lampe sur leurs yeux par le moyen d’un miroir concave. Au foyer de ce miroir, la chaleur et la luminosité ne seront pas beaucoup plus faibles que celles de la lumière solaire regardée par un beau jour d’été.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Pendant plus d’un demi-siècle, les psychologues expérimentaux ont proclamé que la connaissance adéquate du monde extérieur dépend du mouvement. Ce fait est évidemment d’une énorme importance pour la vision. Et pourtant, sans qu’on puisse l’expliquer, les ophtalmologues orthodoxes n’ont jamais prêté la moindre attention à ce fait. Professionnellement, ils se sont contentés et se contentent encore de prescrire des « béquilles » pour pallier mécaniquement les symptômes, et d’en rester là.

CHAPITRE IX Fixation centrale

À la distance ordinaire pour la lecture – trente à trente-cinq centimètres –, on peut voir aisément la page entière d’un livre. Mais la surface vue avec la plus grande clarté constituera un cercle de un centimètre et demi environ en diamètre, tandis que le maximum de précision sera réduit à une seule lettre au centre de ce cercle

CHAPITRE IX Fixation centrale

lorsque le regard est fixe, on tend vers un but impossible : on cherche à voir chaque portion d’une grande surface avec une égale précision ; mais la structure de l’œil est ainsi faite qu’il ne peut « sentir » toutes les parties du champ visuel avec autant de clarté que la minuscule partie vue par la fixation centrale, c’est-à-dire la partie dont l’image tombe sur la macula et la fovea centralis ; et l’esprit, par sa nature, est incapable d’opérer une perception convenable sans que son attention passe continuellement d’un point à l’autre de l’objet considéré. Regarder fixement, c’est ignorer ces conditions nécessaires de la sensation et de la vue normales.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Par son avidité anxieuse d’atteindre le but, qui est de voir le plus et le mieux dans le plus court laps de temps possible, la personne qui regarde fixement néglige les seuls moyens qui lui permettent d’atteindre ce but : en fait, elle cherche à obtenir l’impossible

CHAPITRE IX Fixation centrale

Parfois, l’habitude de la fixation centrale ne peut jamais être acquise, ce qui est dû le plus souvent à des maladies des yeux durant la première enfance.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Quand l’habitude de la fixation centrale a été perdue depuis quelque temps, la macula et la fovea centralis semblent perdre quelque peu de leur sensibilité naturelle par défaut d’exercice.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Pour ceux qui n’ont jamais appris la fixation centrale et ceux dont la fixation excentrique est extrême, les services d’un maître habile et expérimenté seront indispensables. Quant aux autres pour peu qu’on leur montre les méthodes, ils pourront se tirer d’affaire eux-mêmes. C’est pour eux que je décrirai les techniques suivantes, simples mais efficaces.

Autres facteurs de mobilité

Le balancement est d’importance fondamentale dans le rétablissement d’un fonctionnement visuel normal et devrait être pratiqué autant que possible

Autres facteurs de mobilité

il existe encore d’autres procédés pour développer des habitudes de mobilité et indirectement de fixation centrale. En voici quelques-unes.     Jetez en l’air une balle de caoutchouc de la main droite et rattrapez-la au retour, de la main gauche. Ou mieux encore, prenez une balle dans chaque main, projetez en l’air celle de la main droite et pendant qu’elle est en l’air, passez la balle de la main gauche à la main droite et rattrapez de la main gauche la balle qui retombe. À l’aide de ce tour de passe-passe, on peut imprimer au simple jet de la balle un rythme facile à maintenir, ce qui n’est pas le cas en utilisant une seule balle. Les yeux doivent suivre la balle projetée par la main droite, jusqu’au sommet de sa trajectoire et à la descente jusqu’à sa saisie par la main gauche (ils ne doivent pas regarder fixement vers le ciel, en attendant que la balle réapparaisse dans le champ visuel). Après une longue période de lecture de près, un bref intermède de ce simple jeu de balles fera beaucoup pour relâcher les yeux.

Autres facteurs de mobilité

ce procédé peut servir à exercer les yeux non seulement au mouvement, mais aussi à supporter facilement la luminosité. Commencez par jeter la balle contre un arrière-plan sombre, tel qu’un arbre. Puis déplacez-vous de façon que la balle observée soit projetée contre les parties les moins éclairées du ciel.     « Ayez des pensées de relâchement » pendant que vous suivez la balle dans sa course ascendante et descendante et clignez fréquemment. Ensuite, une fois que les yeux et l’esprit sont accoutumés à la lumière, déplacez-vous de nouveau de façon que la balle soit projetée contre un fond plus clair. Les deux ou trois derniers jets peuvent être exécutés presque directement contre le soleil.

Autres facteurs de mobilité

L’astigmatisme apparaît lorsque le rayon de courbure de la cornée n’est pas le même dans tous les méridiens. Les rayons lumineux traversant ce milieu déformé sont réfractés sur des foyers différents et non sur le même point. Chez beaucoup d’astigmates, ce défaut est sujet à de grandes variations. Les lunettes tendent à fixer rigidement la cornée dans l’état de déformation constaté au moment de l’examen de l’oculiste. Par conséquent, il y a peu de chances de rétablissement, aussi longtemps que l’on portera des lunettes ad hoc. Mais si la personne astigmate veut bien consentir à laisser de côté ses lunettes, à apprendre l’art de la relaxation passive et dynamique, et à développer des habitudes de mobilité mentale et oculaire, elle pourra faire beaucoup pour diminuer, sinon éliminer totalement son incapacité.

Autres facteurs de mobilité

À mesure que les vieilles habitudes de fonctionnement visuel sont rompues et remplacées par de nouvelles et meilleures habitudes, l’amélioration de la vue tend à devenir permanente.

Autres facteurs de mobilité

Les dominos sont très faciles à voir ; par suite, le changement rapide des mouvements des yeux et de l’attention, développé par les exercices de dominos, se fait presque sans effort. La tension est relâchée et en même temps, par le mouvement des yeux d’un point à l’autre des dominos, un nombre énorme d’actes de sensation sont exécutés dans cet état de relâchement, à travers toutes les parties de la cornée. Ce processus semble avoir pour effet de combattre les déformations de la cornée. Comment exactement, nous n’en savons rien. Mais si l’incapacité était due primitivement à des tensions mentales et musculaires, il n’y a rien de surprenant qu’elle disparaisse lorsque le patient a enfin appris l’art de sentir et percevoir sans tension.

Autres facteurs de mobilité

Cette élimination de l’astigmatisme peut être accélérée par une méthode que l’on peut définir comme une variété concentrée des exercices aux dominos.     Prenez le couvercle dans lequel les rangées de dominos ont été solidement fixées et, le tenant des deux mains à dix centimètres environ devant le visage, déplacez-le horizontalement d’un côté à l’autre. Ce mouvement latéral ne doit pas dépasser une amplitude de vingt à vingt-cinq centimètres et doit être accompagné d’un mouvement correspondant de la tête en sens inverse. Ainsi, quand le couvercle est déplacé sur la gauche, la tête doit être tournée légèrement à droite et vice versa. Ne faites aucune tentative pour voir les nombres inscrits sur les divers dominos ; et le mouvement combiné du couvercle et de la tête doit être juste suffisant pour créer l’illusion que l’on ne regarde pas des points séparés, mais des lignes plus ou moins continues, provenant de l’apparente confluence des points de dominos due à ce mouvement combiné. Après deux ou trois minutes de ce balancement horizontal, il faut changer et opérer le balancement dans le plan vertical. Tenez le couvercle avec son grand axe perpendiculaire au plancher et déplacez-le en haut et en bas, accompagnant le mouvement des mains d’un mouvement de la tête en sens opposé, tout comme dans le balancement horizontal.

CHAPITRE XI Flashing : coups d’œil rapides

Le procédé auquel le docteur Bates a donné le nom de flashing, coups d’œil rapides, est important parce qu’il contribue à stimuler la mobilité et à renforcer la faculté de perception et d’interprétation de l’esprit. Le coup d’œil rapide est l’antithèse du regard fixe. Au lieu de regarder l’objet fixement, au lieu d’immobiliser les yeux et l’esprit, et de s’efforcer de voir également bien toutes les parties de l’objet à la fois, on jette un coup d’œil rapide sur l’objet, puis fermant les yeux on évoque ce qui vient d’être senti par ce regard rapide sondant l’inconnu.

Vision inconsciente

Après avoir pratiqué quelque peu cet exercice, on fait la découverte intéressante que l’appareil sensitif enregistre bien plus de choses que l’esprit n’en perçoit, surtout si l’esprit qui perçoit s’est forgé de mauvaises habitudes d’effort et de tension

CHAPITRE XI Flashing : coups d’œil rapides

Il existe des sensations visuelles dont nous n’avons pas conscience

Vision inconsciente

Ce terme de « vision inconsciente » est un peu inexact, étant appliqué à plusieurs sortes de phénomènes distincts.     Il y a d’abord la vision inconsciente qui nous fait exécuter un mouvement réflexe rapide pour éviter un danger, auquel les yeux et les muscles réagissent avant même que l’esprit ait le temps d’interpréter la sensation menaçante comme un objet extérieur dangereux. En tel cas, le système nerveux opère plus vite que l’esprit, qui ne perçoit pas consciemment avant que le réflexe d’évitement du danger ait débuté. Durant une fraction de seconde, il y a eu vision inconsciente et activité musculaire inconsciente.

Vision inconsciente

Une vision inconsciente de même nature est manifestée par l’homme qui se fraie un chemin dans une rue à forte circulation ou marche dans un terrain difficile, tout en conversant avec quelqu’un ou plongé dans ses pensées. Il n’a pas une conscience distincte des objets qui l’environnent et pourtant son corps se conduit comme s’il avait cette conscience, s’arrêtant et continuant, tournant et évitant les obstacles, tout comme il le ferait si son esprit était attentif à marcher sûrement

Vision inconsciente

, il existe un certain degré de vision inconsciente – de sensation avec minimum de perception.

Vision inconsciente

la vision inconsciente la plus normale et commune est celle qui provient à chaque instant de toutes les parties du champ visuel qui ne sont pas sélectionnées pour la perception. Le monde est rempli d’une infinité d’objets ; mais à chaque instant notre attention ne va qu’à un très petit nombre d’entre eux

Vision inconsciente

Dans le champ visuel total, nous sélectionnons seuls les sensa qui nous intéressent, sans observer ni percevoir les autres

Vision inconsciente

Cette variété de vision inconsciente est, en dernière analyse, volontaire : si nous ne voyons pas consciemment, c’est simplement parce que nous ne désirons pas voir, que cela ne nous intéresse pas.

Vision inconsciente

Cependant, il est d’autres cas où l’inconscience est involontaire, dans lesquels l’esprit est incapable de se rendre compte des sensations visuelles. Quand cela arrive, nous regardons mais ne voyons pas. C’est peut-être dû au fait que rien n’est senti, ou que les sensa sont si indistincts qu’ils ne peuvent être interprétés.

Vision inconsciente

Parfois, la sensation a lieu et les sensa sont assez distincts pour servir à la perception, mais en fait ils ne sont pas utilisés pour cela ; et bien que théoriquement nous puissions voir ce que nous regardons, en réalité nous ne le voyons pas. En tel cas, il existera toujours un certain degré de tension oculaire et mentale qui est souvent en relation avec quelque vice de réfraction (principalement comme cause et secondairement comme conséquence)

Vision inconsciente

état de tension, qui interpose une sorte de barrière entre les yeux qui sentent et l’esprit qui perçoit

Vision inconsciente

Or les sensa (selon la conclusion du docteur Broad après une étude serrée des faits) laissent toujours des « traces mnémoniques » qui peuvent dans la suite être ravivées et donner naissance à une image mémorative.

Vision inconsciente

Après quelques exercices pratiques, la barrière entre la sensation et la perception (toujours présente chez les gens dont la vue est défectueuse) est tellement abaissée que la vision inconsciente (ou le ravivement par la mémoire des traces laissées par la sensation) est remplacée par la vision consciente (ou perception de la sensation sur le moment même)

Vision inconsciente

Grâce aux leçons d’un bon maître, vous arriverez sans trop de peine à évoquer dans la conscience les images mémoratives des objets simplement sentis et non réellement vus. Les enfants, moins conscients d’eux-mêmes que les adultes, réagiront particulièrement bien à de tels encouragements et suggestions d’un maître. Par exemple, on montrera à un enfant quelque objet, disons un domino, ou une lettre imprimée, ou un mot, placés à une distance telle qu’il ne puisse voir normalement ces objets. On lui ordonnera de jeter un coup d’œil rapide à cet objet, puis de fermer les yeux et d’essayer d’attraper ledit objet. L’enfant exécute l’ordre littéralement, lève une main, la ferme sur le vide, puis l’abaisse et l’ouvre, regarde dans la paume de la main et donne une réponse correcte comme s’il lisait une note écrite.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Le procédé du coup d’œil rapide peut être exercé, comme le balancement (swinging), durant l’activité de la vie quotidienne. Pour ceux dont la vision est défectueuse, la tentation de regarder fixement est toujours forte. Il faut y résister et acquérir l’habitude de jeter de rapides coups d’œil sur les choses, puis en se détournant ou en fermant momentanément les yeux de se rappeler ce que l’œil a senti.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Les affiches et les devantures de magasins fourniront un excellent matériel pour exercer les coups d’œil rapides, soit en promenade à pied, soit depuis l’auto ou l’autobus en marche.

Vision analytique

Les personnes de vue défectueuse manifestent cette tendance du regard fixe spécialement au cours de la conversation avec leurs semblables. Les visages sont très importants pour nous, puisque c’est par l’observation du jeu de la physionomie que nous acquérons de précieuses notions sur les pensées, les sentiments et dispositions des gens de notre entourage. Pour obtenir cette information, les personnes dont la vue est mauvaise font les plus grands efforts pour voir le visage de leurs interlocuteurs. En d’autres termes, ils regardent alors encore plus fixement que d’habitude. Il en résulte du désagrément et de l’embarras chez les gens ainsi dévisagés et une médiocre vision pour celui qui cherche à voir. Le remède, c’est le regard analytique. Ne regardez pas les visages fixement, dans le vain espoir d’en voir chaque partie avec autant de clarté que toutes les autres. Au lieu de cela, changez rapidement la direction de vos regards sur le visage contemplé, d’un œil à l’autre, d’une oreille à l’autre, de la bouche au front. Vous verrez ainsi plus clairement les détails et l’expression de ce visage ; et en même temps, pour la personne que vous contemplez, vous n’aurez pas l’air de regarder fixement, mais de l’envisager d’une manière aisée et relâchée, avec des yeux auxquels ces rapides et petits changements de direction donneront l’éclat et l’aspect pétillant de la mobilité.

Vision analytique

Les maîtres de l’art de voir ont inventé un nombre considérable d’exercices de changements de direction de la vue (shifting), tous efficaces pourvu qu’ils soient pratiqués convenablement

L’exercice avec le calendrier

même si ces limites existent, la surface couverte par les yeux dans leurs petits mouvements restera si exiguë en comparaison de la surface totale de l’objet qu’une notion plus exacte de cette petite surface ne nous fera pas mieux connaître l’objet entier

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Les yeux nous pourvoient de sensations visuelles qui constituent la matière première de la vue. L’esprit s’empare de ces produits bruts pour les façonner en produits finis, soit en vision normale des objets extérieurs.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Parmi les facteurs psychiques qui entravent l’esprit dans son travail d’interprétation, les uns sont en relation étroite avec le processus de la vue et de la perception, tandis que d’autres ne le sont pas. Dans cette dernière catégorie, nous placerons toutes les émotions négatives qui sont une source abondante de mauvais fonctionnement et finalement de maladies organiques dans toutes les parties de l’organisme, y compris les yeux.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

À la première catégorie appartiennent certaines émotions négatives en relation spéciale avec la vue et certaines défaillances de la mémoire et de l’imagination – défaillances qui handicapent l’esprit en tant qu’interprète des sensa.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

j’ai décrit la peur de la lumière et les moyens d’y remédier. J’ai mentionné aussi cette avidité de voir, cette anxiété excessive de bien voir, qui aboutit à une mauvaise direction de l’attention et à la fixité tant mentale que physique ; et j’ai traité tout au long des méthodes qui permettent de modifier ces mauvaises habitudes et de chasser les émotions fâcheuses qui en sont responsables.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Une telle attitude a une action paralysante sur les yeux et l’esprit. En toute occasion nouvelle, ils ont à l’avance peur de ne pas voir ou sont certains qu’ils ne verront pas. Le résultat très naturel, c’est qu’ils ne voient pas

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Dans le livre qu’elle est en train de lire, une personne de vision normale tombe sur un mot technique, étrange, polysyllabique, ou sur une phrase en langue étrangère qu’elle ignore. Les lettres qui composent ces mots sont bien les mêmes que celles du reste du livre et pourtant cette personne trouve qu’elles sont certainement plus difficiles à lire. Pourquoi ? Parce que le reste du livre est du français ordinaire, tandis que les mots illisibles seront en allemand, en russe, ou en jargon gréco-latin d’une science quelconque.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Un homme capable de travailler toute une journée à son bureau sans fatigue excessive des yeux est harassé par une heure de musée et rentrera à la maison avec des céphalées à lui fendre le crâne. Pourquoi ? Parce qu’à son bureau il suit une routine régulière et que ses yeux opèrent sur des mots et des formes qu’il voit habituellement chaque jour, tandis qu’au musée tout est étrange, nouveau et exotique

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Puisqu’il est impossible de se rappeler clairement quoi que ce soit sans détente, relâchement de l’esprit, l’amélioration de la vision fera suite à tout souvenir d’un objet ou épisode, même s’ils n’ont aucune relation avec la chose que l’on désire voir

Pour perfectionner le souvenir des lettres

En matière de lecture, nous nous comportons comme des gens tellement pressés d’atteindre le but que non seulement nous négligeons les moyens psycho-physiques les plus efficaces pour y arriver, mais qu’aussi nous ne tenons pas suffisamment compte des éléments objectifs extérieurs dont tout le processus de la lecture dépend, à savoir les lettres de l’alphabet. Notre aptitude à lire ne se perfectionnera pas tant que les lettres ne nous seront pas entièrement familières. Ici encore, c’est une question de regard analytique à combiner avec des actes du souvenir.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Les maîtres qui ont entrepris la rééducation des personnes souffrant de défauts de la vue ont découvert entre autres le fait curieux qu’un très grand nombre de gens n’ont pas une image mentale précise des lettres de l’alphabet. Les majuscules il est vrai sont familières presque à chacun, peut-être parce que c’est sur elles que le jeune enfant fait ses premiers exercices de lecture. Mais les minuscules, quoique regardées des centaines de fois chaque jour, sont si mal connues que beaucoup de gens ont de la peine à les reproduire exactement ou à reconnaître une lettre par sa description verbale

Pour perfectionner le souvenir des lettres

À ce procédé de familiarisation avec les lettres, par regard analytique et souvenir, on ajoutera avec profit un exercice impliquant l’emploi systématique de l’imagination

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Parfois, pour changer, on fera agir l’imagination d’une façon analogue, sur la lettre noire elle-même

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Ces trois procédés combinent les avantages du changement de direction du regard (shifting) entre des points très rapprochés avec ceux que procure l’exercice de l’imagination. L’esprit doit se relâcher suffisamment pour être à même de mobiliser ses images mémoratives des signes de ponctuation et les combiner en des formes simples, tandis que l’attention (et par conséquent l’œil physique) doit servir à développer l’habitude (favorable pour la vue) des petits changements de direction du regard (small-scale swinging shift), changements qui dans le troisième procédé représentent une variété rythmique du regard analytique.

Les causes de la myopie

Le docteur Bates, en effet, utilisa les plus petits caractères disponibles pour la rééducation des défauts visuels. Il fit lire à ses élèves non seulement des caractères du type « diamant », les plus exigus dont dispose l’imprimeur, mais aussi ces réductions microscopiques de textes imprimés que l’on ne peut obtenir que par photographie. Ces caractères microscopiques ne peuvent être lus que si les yeux et l’esprit sont en état de complète relaxation dynamique et font leur travail visuel avec une fixation centrale parfaite. Avec un bon maître pour l’aider, une personne présentant des défauts de la vue même très sérieux (et j’en parle par expérience personnelle) peut être rendue capable de lire des mots imprimés en caractères microscopiques. Et le résultat ce n’est ni fatigue ni tension, mais une amélioration notable, quoique temporaire, de la vue pour d’autres objets.

Les causes de la myopie

En négligeant le côté psychique des défauts visuels développés chez les écoliers, les réformateurs allaient certainement au-devant d’un échec au moins partiel de leurs efforts. Même si l’éclairage des écoles était perfectionné au dernier degré, même si les meilleurs caractères d’imprimerie étaient utilisés dans tous les manuels, un grand nombre d’enfants continueraient sans doute à développer la myopie et d’autres défauts visuels. Ils le feraient parce qu’ils sont souvent ennuyés et parfois effrayés, parce qu’ils n’aiment pas rester enfermés de longues heures, assis, à lire et écouter des leçons qui leur paraissent vides de sens, parce qu’ils n’aiment pas être contraints d’exécuter des tâches qu’ils trouvent aussi difficiles que peu intéressantes. En outre, l’esprit de compétition, la crainte des blâmes et du ridicule, créent chez beaucoup d’enfants un état d’anxiété chronique, qui à son tour affecte toutes les régions de l’organisme, sans en exclure les yeux et les fonctions mentales associées à la vue. Et ce n’est pas tout : les exigences de l’école sont telles que les enfants ont constamment des choses nouvelles et peu familières à considérer. Chaque fois qu’une formule mathématique nouvelle est inscrite au tableau noir, ou que la classe doit apprendre une nouvelle page de grammaire latine, ou doit étudier des particularités géographiques nouvelles sur une carte, chaque enfant est contraint de concentrer fortement son attention sur quelque chose de tout nouveau, c’est-à-dire quelque chose de difficile à voir, quelque chose qui provoque de la tension dans les yeux et l’esprit, même chez les enfants qui ont les meilleures habitudes de vision.

Les causes de la myopie

Environ soixante-dix pour cent des enfants sont assez bien équilibrés pour traverser l’âge de la scolarité sans troubles visuels. Les autres sortent de cette épreuve éducative avec de la myopie ou quelque autre trouble visuel.

Les causes de la myopie

Certains des facteurs psychiques de mauvaise vue ne pourront probablement jamais être éliminés de l’école, car ils semblent inhérents à la nécessité de grouper les enfants et de leur imposer la discipline et l’instruction livresque. D’autres facteurs peuvent être supprimés, mais seulement par une rare combinaison de bonne volonté et d’intelligence. Par exemple, à moins que les maîtres ne deviennent tous des anges et des génies, comment empêcher qu’un grand nombre d’enfants de chaque génération soient effrayés et tracassés ?

Les causes de la myopie

Il existe cependant un domaine dans lequel les causes de mauvaise vue peuvent être presque certainement éliminées sans grande difficulté : on peut soulager la tension oculaire et mentale provoquée par le retour constant de situations où l’activité visuelle de l’enfant s’exerce sur des objets peu familiers. Une technique extrêmement simple pour remplir ce but a été inventée par le docteur Bates et durant quelques années fut utilisée avec succès dans plusieurs écoles de diverses régions des États-Unis. Par suite de changements dans l’administration de ces écoles et de la pression exercée par les oculistes orthodoxes et organisés, ces exercices furent graduellement abandonnés. C’est un fait regrettable, car il est évident qu’ils eurent une action réelle en préservant la vision des enfants, alors que ces exercices étaient par leur nature absolument inoffensifs.     La technique du docteur Bates pour soulager la tension provoquée par la vue constante d’objets peu familiers était extrêmement simple. Elle consistait seulement à suspendre une table de Snellen bien en vue dans la salle scolaire et à recommander aux enfants, une fois familiarisés avec cette table, de la contempler quelques instants

Les causes de la myopie

Dans les conditions prévalentes, seuls les enfants qui ont d’excellentes habitudes de fonction visuelle peuvent espérer achever leur vie scolaire sans surmener leurs organes visuels. Or la tension est la cause principale du mauvais fonctionnement et cela signifie myopie pour beaucoup d’enfants.

Les causes de la myopie

La table de Snellen présente, nous l’avons vu, quelques désavantages. C’est pourquoi il sera judicieux de lui substituer un grand calendrier commercial

Les causes de la myopie

Un début de tension peut être très rapidement soulagé par un regard analytique jeté sur les mots ou chiffres bien connus, ou par un exercice de petits changements de direction de la vue, rapides et répétés (small-scale swinging shift), exercice effectué sur ces mêmes mots bien connus. Ajoutez à l’occasion une séance de palming et si possible de sunning, et ainsi il n’y aura aucun motif pour que le début de tension s’aggrave jusqu’à provoquer de la fatigue et une gêne de la vision.

Techniques de rééducation

L’approche d’amis le long de routes familières, des chevaux galopant au loin à travers champs, des bateaux glissant le long des rivières, des autobus arrivant et partant, tous ces souvenirs de distance et de profondeur sont utilisables. Parfois, il y aura avantage à les compléter par des scénarios imaginaires. Ainsi, on peut imaginer que l’on fait rouler des boules de billard le long d’une énorme table, ou qu’on lance une pierre sur la glace d’un lac en suivant des yeux son mouvement de glissement au loin.

Techniques de rééducation

Les procédés du sunning (exposition des yeux au soleil) et des balancements (swinging) n’exigent pas de modifications dans le cas spécial du myope. Les exercices destinés à supprimer la mauvaise habitude de regarder fixement et à renforcer la mobilité ainsi que la fixation centrale peuvent donc être pratiqués sans modification, sauf pour l’exercice au calendrier, qui peut être adapté comme suit aux besoins du myope.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

L’hypermétropie provoque souvent des malaises et des douleurs et lorsqu’elle est associée (chose assez fréquente) avec un léger degré de strabisme externe de l’un des yeux, elle peut causer de violents maux de tête, des vertiges, des accès de nausées et des vomissements. La neutralisation de l’hypermétropie par des lunettes réussit quelquefois à supprimer malaises et douleurs, mais d’autres fois elle échoue et la migraine avec nausées persiste jusqu’à ce que le patient ait appris l’art de voir

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

La presbytie est généralement considérée comme l’un des inconvénients inévitables du vieillissement. Comme les os du squelette, le cristallin durcit avec l’âge et ce durcissement est censé empêcher tous les yeux âgés d’accommoder la vue sur les objets proches. Néanmoins, beaucoup de gens âgés continuent à pouvoir accommoder jusqu’au jour de leur mort ; et quand les presbytes se soumettent à un cours approprié de rééducation usuelle, ils arrivent bientôt à lire à distance normale, sans l’aide de lunettes. Nous pouvons conclure de ce fait que la presbytie n’offre aucun caractère inévitable ou prédestiné.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les procédés de palming, sunning, swinging et shifting seront très utiles pour soulager les malaises associés à l’hypermétropie et placeront l’esprit et les yeux dans l’état de relaxation dynamique qui permet la vue normale. Ces procédés doivent être renforcés par des exercices d’imagination, qui sont très précieux pour améliorer la capacité de lecture des hypermétropes et presbytes.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

L’hypermétrope doit regarder l’un des grands chiffres de son calendrier, puis les yeux fermés, dans un état de détente (letting-go), évoquer le souvenir de l’intense noirceur de l’encre, en se disant, en même temps, que la même encre exactement est employée pour imprimer les petits caractères qu’il voit gris et brumeux.     Ensuite, faisant intervenir l’imagination, il doit évoquer le souvenir d’un de ces petits caractères, imaginer une tache plus noire à son sommet puis à sa base. Après avoir porté le regard intérieur d’une tache à l’autre, il regardera enfin la lettre réelle en ouvrant les yeux et fera sur elle le même exercice de shifting. Cette lettre ne tardera pas à foncer de couleur et pendant quelques secondes il sera capable de la voir distinctement ainsi que les autres petites lettres de la page. Puis tout redeviendra flou et il devra répéter ses exercices de mémoire et d’imagination.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

si les yeux et l’esprit peuvent faire du mal, ils peuvent aussi se porter secours mutuellement. Si l’esprit est en état de détente, la conformation des yeux est normale et les yeux normalement conformés travaillent si bien qu’ils n’ajoutent jamais aux difficultés de l’esprit. En outre, quand, par suite de tension mentale ou de toute autre cause, un dérangement oculaire a été produit, l’esprit peut contribuer à remédier à ce dérangement en remplissant bien sa tâche à l’une des extrémités de la double ligne de communication entre les yeux et l’esprit. Il peut effectuer des actes de souvenir, toujours accompagnés de l’état de relaxation ou de détente qui permet aux yeux de récupérer leur conformation et leur fonctionnement normaux. Il peut aussi évoquer par l’imagination des images d’objets extérieurs plus parfaits que ceux qu’il voit ordinairement sur la base des pauvres sensa transmis par les yeux déformés.

Astigmatisme et strabisme

Accommodez la vue sur le crayon, mais pour éviter le regard fixe, changez rapidement la direction du regard d’une extrémité à l’autre du crayon (shifting).

Lecture

L’intérêt pour le sujet de notre lecture intensifie notre tendance si humaine de courir au but

Lecture

la relaxation constitue l’un des principaux moyens d’atteindre notre but, c’est-à-dire d’arriver à voir le plus possible de caractères imprimés dans le plus court espace de temps, avec le minimum de fatigue et le maximum d’efficacité intellectuelle. Par conséquent, en inhibant les manifestations de notre impatience et de notre avidité, nous ne faisons tout d’abord que procurer à nos yeux et à l’esprit la relaxation dont ils ont tant besoin

Lecture

1) Fermez les yeux une ou deux secondes à la fin de chaque phrase ou période, ou de deux en deux phrases. Mettez-vous en état de détente (let go) et représentez-vous visuellement le dernier mot lu et le signe de ponctuation suivant

Lecture

La vision d’objets non familiers     C’est la plus difficile des situations où la vue peut se trouver fréquemment. Nous devons considérer avec intensité des objets non familiers, chaque fois par exemple que nous allons faire des achats dans un magasin, visiter un musée, bouquiner dans une librairie, que nous fouillons tiroirs et armoires pour y chercher un objet perdu, que nous faisons et défaisons des bagages ou réparons une machine, etc. Comment éviter ou réduire la fatigue et la tension qui succèdent à un tel usage de la vue ?

Cinéma

Parce que vous ne participez pas au drame, vous serez à même d’observer plus clairement que dans la vie réelle comment les acteurs sur l’écran exécutent des actes aussi ordinaires que l’ouverture d’une porte, la montée sur un cab, la façon de se servir à table, etc. Rendez-vous bien compte que vous voyez davantage sur l’écran que dans la vie réelle et après la représentation évoquez avec soin les images mémoratives des scènes que vous avez vues. Il en résultera que ces actes ordinaires vous paraîtront plus familiers qu’auparavant

Cinéma

Les figures agrandies permettront aux personnes de vue défectueuse de surmonter un de leurs handicaps les plus embarrassants : l’impuissance à reconnaître les visages

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

la clarté et la netteté des lettres éclairées par le soleil exercent une influence des plus salutaires sur l’esprit, qui se débarrasse de la tension causée habituellement par l’anxiété de bien voir et acquiert en lieu et place une confiance aisée dans sa capacité d’interpréter les sensa que les yeux lui apportent. Grâce à cette confiance et à la stimulation de l’apathique macula, il devient possible, au bout d’un certain temps, de faire fonctionner la vue avec autant d’efficacité sous un éclairage moins intense. La lecture sous un éclairage de dix mille bougies-pied est un exercice de rééducation qui prépare à la lecture sous un éclairage de cent bougies-pied seulement.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

La lumière fluorescente ne projette presque pas d’ombres. Par conséquent, l’élément de contraste, si important pour la vue normale, est absent des pièces éclairées par des tubes fluorescents

Fin des premières notes

Highlights seconde passe

Guérison ou soulagement par neutralisation des symptômes ?

Quelques-uns de ces procédés, tels que le repos, les massages, les applications de chaleur et de lumière, ne font point appel à l’esprit du patient, mais visent directement les organes affectés, leur but étant de relâcher les contractures, d’augmenter la circulation et de conserver la mobilité.

Guérison ou soulagement par neutralisation des symptômes ?

D’autres mesures sont d’ordre éducatif et comportent, de la part du patient, la coordination des efforts de l’esprit et du corps. Grâce à cet appel au facteur psychologique, on arrive à obtenir des résultats surprenants. Un bon maître utilisant une bonne technique réussira souvent à rééduquer la victime d’un accident ou d’une paralysie jusqu’à la récupération graduelle des fonctions perdues, et par cette récupération jusqu’au rétablissement de la santé et de l’intégrité de l’organe défectueux.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Tout d’abord, le fait même que la méthode n’est pas reconnue et se heurte à la barrière de l’orthodoxie suffit à attirer les petits aventuriers et charlatans qui pendent aux basques de la société, toujours prêts et ardents à tirer parti des souffrances humaines.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Le nombre de ceux qui ne sont pas soulagés par le traitement symptomatique des défauts visuels est considérable et la méthode du docteur Bates possède une grande réputation d’efficacité dans ces cas. En outre, la technique n’étant pas orthodoxe, il s’ensuit que ses instructeurs ne sont pas soumis à l’obtention d’un diplôme légal de compétence. Possibilité d’une immense clientèle, besoin désespéré de secours, pas de questions relatives à vos connaissances, votre caractère, à vos capacités ! Ce sont là des conditions idéales pour la pratique du charlatanisme.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Quoi d’étrange, dès lors, si des gens sans scrupules ont profité de l’occasion qui leur était offerte ? Mais parce que quelques praticiens non orthodoxes sont des charlatans, il ne s’ensuit pas nécessairement que tous doivent l’être, et j’insiste là-dessus. Mais hélas ! comme le démontre clairement l’histoire de n’importe quel groupe professionnel, l’opinion orthodoxe est toujours prête à le croire

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

C’est là une des raisons pour lesquelles, dans ce cas particulier, la présomption injustifiable que toute l’affaire n’est que du charlatanisme est largement admise en dépit de l’évidence du contraire. Pour lutter contre le charlatanisme, il n’y a pas lieu de supprimer une méthode essentiellement saine, mais il faut pour ses maîtres une éducation convenable et un contrôle.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Le second motif pour la non-acceptation de la méthode peut être résumé en trois mots : habitude, autorité, esprit de corps professionnel. Le traitement symptomatique des défauts de la vue existe depuis très longtemps, il a été porté à un haut degré de perfection et, dans les limites de son cadre, obtient des succès satisfaisants. Si dans un certain nombre de cas il n’a pas réussi même à pallier les symptômes, ce n’est la faute de personne, mais une insuffisance inhérente à la nature des choses. Durant des années, les plus hautes autorités médicales ont affirmé que cette explication des faits était la seule possible. Et qui veut risquer de mettre en doute l’affirmation venant d’une autorité reconnue ? Certainement pas les membres de la profession qui représentent cette autorité.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Chaque groupement professionnel a son propre esprit de corps, son « patriotisme privé » qui le fera réagir contre toute rébellion à l’intérieur de ce corps professionnel et contre toute compétition ou critique provenant de l’extérieur.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Puis vient la question des capitaux investis. La fabrication des lentilles optiques constitue actuellement une industrie considérable, et leur vente au détail une branche fructueuse du commerce, à laquelle seules peuvent avoir accès les personnes qui ont subi une préparation technique spéciale. Il est donc naturel que parmi ces personnes autorisées il se manifeste une vraie répulsion pour toute technique nouvelle qui menace de rendre inutile l’usage des verres optiques.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

La rééducation visuelle exige du patient passablement de réflexion, de temps et de peine ; mais ces trois choses représentent précisément un effort que l’écrasante majorité des êtres humains n’est pas préparée à fournir, à moins qu’ils n’y soient incités par un désir passionné ou un besoin impérieux.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Un autre motif de l’attitude orthodoxe en cette matière est d’ordre strictement empirique. Les oculistes et opticiens affirment qu’ils n’ont jamais observé les phénomènes d’autorégulation et de guérison décrits par Bates et ses disciples, et ils en tirent la conclusion que de tels phénomènes n’ont jamais existé. Dans ce syllogisme les prémisses sont vraies, mais la conclusion est fausse. Il est bien vrai que les oculistes et opticiens n’ont jamais observé les phénomènes décrits par Bates et ses élèves, mais c’est parce qu’ils n’ont jamais eu affaire à des patients ayant appris à utiliser les organes de la vision en état de relâchement, sans tension. Aussi longtemps que les organes de la vision travailleront dans des conditions de tension mentale et physique, la vis medicatrix naturae ne se manifestera pas et les défauts oculaires persisteront ou s’aggraveront. Les oculistes et opticiens observeront les phénomènes décrits par Bates dès qu’ils tenteront de soulager la tension dans les yeux de leurs patients, à l’aide de la méthode d’éducation visuelle de Bates. Du fait que ces phénomènes ne peuvent se produire dans les conditions imposées par les praticiens orthodoxes, ceux-ci ne peuvent conclure que ces phénomènes n’apparaîtront pas avec la modification des conditions de travail des yeux, alors que la puissance de guérison propre à l’organisme pourra jouer librement, sans obstacles.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

À ce motif empirique de rejet de la technique de Bates, il faut en ajouter encore un autre, cette fois de nature théorique. Au cours de sa carrière d’oculiste, le docteur Bates en vint à mettre en doute la véracité de l’hypothèse généralement admise, concernant le pouvoir d’accommodation de l’œil pour voir de près ou de loin. Cette question fut longtemps le sujet de discussions passionnées jusqu’à ce que, finalement, il y a de cela quelques générations, l’opinion médicale orthodoxe se décidât en faveur de l’hypothèse de Helmholtz, qui attribue le pouvoir d’accommodation de l’œil à l’action du muscle ciliaire sur le cristallin.

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

En étudiant certains cas de vision défectueuse, le docteur Bates observa des faits impossibles à expliquer par la théorie d’Helmholtz. À la suite de nombreuses expériences tant sur l’homme que sur l’animal, il en arriva à la conclusion que le facteur principal dans l’accommodation n’est pas le cristallin, mais les muscles extrinsèques du globe oculaire et que la mise au point de l’œil pour les objets proches et distants est effectuée par l’allongement et le raccourcissement du globe oculaire in toto

Motifs de désapprobation de la part des orthodoxes

Croyant que la théorie de l’accommodation de Bates était fausse, les orthodoxes en ont conclu que sa technique d’éducation visuelle devait être erronée et sans fondement. De nouveau, il s’agit là d’une conclusion injustifiable

Qu’est-ce que l’art de voir ?

L’art de voir ressemble aux autres activités psychophysiques fondamentales ou primordiales, telles que la parole, la marche, les mouvements des mains. Ces facultés fondamentales sont acquises normalement dans la première enfance par un processus d’autoformation avant tout inconscient. Le développement de bonnes habitudes de vision exige évidemment plusieurs années d’éducation, mais une fois formée, l’habitude d’un exercice correct des organes (mental et organique) de la vision devient automatique, de la même façon exactement que le devient l’activité du larynx, de la langue et du palais pour la parole, ou celle des jambes pour la marche. Mais tandis qu’il faut un choc très sérieux, physique ou mental, pour anéantir le mécanisme automatique de la parole ou de la marche normale, il suffira d’un désordre relativement insignifiant pour que les organes de la vue perdent l’habitude de voir correctement.

Qu’est-ce que l’art de voir ?

Ces habitudes correctes sont remplacées par des habitudes incorrectes ; la vision en souffre et, dans quelques cas, le mauvais fonctionnement favorisera l’apparition de maladies oculaires et de défauts organiques chroniques de la vue.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

Quel que soit l’art que vous désiriez apprendre, l’acrobatie, le jeu du violon, la prière mentale ou le golf, l’art du théâtre, du chant ou de la danse, etc, il est un point sur lequel tout bon maître insistera toujours : apprenez à combiner le relâchement avec l’action ; apprenez à exécuter sans tension ce que vous avez à faire ; travaillez dur, mais jamais sous tension.     Il peut sembler paradoxal de vouloir combiner l’activité avec le relâchement, mais en réalité il n’y a pas là de paradoxe. Car le relâchement est de deux espèces, passif et dynamique. La relaxation passive est obtenue dans l’état de repos complet par un processus conscient de « laisser-aller ». Cette relaxation passive est excellente comme antidote contre la fatigue, comme méthode de soulagement momentané d’une tension musculaire exagérée et de la tension psychique qui l’accompagne toujours. Mais cette relaxation, dans la nature des choses, ne suffira jamais à elle seule. Nous ne pouvons passer toute notre vie au repos ni, par conséquent, nous abandonner toujours à la relaxation passive. Mais il existe aussi une autre relaxation que l’on peut bien qualifier de dynamique. La relaxation dynamique constitue cet état du corps et de l’esprit qui est associé à un fonctionnement normal et naturel. Dans le cas des activités psychophysiques fondamentales ou primordiales, comme je les ai définies, le fonctionnement normal et naturel des organes intéressés peut se perdre parfois. Mais une fois perdu, il peut être récupéré ensuite consciemment par quiconque aura appris les techniques convenables.

Principes fondamentaux à la base de tous les arts

Le mauvais fonctionnement et la tension tendent à apparaître chaque fois que le « moi conscient » entre en compétition avec l’habitude, acquise instinctivement, d’un exercice correct de la fonction, soit que le moi fasse un effort trop intense pour bien agir, soit que la crainte injustifiée d’erreurs ou fautes possibles le rende trop anxieux. Dans l’édification de n’importe quelle aptitude psychophysique, le moi conscient doit bien donner des ordres, mais pas trop ; il doit contrôler la formation de bonnes habitudes de fonctionnement, mais cela sans fracas, avec modestie, discrétion, sans trop montrer sa force. Les maîtres de la prière ont découvert sur le plan spirituel la grande vérité que « là où le rôle du moi est fort, celui de Dieu est d’autant plus faible » ; cette même vérité a été également constatée souvent sur le plan physiologique par les maîtres de divers arts. Plus le « moi » est présent, plus le rôle de la nature est réduit, celui du fonctionnement correct et normal de l’organisme. Le rôle joué par le « moi » conscient en diminuant la résistance du corps contre la maladie a été reconnu depuis longtemps par la science médicale.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

j’utiliserai le vocabulaire employé par le docteur C. D. Broad dans son livre : L’Esprit et sa place dans la Nature, ouvrage qui par son analyse subtile, allant jusqu’à l’épuisement du sujet traité, et par la clarté limpide de l’exposition, prend rang parmi les monuments de la littérature philosophique moderne.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

Le processus de la vue peut être scindé par l’analyse en trois processus subsidiaires : ceux d’une sensation, d’une sélection et d’une perception.     Ce qui est senti est une série de sensa à l’intérieur d’un champ visuel (un sensum visuel est l’une des taches colorées qui forment pour ainsi dire la matière première de la vue, et le champ visuel représente la totalité de ces taches susceptibles d’être senties à chaque moment).     La sensation est suivie de la sélection, processus par lequel une partie du champ visuel est discriminée, séparée du reste. Ce processus est basé physiologiquement sur le fait que l’œil enregistre ses images les plus précises au point central de la rétine, la région de la macula avec sa petite fovea centralis, point de la vision la plus aiguë. Il existe aussi, cela va sans dire, une base psychologique pour la sélection, car en toute occasion il y a quelque chose dans le champ visuel qu’il nous importe de distinguer plus clairement que toute autre partie de ce champ.     Le processus final comporte la perception. Ce processus amène la reconnaissance du sensum senti et sélectionné, comme l’apparence d’un objet physique existant dans le monde extérieur. Il est nécessaire de rappeler que les objets physiques ne sont pas donnés comme une réalité primordiale ; ce qui est donné, c’est seulement une série de sensa, et un sensum, dans le langage du docteur Broad, est quelque chose « qui n’a pas de substratum ».     En d’autres termes, le sensum comme tel n’est qu’une simple tache de couleur sans rapport avec un objet physique extérieur. Cet objet physique extérieur ne fait son apparition que lorsque nous avons distingué par sélection le sensum en l’utilisant pour le percevoir. C’est notre esprit qui interprète le sensum comme l’apparence d’un objet physique dans l’espace extérieur.

CHAPITRE III La vision : résultante d’une sensation, d’une sélection et d’une perception

Il est clair, à en juger par le comportement des petits enfants, que nous n’entrons pas dans le monde avec des perceptions toutes faites des objets. Le nouveau-né commence par sentir une quantité de sensa vagues, indéterminés, qu’il ne sélectionne pas même et qu’il perçoit encore moins comme des objets extérieurs. Petit à petit, il apprend à discriminer les sensa qui ont le plus d’intérêt et de signification pour lui et, à l’aide de ces sensa sélectionnés, il arrive graduellement à percevoir les objets externes, à travers un processus d’interprétation convenable. Cette faculté d’interpréter les sensa sous forme d’objets extérieurs physiques est probablement innée ; mais elle exige pour se manifester convenablement une quantité d’expériences accumulées et une mémoire capable de retenir ce lot d’expériences. Cette interprétation de sensa sous forme d’objets physiques extérieurs ne devient rapide et automatique qu’au moment où l’esprit peut tirer parti de son expérience passée de sensa similaires, heureusement interprétés de la même façon.

Un exemple

Sentir n’est pas la même chose que percevoir. Les yeux et le système nerveux opèrent la sensation, et l’esprit la perception.     La faculté de perception est reliée aux expériences accumulées par l’individu, en d’autres termes à la mémoire.     La vue claire est le produit d’une sensation exacte et d’une perception correcte.     Toute amélioration de la faculté de perception tend à s’accompagner d’un perfectionnement dans la puissance de la sensation et cette résultante de la sensation et perception qui constitue la vue.

CHAPITRE IV Variations dans le fonctionnement du corps et de l’esprit

Chez les enfants, la fonction visuelle est aisément troublée par un choc émotionnel ou de grands efforts. Mais, au lieu de chercher à supprimer ces conditions psychiques déprimantes et à restaurer un fonctionnement visuel convenable, les parents de l’enfant qui se plaint de troubles visuels se dépêchent de faire pallier ce trouble par le port de lunettes. Ce cas n’a pas plus d’importance pour eux que l’achat de chaussettes ou de tabliers, et en fournissant ainsi des lunettes à l’enfant ils le rendent pour toute sa vie dépendant de ce moyen mécanique, destiné à neutraliser les symptômes d’une fonction défectueuse, mais au prix d’une aggravation des causes.

Des yeux variables en présence de lunettes invariables

Toute lentille artificielle est destinée à corriger un vice spécifique de réfraction. Cela signifie qu’un œil ne verra clairement au travers d’une lentille qu’à la seule condition que cet œil présentera exactement le vice de réfraction que la lentille en question est destinée à corriger.     Tout effort de la part des yeux porteurs de lunettes pour exercer leur capacité naturelle de variation est aussitôt handicapé, parce qu’il rendrait la vision encore moins claire 

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

L’attention est essentiellement un processus de discrimination – acte consistant à séparer et isoler une chose ou pensée particulière de toutes les autres dans le champ des sensations et dans le champ des pensées. Dans le processus total de la vue, l’attention est intimement associée à la sélection ; on pourrait même dire qu’elle est presque identique à cette activité.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

La perception n’est possible que par un changement qui lui n’est possible que par le mouvement. 

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

la psychologie a cependant tellement négligé le rôle joué par les mouvements qu’elle oublia finalement qu’ils sont la condition principale de la connaissance, en tant qu’ils constituent les instruments de la loi fondamentale de la conscience, qui est relativité, changement.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

« Nous en avons dit assez maintenant pour justifier l’affirmation inconditionnelle que sans mouvement il n’y a pas de perception. »

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

La concentration de l’attention sur quelque objet ou pensée peut perdurer un temps considérable chez les personnes normales. Mais ce que l’on nomme communément un objet ou une pensée est quelque chose de très complexe, ayant plusieurs parties ou aspects et notre attention passe en réalité d’une partie à l’autre, allant et venant tout le temps. Notre attention dirigée sur ce que l’on peut appeler sérieusement une seule chose, n’offrant pas l’occasion de mouvement de l’attention d’une partie à une autre, disons par exemple sur une petite tache de couleur, ne peut être fixée plus d’une seconde environ, sans risque sérieux de tomber en extase hypnotique ou quelque condition pathologique analogue.

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

nous nous efforçons d’éliminer tous les mouvements autres que ceux strictement nécessaires à notre tâche. Si nous n’avons pas de tâche à exécuter, nous essayons d’inhiber tous nos mouvements et de maintenir notre corps parfaitement tranquille. Nous connaissons tous bien l’attitude de l’auditoire dans un concert. Tant que la musique est jouée, les gens restent assis sans remuer. Dès que le dernier son est éteint, le bruit éclate en même temps que les applaudissements, une vraie tornade de toux, d’éternuements et de remuements divers. L’intensité de ce bruit éclatant comme une explosion donnera une idée de la force des inhibitions imposées par l’attention dirigée sur la musique. 

Les causes du mauvais fonctionnement visuel : L’« attention mal dirigée »

Mouvements continuels des yeux, inhibition des mouvements dans le reste du corps : telle est la règle en ce qui concerne l’attention visuelle. Aussi longtemps que cette régie sera observée, en l’absence de maladie ou de trouble psychique, le fonctionnement visuel restera normal. L’état anormal survient lorsque l’inhibition du mouvement, correcte et convenable dans les autres parties du corps, est transmise aux yeux où elle n’a que faire. Cette inhibition des mouvements des yeux – mouvements avant tout inconscients – est provoquée par un désir de voir trop avide. Dans notre empressement excessif, nous immobilisons inconsciemment les yeux, tout comme nous avons immobilisé les autres régions du corps. Il en résulte que nous commençons à regarder fixement le champ de sensa que nous tentons de percevoir. Mais un regard fixe desservira toujours son propre but ; car, au lieu de voir davantage, la personne qui aura immobilisé son appareil sensitif (acte qui immobilise en même temps l’attention en corrélation intime avec la sensation) subira automatiquement une réduction de sa puissance visuelle, laquelle dépend de la mobilité ininterrompue tant des yeux, siège de la sensation, que de l’esprit, siège de la sélection et perception.

Relaxation passive : application de la paume des mains sur les yeux (palming)

Selon des termes employés par Franz Alexander, nous aspirons tous avidement au but envisagé, sans faire assez attention aux moyens d’y parvenir. Et pourtant, pour quiconque réfléchit un instant, il doit être évident que la nature des moyens employés déterminera toujours la nature du but atteint.

Clignement normal et anormal

on pourra périodiquement comprimer les yeux par une contraction intense des paupières fermées, renforçant l’action des paupières par celles des autres muscles de la face. On devrait le faire chaque fois que l’on est tenté de se frotter les yeux – manière brutale et barbare d’opérer à l’aide des doigts ce que les paupières si bien adaptées peuvent faire avec plus de sécurité et tout aussi efficacement. Cette contraction compressive peut être pratiquée à l’occasion, même s’il n’y a pas de démangeaisons ou d’autre malaise dans les yeux, simplement dans le but d’augmenter la circulation locale et de stimuler la sécrétion des larmes.

Clignement normal et anormal

La fatigue des yeux peut aussi être soulagée en frictionnant et pétrissant les muscles de la nuque. Les personnes sujettes à la tension des yeux pourront avec avantage tirer parti de ce mode rudimentaire de massage de la nuque par eux-mêmes, deux ou trois fois par jour

Respiration normale et anormale

les psychologues expérimentaux ont constaté une corrélation assez constante entre l’état de l’attention et les modifications de rythme et d’amplitude de la respiration. En termes plus simples, ils ont constaté que lorsque nous fixons quelque chose attentivement, nous avons la tendance soit de retenir la respiration durant plusieurs secondes d’un seul effort, soit, si nous respirons, de respirer plus superficiellement que d’habitude

Respiration normale et anormale

La cause en est due au fait qu’en essayant de concentrer l’attention, nous trouvons que les bruits et sensations de mouvement musculaire associés à la respiration constituent une source de distraction.

Respiration normale et anormale

 la vision dépend beaucoup d’une bonne circulation, et la circulation n’est bonne que si l’afflux de sang est suffisant (ce qui n’est pas le cas lorsque l’esprit est sous tension et les yeux dans un état de tension neuro-musculaire) et le sang en même temps de bonne qualité (ce qui n’est certainement pas le cas si la respiration retenue en a diminué l’oxygénation).

Respiration normale et anormale

Le volume de la circulation sanguine dans les yeux et autour d’eux peut être augmenté par les procédés de la relaxation passive et dynamique. La qualité du sang peut être améliorée en apprenant à respirer consciemment, même dans les moments d’attention soutenue.

La crainte de la lumière, si fréquente

Dans les dernières années, la croyance pernicieuse et sans aucun fondement s’est développée que la lumière est mauvaise pour les yeux. On suppose maintenant que cet organe, qui au cours de nombreux millions d’années s’est adapté très heureusement à la lumière solaire avec tous ses degrés d’intensité, est incapable de supporter la lumière du jour sans adoucissement par des lunettes teintées, ou la lumière des lampes sinon diffusée par un verre dépoli ou réfléchie par le plafond. Cette notion extraordinaire que l’organe de la vue est inadapté à supporter la lumière n’est devenue populaire que dans les vingt dernières années environ. Avant la guerre de 1914, il était, autant que je m’en souvienne, très rare de voir qui que ce soit porter des lunettes foncées. Petit garçon, je considérais les gens porteurs de lunettes avec un mélange de sympathie craintive et de cette curiosité plutôt macabre que les enfants réservent aux personnes affligées de n’importe quelle infirmité extraordinaire ou défigurante. Aujourd’hui, tout cela a changé. Le port de lunettes noires est devenu non seulement commun, mais honorable ; preuve en soit le fait que les jeunes filles en costumes de bain, représentées sur la couverture des magazines à la mode, portent toujours ces lunettes. Les lunettes noires ont cessé d’être l’insigne d’une infirmité, et sont compatibles actuellement avec la jeunesse, l’élégance et le « sex-appeal ».     Cette rage fantastique d’obscurcir la vue tire son origine de certains cercles médicaux, où une terreur panique des radiations ultra violettes de la lumière solaire ordinaire s’est développée depuis une génération : cette rage a été entretenue et popularisée par les marchands de lunettes colorées et de montures de lunettes en celluloïd. Leur propagande a été efficace.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Comme on l’a expliqué dans la première partie de ce livre, l’attention est naturellement mobile, et passe continuellement d’une partie à l’autre des objets physiques qu’elle remarque, d’un aspect à l’autre des pensées qu’elle considère.

CHAPITRE IX Fixation centrale

la structure de l’œil qui n’enregistre d’images très précises qu’à la région centrale de la rétine dite macula lutea avec sa fovea centralis, point central de la vue la plus aiguë.     Il existe une importante exception à cette règle, d’après laquelle nous voyons très bien seulement la petite surface que nous fixons directement. De nuit, alors qu’il y a un minimum de lumière, ce sont les régions externes de la rétine qui sont le mieux impressionnées. Ce fait fut découvert, il y a des siècles déjà, par les astronomes ; ils constatèrent en effet qu’en fixant directement une constellation ils ne réussissaient à voir que les étoiles les plus brillantes, tandis qu’en regardant un peu à côté de la constellation ils arrivaient à découvrir d’autres étoiles de grandeur inférieure. Selon les termes employés par François Arago, l’éminent physicien français, « pour voir un objet très mal éclairé, il est nécessaire de ne pas le fixer »

CHAPITRE IX Fixation centrale

le cercle de un centimètre et demi de diamètre représente la partie dont l’image tombe sur la macula entourant la fovea centralis. Tout le reste de la page imprimée est enregistré par les régions externes de la rétine et par conséquent est vu moins clairement.     Grâce à l’existence de cette tache centrale de sensibilité plus grande, la mobilité de l’attention entraîne nécessairement une mobilité correspondante des yeux. Car, comme l’esprit change son attention d’une partie à l’autre de l’objet regardé, les yeux sont mis en mouvement automatiquement et inconsciemment, de sorte que le point sur lequel l’attention est dirigée constituera le point senti avec le plus de clarté par les yeux, ou pour parler en termes physiologiques, de sorte que les rayons lumineux réfléchis par l’endroit où l’attention s’est portée tomberont directement sur la macula et la fovea centralis. Quand cela arrive, on dit que nous voyons avec la fixation centrale. Pour « sentir » toutes les parties d’un objet avec la fixation centrale, ou en d’autres termes avec le maximum de clarté, l’œil doit faire un nombre énorme de mouvements minuscules et rapides d’un point à l’autre de l’objet. Si ces changements de la position de l’œil n’ont pas lieu, l’œil ne réussit pas à voir toutes les régions de l’objet avec la fixation centrale, c’est-à-dire avec le maximum de clarté.

CHAPITRE IX Fixation centrale

La mobilité est donc la condition normale et naturelle de l’esprit pour la sélection et la perception ; et puisque la fixation centrale est nécessaire, la mobilité est également la condition naturelle et normale de l’œil, organe de la sensation. Dans la première et seconde enfance, la plupart des gens apprennent inconsciemment à maintenir leurs yeux et leur esprit dans cet état de mobilité et à recevoir leurs sensations à l’aide de la fixation centrale. Mais malheureusement, pour toutes sortes de raisons, ces habitudes de vision correcte peuvent se perdre. D’une façon ou d’une autre, le « moi » conscient intervient dans le fonctionnement normal et naturel. Il en résulte que l’attention est dirigée avec fixité, au lieu de passer continuellement avec aisance d’un point à l’autre, et que les yeux au lieu de changer constamment de direction ont un regard fixe.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Ce mauvais fonctionnement entraîne des efforts physiques et mentaux, qui à leur tour aggravent le mauvais fonctionnement. À la suite de ces efforts et du fonctionnement incorrect, l’appareil sensitif subit une altération, cause de vices de réfraction et d’autres anomalies physiques fâcheuses, la vision se détériore et, les mauvaises habitudes s’enracinant avec le temps, les yeux (surtout s’ils portent lunettes) perdent de plus en plus leur capacité d’autorégulation et de résistance à la maladie.

CHAPITRE IX Fixation centrale

Dans la grande majorité des cas cependant, cette habitude est acquise concomitamment avec les autres habitudes de bon fonctionnement et ce n’est que plus tard qu’elle se perd, en général grâce à l’intervention du « moi » conscient dont les craintes, tourments, tracas, désirs, chagrins et ambitions entravent toujours le fonctionnement normal des organes physiques, du système nerveux et de l’esprit

CHAPITRE X Méthodes d’éducation des yeux et de l’attention, pour leur apprendre à se mouvoir

le meilleur moyen d’arriver à la fixation centrale ne consiste pas à chercher à voir une petite surface mieux que toutes les autres, mais à cultiver la mobilité, condition nécessaire pour voir successivement avec le maximum de précision de petites surfaces d’un objet. C’est pourquoi je commencerai par décrire certains procédés destinés à accroître la mobilité des yeux et de l’esprit, et ce n’est qu’ensuite que je passerai aux méthodes visant directement à rendre l’élève conscient de la fixation centrale. Les personnes de vue défectueuse seront bien avisées de suivre le même ordre dans leurs exercices éducatifs. D’abord apprendre à maintenir les yeux et l’attention en mouvement aisé et constant ; ensuite seulement, lorsque le mouvement a renforcé l’activité des yeux, apprendre consciemment à reconnaître les phénomènes de fixation centrale pour en augmenter l’intensité.

Balancement, oscillations (swinging)

Les divers procédés, auxquels le docteur Bates a donné le nom de « balancement » (swinging), doivent primitivement permettre à celui qui les exerce de se rendre bien compte de ce mouvement apparent des objets extérieurs et, par là, de développer un état de libre mobilité dans l’appareil sensitif de l’œil et dans l’esprit qui le contrôle. Là où une telle mobilité existe, la tension de l’esprit et des yeux est relâchée, le regard fixe est remplacé par de rapides changements de la fixation centrale, d’où une amélioration marquée de la vision.     On peut inventer et exercer un grand nombre de balancements, d’oscillations (swings), mais tous ne sont que des variétés d’un ou deux types fondamentaux, qui seuls seront décrits.     Pour exercer le « balancement court », tenez-vous devant une fenêtre, ou sur un pas-de-porte, ou bien en tout endroit d’où l’on peut apercevoir à côté d’un objet proche un autre objet plus éloigné. Par exemple, le barreau vertical d’un cadre de fenêtre peut tenir lieu d’objet rapproché, tandis qu’un arbre ou une partie de maison, de l’autre côté de la rue, servira d’objet éloigné. À l’intérieur d’une chambre, l’objet rapproché peut être une grande lampe à pied, ou un bout de cordon pendant du plafonnier, tandis qu’un tableau sur le mur ou un objet d’art sur la cheminée servira d’objet éloigné. Tenez-vous debout, les pieds écartés d’environ un demi-mètre, et balancez le corps régulièrement, doucement, pas trop vite, d’un côté à l’autre, portant le poids du corps alternativement sur chaque pied. Le balancement ne doit pas être trop ample (moins de trente centimètres est parfaitement suffisant) et la tête ne doit pas tourner sur les épaules, mais doit toujours rester sur le même plan et regarder droit en avant, se déplaçant à l’unisson avec le buste. Dans le balancement à droite, l’objet proche (disons le barreau de la fenêtre) paraîtra se déplacer à gauche à travers l’objet plus éloigné. En se balançant à gauche, cet objet proche semblera se déplacer à droite. Observer ce mouvement apparent au cours de plusieurs balancements ; puis fermez les yeux, tout en continuant à vous balancer d’un côté à l’autre, et représentez-vous ainsi le mouvement apparent du barreau de fenêtre au travers de l’arbre du fond du jardin ou au travers de la maison de l’autre côté de la rue. Ensuite, rouvrez les yeux et durant quelques balancements observez de nouveau le barreau réel dans ses mouvements apparents. Fermez de nouveau les yeux et représentez-vous ces mouvements ; et ainsi de suite durant une minute ou deux, ou davantage.     Cette méthode a plusieurs avantages. Elle rend l’esprit conscient du mouvement et l’y habitue. Elle concourt à briser la mauvaise habitude de l’œil défectueux de regarder fixement. Elle procure automatiquement un changement de l’attention et de la fovea centralis. Tout cela contribue directement à la relaxation dynamique des organes de la vue. Une contribution indirecte au même résultat proviendra du mouvement rythmique de balancement, dont l’action apaisante pour le corps et l’esprit rappelle celle des mouvements du berceau et de la chaise à bascule.     À ces effets apaisants du balancement court, le « balancement long » ajoutera son action directe et bienfaisante sur la colonne vertébrale par de légers mouvements répétés de flexion. Pour exercer ce long balancement, tenez-vous debout, les pieds écartés comme précédemment ; mais au lieu de vous contenter d’une oscillation courte du corps, tel un pendule à faible course, donnez à votre balancement un plus grand arc, en faisant fléchir le tronc latéralement sur les hanches, et la tête sur les épaules. En se balançant à gauche le poids du corps est jeté sur le pied gauche tandis que le talon du pied droit est soulevé. Vice versa, le talon gauche est soulevé quand on s’incline sur la droite. Les yeux, au cours de ce balancement d’un côté à l’autre, couvrent un arc de cercle de 180 degrés ou même plus et le monde extérieur oscille comme balayé d’un côté à l’autre. Il ne faut pas chercher à fixer des yeux quoi que ce soit dans ce champ visuel mouvant. L’attitude de l’esprit, en exerçant ce long balancement, doit être celle d’une passivité et indifférence complètes. On laisse le monde passer devant soi sans y faire attention, sans le moindre effort pour percevoir ce qui passe devant vos yeux. L’action sélective et perceptive de l’esprit est mise hors d’action et l’on est réduit à la pure sensation – l’organisme physiologique prenant congé du « moi » conscient.     Un tel congé du « moi » conscient est extrêmement reposant. En outre, puisque c’est ce moi conscient qui est en général responsable de la mauvaise vue (soit en hébergeant des émotions tristes, soit en dirigeant mal son attention, soit en ignorant d’une autre manière encore les règles établies par la nature pour un fonctionnement visuel normal), cette inhibition temporaire du « moi » conscient contribuera à rompre les anciennes habitudes de mauvais fonctionnement et à préparer le terrain pour en créer de meilleures à l’avenir. Au cours du long balancement, l’appareil sensitif de l’œil échappe temporairement à la servitude qui le lie à l’esprit, un esprit qui fait de cet appareil mauvais usage en l’immobilisant dans un regard fixe, et l’œil apprend une fois de plus comment fonctionner dans un état de libre mobilité sans tension.

Autres facteurs de mobilité

Les dominos aussi peuvent servir à rompre l’habitude de regarder fixement et à développer dans les yeux et l’esprit l’état indispensable de mobilité. Procurez-vous un jeu de dominos, de préférence un jeu qui aille jusqu’au double-neuf ou même au double-douze.     Disposez au hasard les dominos en trois rangées de huit à dix chacune, à l’intérieur d’un couvercle de boîte en carton. Serrez-les étroitement ou collez-les sur place, de façon que le couvercle puisse être manié sans renverser les dominos. Dressez le couvercle sur une table, où il repose par l’un de ses bords, de façon que la mosaïque de dominos vous fasse vis-à-vis et que vous la contempliez assis à une distance convenable. Si la vue à distance est au-dessus de vos forces, prenez le couvercle dans la main à la distance où les dominos sont vus facilement, et augmentez la distance à mesure que la vision s’améliore. Ensuite, aussi vite que possible, citer les nombres inscrits dans les moitiés supérieures des dominos de la première rangée ; puis ceux des moitiés inférieures de ces dominos ; puis ceux des moitiés supérieures et inférieures successivement dans les autres rangées. Faites cela sans aucune préoccupation d’examen à passer, l’esprit relâché, en portant les yeux d’un mouvement aisé d’un domino à l’autre et en clignant fréquemment.

Autres facteurs de mobilité

Fermez les yeux durant quelques secondes, entre chaque rangée. Puis continuez l’exercice, citant le nombre des points en suivant une ligne horizontale, sur les moitiés supérieures et inférieures des dominos de chaque série, ensuite en suivant les lignes verticales et en diagonale. Enfin, compliquez l’exercice en comptant le nombre total de points dans les lignes verticales.     Précieux dans tous les cas de vision défectueuse associée à la tension et à la fixité du regard, ces exercices de dominos, en concomitance avec d’autres décrits au chapitre des « coups d’œil rapides » (flashing), sont surtout utiles dans les cas d’astigmatisme.

Vision inconsciente

les sensa laissent des traces et par conséquent peuvent être l’objet d’un souvenir, même s’ils n’ont pas été perçus par l’esprit conscient. Quand des personnes à vision défectueuse jettent un coup d’œil rapide à quelque objet, il arrive souvent qu’elles ne le voient pas du tout ou ne le voient que comme une tache sombre. Mais en se détournant et en fermant les yeux, elles découvriront souvent qu’elles ont une image mémorative de la sensation reçue. Souvent cette image est si ténue qu’elles sont à peine conscientes de sa présence. Mais si ces personnes renoncent à faire des efforts anxieux pour amener cette image dans le champ de la conscience et se contentent de faire au hasard une conjecture sur sa nature, il arrivera souvent que cette conjecture sera juste. De cela nous pouvons conclure que nous pouvons nous rappeler ce que nous avons senti sans le voir vraiment, pourvu seulement que la tension mentale associée au « moi » conscient soit relâchée, à l’aide de l’hypnose ou par d’autres méthodes moins drastiques.

Vision inconsciente

Cette condition du relâchement est de la plus haute importance pratique. La tension, nous l’avons dit, érige une barrière entre les yeux qui sentent et l’esprit qui perçoit, mais si les organes de la vue sont mis en état de relâchement, comme on y arrive par les procédés de la paume des mains sur les yeux (palming), de l’exposition au soleil (sunning) et du balancement (swinging), cette barrière s’abaisse ; et bien que tout d’abord il puisse être impossible de percevoir la sensation reçue par l’appareil sensitif de l’œil regardant un objet extérieur donné, il devient très facile quand les yeux sont fermés de faire une conjecture exacte quant à la nature de l’image mémorative qui provient des traces laissées par la sensation visuelle.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Tout en jetant sur le monde extérieur des coups d’œil rapides, votre attitude mentale sera celle d’une sereine indifférence. Dans l’exercice du balancement, on laisse les objets passer devant soi sans faire le moindre effort pour les connaître en détail ; de même, en jetant des coups d’œil rapides, débarrassez votre esprit de toute anxiété de bien voir et contentez-vous de jeter un regard d’abord à l’extérieur sur l’objet lui-même, puis intérieurement sur l’image mémorative de cet objet. Si l’image intérieure correspond à l’objet extérieur tel que vous le verrez par un second coup d’œil de plus près, tant mieux. Si l’image intérieure ne correspond pas à l’objet mais n’est qu’une tache, tant mieux aussi. Rien n’est si mauvais pour la vue que la mentalité de compétition, de celui qui veut gagner un prix ou passer un examen. Les efforts du « moi » conscient vont à fin contraire. C’est seulement lorsque vous ne chercherez plus à voir que vous verrez bien.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

La pratique occasionnelle de ces coups d’œil rapides doit être doublée d’exercices à des moments réservés spécialement dans ce but. Les objets utilisés à cet effet doivent être petits, simples, familiers et de contours nets. Voici par exemple quelques procédés efficaces, à l’aide d’un jeu de dominos.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Relâchez les yeux par l’application de la paume des mains durant quelques instants ; puis saisissez un domino au hasard, tenez-le à bout de bras, examinez-le d’un coup d’œil rapide et fermez les yeux. Même si les points du domino n’ont pas été vus distinctement, il est probable qu’ils ont été notés par l’appareil sensitif des yeux et que la sensation aura laissé une trace qui peut être ravivée par l’image mémorative. Les yeux toujours fermés, énoncez à vous-même le nombre de points que vous supposez avoir vus dans la moitié supérieure du domino puis dans sa moitié inférieure. Ouvrez les yeux alors et s’il le faut rapprochez le domino pour vérifier l’exactitude de votre conjecture. Si elle est juste, tant mieux ; si elle est erronée, tant mieux aussi. Prenez un autre domino et recommencez.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Le même procédé peut être employé selon un mode plus compliqué. Prenez une douzaine de dominos et rangez-les en série le long du bord d’une table. Asseyez-vous devant eux à une distance convenable encore pour bien les voir. Promenez vos yeux de gauche à droite le long de la série, comptant les dominos aussi vite que possible (cet exercice combat l’immobilisation des yeux et de l’attention en les soumettant à des changements rapides d’un rythme inaccoutumé ; c’est un exercice des plus utiles à lui seul déjà). Puis ramenez la vue sur le premier domino et, tout en fermant les paupières, citez les nombres de points dans les moitiés supérieures et inférieures des dominos successivement. Rouvrez les yeux de nouveau et vérifiez vos conjectures. Ensuite, comptez encore une fois toute la série, et ramenant rapidement le regard sur le deuxième domino, jetez-y un coup d’œil rapide, fermez les yeux et citez les nombres. Continuez ainsi à compter et jeter un coup d’œil rapide, jusqu’à ce que vous arriviez au bout de la ligne de dominos.     Si vos yeux sont myopes et ne voient rien qu’à courte distance, pratiquez cet exercice, au début, à distance suffisante pour bien voir ; puis reculez et répétez l’exercice. Une fois familiarisés avec les dominos, vous éliminerez les hasards de réussite dans vos numérations et verrez plus facilement à distance. De cette façon, vous arriverez à augmenter graduellement la portée de votre vision.

Techniques pour les coups d’œil rapides (flashing)

Quand la vision à distance est aisée et que la vue de près est seule difficile, le procédé doit être renversé. Commencez à une certaine distance, puis rapprochez-vous et recommencez l’exercice.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

La capacité de perception dépend, comme je l’ai montré antérieurement, du degré, de la nature et de la valeur des expériences passées. Or les expériences anciennes n’existent pour nous que dans la mémoire. C’est pourquoi il est vrai de dire que la perception dépend de la mémoire.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

L’imagination est en relation étroite avec la mémoire ; on peut la définir comme la capacité de regrouper les souvenirs en combinaisons nouvelles, de telle sorte que ces constructions mentales diffèrent de toutes les expériences faites dans le passé. L’imagination comme la mémoire jouent un rôle dans la capacité de l’esprit d’interpréter les sensa ; et l’expérience quotidienne nous montre combien cette action de l’imagination et de la mémoire sur la perception et la vision est importante. Nous voyons les objets familiers plus nettement que les objets dont nous ne possédons pas un stock de souvenirs. Et quand notre imagination est plus active que d’ordinaire sous l’effet de l’émotion ou de l’excitation, il arrive souvent que nous interprétions les sensa comme manifestations d’objets dont notre imagination s’occupe activement, plutôt que comme manifestations d’objets réels du monde extérieur. La vieille lingère, qui ne peut lire sans lunettes, peut voir suffisamment pour enfiler son aiguille à l’œil nu. Pourquoi ? Parce qu’elle connaît mieux les aiguilles que les lettres imprimées.

Vision analytique

En regardant un objet quelconque continuellement et attentivement, les gens dont la vision est normale impriment inconsciemment à leurs yeux et à leur attention une série de petits mouvements presque imperceptibles d’un point à un autre dudit objet. Au contraire, les gens dont la vision est défectueuse réduisent considérablement le nombre de ces mouvements et tendent à regarder fixement. Il est donc nécessaire qu’ils se forgent consciemment cette habitude de changer continuellement la direction de la vue par de tout petits mouvements des yeux, habitude qu’ils avaient acquise inconsciemment dans l’enfance et qu’ils ont perdue dans la suite.

Vision analytique

Le meilleur moyen d’y arriver est d’apprendre à regarder en l’analysant tout objet que vous considérez avec attention. Ne regardez pas fixement : ne tentez pas de voir toutes les parties de cet objet en même temps avec une égale précision. Au contraire, cherchez à le voir « pièce par pièce » et une seule à la fois, sentant et percevant ainsi successivement toutes ses parties composantes.     Par exemple, en regardant une maison, notez le nombre des cheminées, fenêtres et portes. Suivez des yeux sa silhouette sur le ciel. Laissez votre regard errer horizontalement le long des gouttières et verticalement en haut et en bas des murs entre les fenêtres, et ainsi de suite.     Cette espèce de regard analytique est à recommander dans toutes les méthodes destinées à renforcer la mémoire et la concentration. Cela permet au spectateur de se former des concepts mentaux précis de ce qu’il a vu. Au lieu de fixer et de se rappeler vaguement une image à laquelle il donne le nom de « maison », ce spectateur qui regarde analytiquement sera capable de vous citer nombre de particularités intéressantes et importantes au sujet de cette maison, par exemple qu’elle a quatre fenêtres et une porte d’entrée au rez-de-chaussée, cinq fenêtres au premier étage, une cheminée à chaque bout et des tuiles sur le toit. Cette connaissance détaillée de la maison, résultant du regard analytique, tendra à améliorer la vision de ce même objet en d’autres occasions. Car nous voyons avec le plus de précision les choses qui nous sont familières et l’augmentation des concepts que nous avons d’un objet tend à renforcer la sensation de cet objet à l’avenir. Nous voyons ainsi que le regard analytique non seulement améliore la vision en contraignant les yeux et l’esprit à des mouvements continuels d’un point à un autre, mais qu’il contribue aussi à perfectionner la vision à l’avenir, en augmentant les notions conceptibles de l’objet envisagé, le rendant ainsi plus familier et par conséquent plus facile à sentir et percevoir.     Le procédé du regard analytique peut être appliqué avec avantage même à des objets aussi familiers que des lettres, des chiffres, des annonces, et le visage de nos parents et amis. Si bien que nous croyions connaître ces objets, certainement nous constaterons, en prenant la peine de les regarder analytiquement, que nous pouvons les connaître encore beaucoup mieux. En regardant des lettres ou des chiffres, suivez des yeux leurs contours ; observez la forme du fond qui les entoure et qu’ils entourent ; comptez le nombre des coins sur une lettre majuscule ou un grand chiffre. En faisant cela, les yeux et l’attention seront contraints d’opérer un grand nombre de petits changements de direction du regard, ce qui améliorera la vision ; et en même temps, vous apprendrez un grand nombre de faits jusqu’alors méconnus et dont la connaissance contribuera plus tard à renforcer la qualité et la rapidité de vos sensations.

Vision analytique

Les maîtres de l’art de voir ont inventé un nombre considérable d’exercices de changements de direction de la vue (shifting), tous efficaces pourvu qu’ils soient pratiqués convenablemen

Vision analytique

Cette habitude de petits changements continuels dans la direction du regard (shifting) doit être développée en toute occasion au cours de l’activité quotidienne, quand les yeux doivent travailler longtemps et avec concentration, soit de près, soit de loin. Il existe aussi certains exercices qu’il est bon de pratiquer à des moments réservés spécialement à cet usage.

L’exercice avec le calendrier

En travaillant avec le calendrier, nous commencerons par mettre en état de relâchement l’esprit et les yeux, par un procédé très semblable à celui qu’on emploie dans l’un des exercices avec dominos. Suspendez le calendrier à une paroi à la hauteur de vos yeux quand vous êtes assis. Veillez à ce que la feuille de calendrier soit bien éclairée par lumière solaire directe ou réfléchie, ou, si le soleil ne luit pas, à la lumière ordinaire du jour ou par une forte lampe. Asseyez-vous sur une chaise en face, à distance convenable pour voir sans difficulté les grosses lettres. Appliquez quelques instants la paume des mains sur les yeux (palming), puis mettez-vous à l’œuvre comme suit.     Tournez la tête à gauche comme si vous regardiez par-dessus l’épaule ; puis ramenez-la doucement et pas trop vite, jusqu’à ce que le regard s’arrête sur le chiffre 1 du grand calendrier. Prenez note du chiffre, puis fermez les yeux, respirez profondément et librement tout en balançant légèrement la tête pour maintenir régulier le rythme de la respiration. Après quelques secondes, tournez la tête comme pour regarder sur l’épaule droite, rouvrez les yeux et ramenez-les sur le chiffre 2. Fermez de nouveau les yeux, tournez la tête à gauche et ramenez les yeux sur le chiffre 3, et ainsi de suite.

L’exercice avec le calendrier

En ramenant les yeux le long de la ligne vers le chiffre choisi, laissez toujours le regard errer dans l’espace blanc sous le caractère imprimé. Une surface blanche, servant de fond à des lettres ou des chiffres imprimés, ne présente pas de difficultés à l’esprit qui l’interprète et ne saurait donc constituer une source de tension. Par conséquent, lorsque le regard se meut le long de l’interligne blanc droit au-dessous de la ligne imprimée, l’esprit atteint son objectif dans un état de relâchement, avec le résultat que l’attention et les yeux opèrent dans les meilleures conditions leur travail de petits changements rapides de direction et de fixation centrale.

L’exercice avec le calendrier

Après avoir passé en revue tout le mois ou une partie seulement, selon le temps dont vous disposez, appliquez quelques instants la paume des mains sur les yeux et passez à la phase suivante de l’exercice. Comme cette phase exige une vue plus attentive que l’exercice précédent, vous serez tenté plus que d’habitude de retenir votre respiration. Résistez à la tentation et durant toute la durée de l’exercice continuez à respirer consciemment un peu plus profondément que normalement.     Jetez un coup d’œil au chiffre 1 du grand calendrier, puis abaissez les yeux sur le chiffre correspondant du petit calendrier au bas de la feuille à gauche. Ne le regardez qu’un moment, puis fermez les yeux de nouveau sur le chiffre 1 du grand calendrier et abaissez-les sur le chiffre 1 du petit calendrier à droite. Fermez les yeux de nouveau d’une façon lâche tout en continuant à respirer régulièrement. Puis rouvrez les yeux cette fois sur le chiffre 2 du grand calendrier ; laissez-les tomber sur le chiffre 2 du petit calendrier à gauche. Fermez les yeux, respirez, rouvrez-les sur le grand 2 et laissez tomber le regard sur le petit 2 à droite. Fermez de nouveau, respirez et continuez de la même façon avec les nombres suivants, soit jusqu’à la fin du mois, soit, si l’exercice paraît fatigant, jusqu’à la fin de la première ou de la deuxième semaine.     Au début, il peut être difficile de voir les nombres en petits caractères. S’il en est ainsi, ne vous attardez pas sur eux et ne vous efforcez pas de les voir. Adoptez alors la technique décrite à propos des coups d’œil rapides (flashing). Regardez sans effort et sans y porter votre attention le petit chiffre ; puis durant les brefs instants de fermeture des paupières, observez s’il existe quelque image mémorative de ce chiffre

L’exercice avec le calendrier

Après un intermède de palming, abordez la phase suivante de l’exercice. Les yeux étant fermés, pensez à n’importe quel nombre entre 1 et 31. Disons que vous commenciez par penser au chiffre 17. Ouvrez les yeux et, aussi rapidement que possible, cherchez le chiffre 17 d’abord sur le grand calendrier puis sur le petit à gauche. Fermez les yeux et respirez. Puis rouvrez-les sur le grand 17 pour les laisser tomber sur le petit 17 à droite. Fermez de nouveau, respirez, pensez à un autre nombre et continuez de la même façon. Après dix ou douze répétitions, vous serez prêt à passer à la phase suivante.

L’exercice avec le calendrier

Dans cette quatrième phase, nous revenons aux petits et rapides changements de direction du regard, que nous apprenons à exercer systématiquement, avec un déplacement du regard rythmique et de faible amplitude, sur des objets tels que des lettres et des chiffres. Regardez le grand 1. Faites attention d’abord au sommet du chiffre puis à sa base ; puis regardez de nouveau le sommet pour repasser à la base, en haut et en bas deux ou trois fois. Après cela, fermez les yeux doucement et respirez profondément sans effort. Puis rouvrez les yeux et répétez l’exercice sur le grand chiffre 2. Après avoir ainsi examiné la moitié du mois, passez à l’un des petits calendriers et recommencez, en rapprochant un peu votre chaise s’il est nécessaire, il faut varier l’exercice parfois en opérant les changements de direction du regard dans le sens horizontal, allant d’un côté à l’autre du chiffre au lieu de le faire verticalement du sommet à la hase. En outre, ne vous limitez pas seulement aux chiffres. Travaillez aussi sur les lettres : lundi, mardi, etc. Effectuez les changements de direction de la vue, de la base au sommet de ces lettres et d’un côté à l’autre, et aussi en diagonale d’un coin à l’autre des grandes lettres pourvues d’angles. Les lettres et chiffres sont les objets les plus familiers dans notre monde artificiel et ceux qu’il nous importe le plus de voir exactement. C’est pourquoi il est nécessaire qu’en regardant ces objets nous prenions l’habitude des petits changements continuels dans la direction du regard (small-scale shifting). L’exercice conscient de ces petits mouvements des yeux créera finalement un automatisme bienfaisant. Chaque fois que nous regarderons un chiffre ou une lettre, nous tendrons inconsciemment et automatiquement à exercer ce shifting, à petite échelle, qui contraint l’esprit et les yeux à travailler au moyen de la fixation centrale, ce qui améliore notre sensation, notre perception et leur produit final qui est la vision

L’exercice avec le calendrier

La même technique doit être transposée dans la vie quotidienne. Quand vous êtes en présence de lettres ou chiffres difficiles à distinguer nettement, appliquez-leur le procédé du shifting et ils tendront à s’éclaircir, leurs contours devenant plus précis.

L’exercice avec le calendrier

Cette sorte de changements du regard équivaut simplement à un regard analytique exercé selon un rythme régulier. Or un mouvement cadencé, rythmique, est toujours reposant, même s’il n’est répété que peu de fois et c’est ce relâchement qui explique la grande amélioration de la vue obtenue par cette méthode des petits mouvements continuels et rapides des yeux, dirigeant le regard d’un point donné à un autre point rapproché du champ visuel. Malheureusement, il est impossible d’appliquer ce procédé à toutes les classes d’objets. Il est facile de le pratiquer sur des objets petits, à contours nets et très familiers tels que les lettres et chiffres. Mais si l’objet est grand, peu familier, en mouvement, ou de contours indéterminés, le procédé est alors impraticable, pour la simple raison qu’il n’existe pas de limites clairement définies, de points de repère nets, entre lesquels on puisse opérer les changements répétés du regard 

L’exercice avec le calendrier

Par conséquent, en cas d’objets de grandes dimensions, indéterminés et non familiers, la meilleure technique du regard reste le regard rapide, analytique, sans répétition rythmée. L’efficacité de ce regard analytique peut être renforcée en comptant les divers traits saillants de ces objets, et n’essayez pas d’en dresser la liste exacte ; ce qui importe n’est pas de connaître leur nombre réel, mais que l’attention en découvre un grand nombre et les observe. Ainsi, comptez-en seulement trois ou quatre, puis glissez sur les autres et supputez leur nombre total, sans vous soucier qu’il soit juste ou faux. Votre but est de voir avec plus de précision et il sera atteint si, sous le prétexte de compter, les yeux et l’attention sont stimulés dans leurs rapides et petits changements de direction, dans leurs actes successifs de fixation centrale.

L’exercice avec le calendrier

Fixez d’abord la barre supérieure du E en remarquant qu’elle apparaît plus précise et plus noire que les deux autres barres du E puis portez votre attention sur la barre inférieure en observant qu’elle est la plus noire des trois. Faites de même avec la barre du milieu. Ensuite, choisissez un E plus petit sur la page du journal et répétez l’exercice. Vous constaterez, si les yeux et l’esprit ont réellement perdu leur mauvaise habitude de regarder fixement, que même avec une petite lettre vous percevrez avec plus de netteté la barre sur laquelle vous portez votre attention que les deux autres. Vous arriverez ainsi à distinguer nettement la partie supérieure de la partie inférieure d’une très petite lettre et vice versa. Plus la vue est parfaite, plus petite sera la surface vue avec le maximum de précision.

L’exercice avec le calendrier

Pour confirmer le fait de la fixation centrale, on peut renverser le procédé ci-dessus décrit et faire de son mieux pour voir chaque partie d’une grande lettre ou tous les traits d’une figure amie, avec le maximum d’exactitude simultanément. Il en résultera presque aussitôt une sensation d’effort et une vision moins bonne. On ne peut impunément tenter de réaliser une chose qui est impossible aussi bien physiquement que psychiquement. Cependant, c’est là précisément ce que la personne affligée d’une mauvaise vue fait constamment, quand elle regarde avec une attention anxieuse les objets qui l’entourent

L’exercice avec le calendrier

La bonne vision ne s’obtient pas par des efforts, elle est donnée à tous ceux qui auront appris à mettre leurs yeux et leur esprit en état de passivité alerte, de relaxation dynamique.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

l’efficacité de l’esprit comme interprète des sensa bruts peut être entravée par un grand nombre de troubles psychiques. Quand cela arrive, l’efficacité de l’œil, en tant qu’appareil sensitif, est aussi compromise ; car l’organisme humain, esprit et corps, ne forme qu’un seul tout, si bien qu’un mauvais fonctionnement psychique rejaillit en un mauvais fonctionnement physiologique.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Quand la fonction physiologique de l’œil est entravée, la qualité de la matière première fournie est en baisse ; et cette baisse de qualité réagit fâcheusement à son tour sur la fonction psychique qui travaille sur cette matière première.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Les oculistes orthodoxes se contentent de pallier les symptômes d’une vue défectueuse à l’aide de ces « précieuses béquilles » que sont les lunettes. Ils n’opèrent que sur l’appareil sensitif de l’œil et ignorent complètement l’action sélective et perceptive de l’esprit dans l’acte de voir. Il est évident que tout traitement rationnel, vraiment étiologique, des débuts de la vue doit tenir compte de l’aspect mental de la vue. Dans la méthode de rééducation visuelle du docteur Bates et de ses disciples, on tient compte avec raison non seulement de l’œil fournisseur de la matière première, mais aussi de l’esprit qui fabrique le produit fini

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Lorsque le « moi » conscient est affecté outre mesure par des émotions telles que la crainte, la colère, les tourments, les chagrins, l’envie ou l’ambition, il est probable que l’esprit comme le corps en souffriront. La fonction psycho-physique qui en souffrira le plus généralement est celle de la vue. Les émotions négatives entravent la vue, en partie par action directe sur les systèmes nerveux, endocrine et circulatoire, en partie par diminution de l’efficacité de l’esprit. Il est littéralement vrai que l’on peut être aveuglé par la rage, que sous l’effet de la peur la vue s’obscurcira ou les objets vacilleront devant les yeux, que les tourments et tracas peuvent obnubiler quelqu’un au point qu’il cesse de voir et entendre convenablement, cause fréquente d’accidents sérieux. Et les effets de ces émotions négatives ne sont pas seulement transitoires, momentanés. Pour peu qu’elles soient intenses et assez prolongées, les émotions négatives telles que les fortes préoccupations, un chagrin d’amour, un échec dans un concours, etc, peuvent provoquer chez les victimes des troubles organiques sérieux, par exemple un ulcère gastrique, une tuberculose ou une maladie des coronaires. Elles peuvent aussi causer une perturbation durable dans le fonctionnement physique et mental des organes visuels, perturbation qui se manifeste par une tension mentale, neuro-musculaire, et par des vices de réfraction. Tous ceux qui aspirent donc à une vue normale devraient tout faire pour éviter ou écarter ces émotions pernicieuses et en attendant devraient apprendre l’art de voir, grâce auquel ils pourront supprimer totalement ou partiellement les effets désastreux de telles émotions pour les yeux et l’esprit.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

une autre crainte, celle de ne pas voir convenablement, crainte intimement liée à l’acte de voir dans l’esprit des personnes dont la vue est défectueuse et responsable jusqu’à un certain point de la persistance de ces défauts visuels.     Voyons quelle est l’origine de cette phobie. L’art de voir naturellement, normalement, s’acquiert inconsciemment durant la première et la seconde enfance. Dans la suite, en raison de maladies organiques ou plus souvent de la tension mentale, le bon fonctionnement de la vision vient à se perdre, remplacé par un fonctionnement anormal, contre nature, l’esprit perd son efficacité d’interprète, la structure physique de l’œil est déformée, ce qui entrave la vue. Cette vision réduite donne lieu, le plus souvent, à une certaine appréhension chronique, la personne accoutumée à mal voir redoute de voir mal à l’avenir. Dans l’esprit de nombreux patients, cette crainte anticipée atteint le degré de la conviction pessimiste, fixée et intense, que dès lors la vision normale est devenue impossible pour eux.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

La foi permet à l’homme de soulever des montagnes. Inversement, la conviction de son incapacité l’empêchera de soulever même une paille.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Dans la vue, comme pour toutes les autres activités de l’esprit et de l’organisme, il est essentiel, si nous voulons agir convenablement, de cultiver une attitude de confiance combinée à une certaine indifférence – confiance dans notre capacité de réussir l’acte en question et indifférence à l’égard d’un échec possible. Nous devons avoir la certitude que nous pouvons réussir finalement, si nous employons les moyens adéquats et faisons preuve d’une patience suffisante ; et nous ne devons pas ressentir de désappointement ou de vexation si une fois nous avons un échec.     La confiance non tempérée d’indifférence peut être presque aussi désastreuse que le manque de confiance ; car si nous avons la certitude de réussir et sommes très désappointés et déprimés à chaque échec, la confiance deviendra une source d’émotions négatives, qui à leur tour augmenteront les risques d’échec.

CHAPITRE XIII L’aspect mental de la vue

Pour la personne dont la vue est inférieure à la normale, l’attitude mentale correcte peut être exprimée dans les termes suivants : « Je sais théoriquement que la vision défectueuse peut être améliorée ; je suis certain qu’en apprenant l’art de voir, je réussirai à perfectionner ma propre vision, et il est très probable que je verrai mieux à l’avenir ; mais si mes espérances ne sont pas entièrement réalisées, je n’en serai pas malheureux ni très affecté et continuerai mes exercices jusqu’à ce que ma vision s’améliore. »

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

prenez le cas d’une dame qui a la terreur des serpents et prendra pour une énorme vipère ce qui pour toute autre personne ne sera qu’un bout de tuyau de caoutchouc. Sa vue, vérifiée avec la table de Snellen, est pourtant normale. Pourquoi donc voit-elle quelque chose qui n’est pas là réellement ? Parce que son imagination a pris l’habitude d’utiliser de vieux souvenirs de serpents pour construire des images alarmantes de ces animaux et parce que, grâce à cette imagination, son esprit a mal interprété les sensa liés au tube de caoutchouc, de telle manière qu’elle a vu avec certitude une vipère.     De tels exemples, que l’on pourrait multiplier presque indéfiniment, démontrent indubitablement que la perception et donc la vision dépendent de la mémoire et à un moindre degré de l’imagination. Nous voyons le mieux les choses dont nous possédons un bon stock de souvenirs

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Ce fait que la perception et la vision dépendent largement des expériences anciennes enregistrées par la mémoire a déjà été reconnu depuis des siècles. Mais je crois pouvoir affirmer que le docteur W. H. Bates fut la première personne à porter sérieusement l’attention sur les corollaires utilitaires et thérapeutiques de cette vérité

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

La mémoire ne travaille pas bien dans un état de tension et ce fait important domine les relations de la mémoire avec la perception et la vision. Chacun sait par expérience qu’on peut oublier un nom et faire de vains efforts pour se le rappeler. À ce moment, si l’on est sage, on renoncera à ces efforts pour se souvenir et on laissera l’esprit se mettre en état de passivité vigilante ; il y a bien des chances alors que le nom réapparaîtra dans la conscience au moment où on le cherche le moins. Il semblerait que la mémoire fait son meilleur travail lorsque l’esprit est en état de relaxation dynamique.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

L’expérience a enseigné à la plupart des gens qu’il existe une corrélation entre une bonne mémoire et la relaxation dynamique de l’esprit – état qui tend toujours à s’accompagner également de la relaxation dynamique du corps.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Ils ne se sont jamais formulé ce fait explicitement, mais ils le connaissent inconsciemment, ou, pour être plus précis, ils agissent comme s’ils le connaissaient. Quand ils cherchent à se rappeler quelque chose, instinctivement ils se détendent, « se laissent aller », parce qu’ils ont appris, au cours d’innombrables répétitions de l’acte du souvenir, que cette condition de relâchement est la plus favorable au bon fonctionnement de la mémoire

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Par conséquent, il arrivera souvent qu’au moment de se souvenir les personnes se mettent automatiquement et inconsciemment en état de relaxation mentale dynamique, état propice non seulement à la mémoire, mais aussi à la vision. Telle serait l’explication du fait (observé d’abord par le docteur Bates, mais facile à vérifier par quiconque est prêt à en remplir les conditions nécessaires) que le simple acte de se souvenir clairement de quelque chose produit aussitôt une amélioration de la vue

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

Des maîtres expérimentés de la méthode Bates m’ont cité des élèves qui vinrent à eux, incapables de se rappeler après dix secondes s’ils avaient regardé des lettres, des chiffres ou des images. Aussitôt que les yeux et l’esprit se furent quelque peu relâchés grâce aux procédés du palming, sunning, swinging et shifting, la capacité de se souvenir fut restaurée. L’imperfection de la vue et l’état d’imbécillité apparente dans lequel l’impuissance de se souvenir les avait plongés étaient dus à la même cause fondamentale : mauvais fonctionnement associé à un haut degré de tension mentale, et neuromusculaire.

CHAPITRE XIV Mémoire et imagination

si le souvenir est lié à cette chose ou à toute autre semblable déjà vue auparavant, l’acte du souvenir sera alors doublement efficace pour perfectionner la vision, car il aura pour effet non seulement une relaxation utile du corps et de l’âme, mais aussi une plus grande familiarité avec l’objet envisagé. Or nous voyons avec le plus de précision les choses qui nous sont le plus familières. Par suite, toute méthode qui nous rend plus familier l’objet que nous essayons de voir nous en facilitera la vue. En outre, en nous rappelant cet objet ou tout autre similaire, nous augmentons la connaissance que nous en avons, ce qui en améliore la vision. C’est sur la base de ce fait que la plupart des exercices concernant la mémoire et l’imagination comportent le souvenir ou la vue imaginaire de lettres et images, que nous sommes constamment appelés à voir soit de près, soit de loin.

La mémoire en tant que facteur visuel

Considérez des objets de la façon décrite antérieurement : changeant rapidement l’attention d’un point à un autre, suivant les contours de l’objet envisagé et faisant le compte de ses traits saillants. Puis fermez les yeux, relâchez-vous et évoquez l’image mémorative la plus précise de ce que vous avez vu. Rouvrez les yeux. Comparez cette image avec la réalité et répétez ce procédé du regard analytique. Après quelques répétitions, vous constaterez une amélioration dans la clarté et la précision tant de l’image mémorative que de l’image visuelle enregistrée par les yeux ouverts.

La mémoire en tant que facteur visuel

Il est bon que ces exercices de regard analytique et de mémoire se pratiquent sur des objets de notre entourage habituel, tels que l’ameublement des chambres où l’on vit et travaille, des devantures de magasin, des écriteaux, les arbres et maisons des rues que nous fréquentons. Cet exercice aura trois bons résultats : il rompra l’habitude de regarder fixement et renforcera la fixation centrale ; il contraindra l’esprit à se mettre en état de passivité alerte, de relaxation dynamique, état qui seul procure un souvenir exact et conduit à une vision précise ; enfin, il augmentera beaucoup dans l’esprit la connaissance des objets qu’il doit voir le plus fréquemment, ce qui facilitera grandement la vision de ces objets.

La mémoire en tant que facteur visuel

Et ce n’est pas tout. Le procédé décrit ci-dessus offre encore un avantage, celui d’enseigner une coordination convenable entre l’esprit et l’appareil sensitif. Trop d’entre nous passent leur temps à voir une chose tout en pensant à une autre, regardant juste assez pour ne pas se jeter contre un arbre ou sous un autobus et rêvant en plein jour, au point que si l’on nous demandait ce que nous avons vu nous serions bien embarrassés de répondre, pour la bonne raison que nous n’avons perçu consciemment presque rien de tout ce que l’appareil sensitif de l’œil a senti.

La mémoire en tant que facteur visuel

Ce désaccord entre les yeux et l’esprit est une cause féconde de troubles visuels, surtout si la personne qui rêve ainsi en plein jour est assise les yeux ouverts en regardant fixement un point, sans clignement des yeux. S’il vous arrive de rêver dans la journée, fermez les yeux et avec votre vision intérieure suivez consciemment tel ou tel épisode fabriqué par votre imagination selon vos désirs. De même, lorsque vous êtes engagé dans un raisonnement logique, prenez soin de ne pas regarder fixement quelque objet extérieur sans relation avec le problème en question. Si les yeux sont ouverts, leur activité doit être en rapport avec le processus intellectuel qui occupe à ce moment l’esprit. Par exemple, écrivez des notes que les yeux peuvent lire ou dessinez des diagrammes qu’ils peuvent étudier. Et si les yeux sont tenus clos, résistez à la tentation de les immobiliser, tentation toujours forte quand on fait un effort de concentration mentale. Laissez l’œil intérieur voyager sur des mots imaginaires, des diagrammes ou autres figures en connexion avec le raisonnement qui occupe présentement la pensée. En tout temps, il faut éviter qu’il se produise un désaccord entre l’esprit et l’appareil sensitif. Quand les yeux sont ouverts, il faut être bien conscient de ce que l’on regarde. Quand vous ne cherchez pas à voir mais à penser ou à rêver, faites en sorte d’associer l’activité des yeux à votre rêve ou à votre pensée. En laissant l’esprit et les yeux aller chacun de leur côté, vous risquez de détériorer votre vision qui est le produit de la coopération entre un appareil sensitif physique et l’intelligence chargée de la sélection et de la perception.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Examinez une lettre non fixement, mais en portant rapidement l’attention d’un point à un autre. Fermez les yeux, détendez-vous et évoquez l’image mémorative de ce que vous avez vu. Rouvrez les yeux et vérifiez l’exactitude de votre mémoire. Répétez le processus jusqu’à ce que l’image mémorative soit absolument exacte, claire et distincte. Faites de même avec toutes les lettres et tous les chiffres aussi. Cet exercice peut être répété à l’occasion, même si vous croyez bien connaître toutes les lettres. La mémoire peut toujours se perfectionner ; en outre, l’acte de se souvenir procure un relâchement et ce relâchement, combiné à l’accoutumance accrue aux lettres qui provient d’une meilleure mémoire, tendra toujours à améliorer la vision.     En regardant les lettres dans le but de se familiariser avec leurs formes, il est bon de faire attention non seulement aux caractères noirs imprimés, mais aussi, et surtout au fond blanc qui les entoure et qu’elles circonscrivent. Ces surfaces de blancheur autour et à l’intérieur des lettres et des chiffres ont des formes curieuses et frappantes dont l’esprit aime à faire la connaissance et se souvient aisément grâce à l’intérêt qu’il leur porte. En même temps, on risque moins la tension mentale en considérant ce fond blanc qu’en examinant les caractères noirs qui se détachent sur ce fond. Il est souvent plus facile de voir une lettre quand les yeux la considèrent comme une interruption du fond blanc que lorsqu’ils l’examinent sans référence consciente à ce fond, comme un simple échantillon de lignes noires, droites et courbes.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Examinez la lettre comme auparavant, portant votre attention sur les contours du fond blanc autour et à l’intérieur de la lettre. Puis fermez les yeux, mettez-vous en état de relaxation, évoquez une image mémorative de la lettre et ensuite imaginez à dessein que le fond blanc sur lequel la lettre se détache est plus blanc encore que vous ne l’avez vu, aussi blanc que la neige, qu’un nuage éclairé par le soleil, ou qu’une porcelaine.     Rouvrez les yeux et regardez de nouveau la lettre, changeant la direction du regard d’un point à un autre du fond blanc, et cherchant à voir ces points aussi blancs que vous les avez imaginés les yeux étant fermés. Au bout d’un moment, vous trouverez que vous arrivez sans difficulté à créer cette illusion bienfaisante. Si vous y réussissez, le noir des caractères imprimés vous paraîtra encore plus noir par contraste et vous constaterez une amélioration perceptible de la vision.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

 Assis devant le calendrier, portez votre attention d’abord sur le sommet d’un chiffre ou d’une lettre, puis à la base (ou bien au côté gauche et ensuite au côté droit). Après quelques répétitions, fermez les yeux, relâchez-vous, et continuez à faire le même exercice sur l’image mémorative du chiffre ou de la lettre. Puis, en imagination, appliquez deux taches de noirceur plus intense l’une au sommet, l’autre à la base de la lettre, ou l’une à gauche et l’autre à droite. Si vous le jugez utile, imaginez que vous appliquez vous-même ces taches avec un fin pinceau imprégné d’encre de Chine. Changez plusieurs fois la direction du regard imaginaire d’une tache noire à l’autre ; ensuite, ouvrez les yeux et cherchez à voir les mêmes taches plus noires au sommet et à la base, ou sur les deux côtés de la lettre réelle. Ce ne sera pas difficile, puisque grâce à la fixation centrale, vous verrez, plus nettement que le reste, cette partie précisément de la lettre ou du chiffre sur laquelle vous portez votre attention, imaginez même les taches plus noires que la fixation centrale ne le constate. Si vous y réussissez, toute la lettre paraîtra plus noire qu’auparavant, sera donc vue avec plus de précision et enregistrée plus nettement dans la mémoire pour une référence future.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Ces deux procédés : passages rapides du regard, d’abord en imagination puis en réalité, d’une surface plus blanche ou plus noire que réellement, à une autre surface plus blanche ou plus noire que réellement, aux deux extrémités de la lettre, ces deux procédés contribuent particulièrement à améliorer la vision et l’on devrait y recourir (parallèlement si possible avec les procédés du palming et du sunning) chaque fois que les caractères imprimés d’un livre, d’une affiche ou d’un avis, etc, vous paraissent troubles, flous.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Imaginez-vous assis à une table à écrire, avec une liasse de feuilles de gros papier blanc devant vous. Toujours en imagination, prenez une plume ou un fin pinceau à peindre, trempez-le dans l’encre de Chine et au centre de la première feuille de papier faites une tache noire ronde. Ensuite, portez votre attention sur le fond blanc immédiatement adjacent au bord droit de la tache, puis sur celui adjacent au bord gauche, et répétez, déplaçant le regard rythmiquement de gauche à droite et vice versa. Comme en réalité, la tache imaginaire semblera se déplacer à gauche lorsque vous portez l’attention sur le bord droit, et à droite lorsque vous la portez sur le bord gauche.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Si on le désire, on peut employer la variante suivante de la tache unique. Sur une autre feuille de papier imaginaire inscrivez deux taches, distantes de dix centimètres environ, et entre elles (mais à trois centimètres au-dessous) dessinez un cercle de un centimètre et demi de diamètre. Imaginez ce cercle très noir et l’espace blanc qu’il enclot, d’un blanc intense. Ensuite, portez le regard intérieur (de l’imagination) de la tache droite à la tache gauche en répétant le mouvement rythmiquement. Le mouvement du cercle sera en sens inverse de la direction du regard intérieur.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

toujours en imagination, prenez une autre feuille de papier et tracez-y un immense colon (deux-points) composé de deux grandes taches distantes de un centimètre et demi et près de lui, un centimètre et demi à droite, dessinez un point-virgule de la même dimension. Ensuite, dirigez votre attention de la tache supérieure des deux-points à la tache supérieure du point-virgule, puis plus bas sur la virgule ; ensuite à gauche sur la tache inférieure des deux-points et enfin verticalement sur la tache supérieure. Répétez ce changement de direction du regard (shifting) rythmique, tout autour du carré formé par les trois taches rondes et la virgule. Quand l’œil intérieur (de l’imagination) se dirige à droite, la constellation formée par les deux signes de ponctuation paraîtra se déplacer vers la gauche ; quand il se porte en bas, la constellation paraîtra se déplacer vers le haut ; quand il se porte à gauche, le mouvement apparent de la constellation se fera vers la droite ; et quand l’œil imaginaire revient à son point de départ en remontant, les taches paraîtront descendre.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Imaginez que vous tenez entre le pouce et l’index un anneau de caoutchouc ou de métal, assez rigide pour conserver sa forme circulaire spontanément, mais assez élastique pour prendre la forme d’une ellipse quand on le serre. Fermez les paupières et contemplez l’anneau imaginaire, en suivant ses contours de l’œil intérieur. Ensuite, d’une main imaginaire, serrez doucement l’anneau sur les côtés, jusqu’à lui donner la forme d’une ellipse à grand axe vertical. Regardez cette ellipse un moment, puis relâchez la pression de votre main en laissant l’anneau reprendre sa forme circulaire. Ensuite, changez le sens de la pression en l’exerçant de haut en bas ; l’anneau imaginaire se déformera en ellipse à grand axe horizontal. Relâchez la pression, observez comment l’ellipse redevient un cercle, placez de nouveau en imagination le pouce et l’index sur les côtes de l’anneau et répétez l’exercice rythmiquement dix à quinze fois. Il est difficile de dire ce qui se passe physiologiquement quand on observe en imagination ces transformations successives de cercles en ellipses verticales et horizontales et vice versa. Mais il n’y a aucun doute, en tenant compte des sensations ressenties dans les yeux et autour des yeux, que des ajustements et réajustements musculaires considérables se produisent continuellement au cours de ce cycle de visualisations. Subjectivement, ces sensations paraissent analogues à ce que l’on ressent en portant rapidement le regard d’un point éloigné du champ visuel sur un point très rapproché et vice versa. Comment l’appareil de l’accommodation vient-il à jouer un rôle dans de telles conditions, il est difficile de se l’expliquer. Mais le fait demeure qu’il paraît bien entrer en jeu. On a trouvé empiriquement que cet exercice, utile pour toutes les formes de défaut visuel, est particulièrement efficace dans les cas de myopie.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Une autre méthode, que nous appellerons nose-writing (écriture par le nez), comporte simultanément un exercice de coordination entre le corps et l’esprit, un exercice d’imagination, et un exercice de shifting, soit changement du regard entre des points très proches l’un de l’autre. Bien assis sur une chaise confortable, fermez les yeux et imaginez que vous portez un long crayon attaché au bout du nez. Ainsi équipé de cet instrument, remuez la tête et le cou comme pour écrire avec ce nez prolongé sur une feuille de papier imaginaire (ou bien si le crayon est supposé blanc sur un tableau noir), à vingt centimètres environ devant votre visage. Commencez par dessiner un cercle imaginaire assez grand. Attendu que vous contrôlez moins bien vos mouvements de la tête et du cou que ceux de la main, ce cercle apparaîtra certainement quelque peu anguleux aux yeux de notre imagination. Faites-en le tour avec le crayon une demi-douzaine de fois, jusqu’à ce que sa circonférence épaissie en devienne présentable. Ensuite, tirez une ligne diamétrale du sommet à la base de votre cercle et repassez-la six fois. Tirez une autre ligne perpendiculaire à la première et repassez-la de la même façon. Votre cercle contiendra ainsi une croix de Saint-Georges. Superposez-lui une croix de Saint-André en tirant deux diagonales et terminez en promenant votre crayon imaginaire plusieurs fois sur le point de croisement des quatre lignes.     Déchirez votre feuille de papier griffonnée ou si vous préférez travailler en blanc sur une planche noire, imaginez visuellement que vous effacez la craie avec un torchon. Ensuite, tournant la tête doucement d’une épaule à l’autre, tracez un grand signe de l’infini (l’image du chiffre 8 couché sur le côté). Repassez-le une douzaine de fois en suivant bien les lignes du regard intérieur, qui voyage avec le crayon imaginaire.     Essayez encore une fois le tableau noir ou préparez une autre feuille de papier blanc et cette fois, faites un peu d’écriture avec votre crayon.     Commencez par votre signature. Comme votre tête et votre cou se meuvent par saccades, cette signature ressemblera à celle d’un alcoolique illettré ; mais l’exercice donne la perfection : prenez une autre feuille et recommencez. Faites cela quatre ou cinq fois ; ensuite, écrivez n’importe quel mot ou phrase qui vous vienne à l’esprit.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

ces exercices peuvent paraître niais, enfantins et ridicules. Mais cela n’a pas d’importance. Le fait important c’est qu’ils sont efficaces. Un peu de nose-writing (écriture avec le nez) suivi de quelques minutes de palming (application de la paume des mains sur les yeux) fera merveille pour soulager la fatigue d’un esprit tendu et des yeux qui regardent fixement ; et cela procurera une amélioration temporaire du défaut de la vue. Ce soulagement temporaire deviendra permanent à mesure que le fonctionnement naturel et normal, stimulé par le nose-writing et les autres méthodes décrites dans ce livre, deviendra habituel et automatique

Pour perfectionner le souvenir des lettres

L’esprit et le corps forment un tout. Par conséquent, les processus mentaux du souvenir et de l’imagination sont facilités par l’exécution de mouvements corporels conformes aux objets de notre pensée – c’est-à-dire par les mouvements précisément que nous exécuterions, si au lieu de simplement se souvenir et imaginer nous travaillions réellement avec les objets auxquels nous pensons. Par exemple, en vous rappelant ou imaginant des lettres ou des chiffres, il est souvent utile de joindre les bouts du pouce et de l’index en faisant le geste d’imprimer les lettres auxquelles vous pensez ; ou bien vous pouvez imprimer ces lettres en faisant les gestes du nose-writing. Ou encore, si vous préférez un geste plus réaliste, vous pouvez imaginer que vous prenez une plume et tracez les signes sur un calepin imaginaire.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

L’aide du corps peut aussi être effectuée par la parole, quand vous vous rappelez une lettre ou l’imaginez, formez-en le son avec les lèvres, même à haute voix. Le mot formulé est associé si intimement à tous les processus de pensée que tout mouvement familier de la bouche et des cordes vocales tend automatiquement à évoquer une image de l’objet représenté par le son articulé qui résulte de ce mouvement. Par conséquent, il est toujours plus facile de voir ce qu’on lit si l’on prononce les mots à haute voix. Les gens pour qui la lecture est chose nouvelle ou une tâche peu fréquente et difficile – les enfants par exemple et les gens peu instruits – réalisent ce fait instinctivement. Pour aiguiser leur vision des symboles écrits qui leur sont peu familiers, ils lisent habituellement à haute voix

Pour perfectionner le souvenir des lettres

Quand la maladie ou un mauvais fonctionnement nous a ramenés au niveau de l’enfant en ce qui concerne la lecture, nous ne devrions pas avoir honte de profiter de cette sagesse instinctive.

Pour perfectionner le souvenir des lettres

. Le mouvement des organes de la parole évoquera des images auditives et visuelles des mots associés à ces images. La mémoire et l’imagination seront stimulées et l’esprit effectuera son œuvre d’interprétation, de perception et de vision avec plus d’efficacité. En même temps, le doigt indicateur, par des mouvements presque imperceptibles au-dessous du mot considéré, contribuera à assurer la fixation centrale des yeux et leurs changements de direction petits et rapides entre des points rapprochés du champ visuel ou la vision à son maximum de précision. À sa façon et pour arriver à ses fins, l’enfant est ainsi très avisé.

Les causes de la myopie

La myopie est presque toujours un état acquis qui fait son apparition dans l’enfance

Les causes de la myopie

Comme le docteur Luckiesh l’a démontré expérimentalement, le travail visuel est facilité et la tension neuromusculaire diminuée dans la mesure où l’intensité de l’éclairage pour un travail donné est augmentée d’une à cent bougies-pied (lumière d’une bougie à un pied de distance). Il n’a pas fait d’essais avec des intensités plus élevées, mais on a selon lui toute raison de supposer que la tension neuro-musculaire (indice de la tension et de la fatigue) continuerait à s’abaisser parallèlement à l’augmentation de l’éclairage jusqu’à un millier de bougies. 

Les causes de la myopie

Pour faciliter une lecture aisée sans tension, le meilleur caractère d’imprimerie n’est pas nécessairement le plus grand. Le grand caractère, il est vrai, semble très facile à lire, mais précisément parce qu’il semble si aisé, il leurre les yeux et les induit ainsi que l’esprit en tentation. Les yeux cherchent à voir des lignes entières de cette impression trop facile à lire, simultanément avec une égale précision. La fixation centrale est perdue, les yeux et l’attention ne changent plus leur point de direction, il se développe une habitude de regard fixe, et au lieu de s’améliorer la vision se détériore. Pour permettre de bien voir, les meilleurs caractères d’imprimerie n’auront pas de trop grandes dimensions, mais des traits assez épais de façon à établir un fort contraste entre les lettres noires et leur fond blanc. En présence d’une telle impression, les yeux et l’esprit n’ont pas la tentation de chercher à voir trop à la fois et trop bien par excès de lisibilité. Au contraire, les caractères plus petits incitent les yeux à utiliser pour lire la fixation centrale dans un état de relaxation dynamique. Le docteur Bates, en effet, utilisa les plus petits caractères disponibles pour la rééducation des défauts visuels.

Les causes de la myopie

On peut aussi recommander aux enfants, lorsque la vue devient mauvaise ou se fatigue, de jeter un coup d’œil sur les avis ou devises qui pendent en général aux murs des salles d’école. La seule chose nécessaire, c’est que les mots, lettres ou chiffres considérés soient parfaitement familiers à l’élève, car c’est la familiarité qui neutralise les effets fâcheux des choses nouvelles et inconnues.

Techniques de rééducation

Le procédé du palming (application de la paume des mains sur les yeux), que le myope devrait pratiquer aussi souvent et longtemps que possible, sera doublement utile si les scènes et épisodes évoqués pendant que les yeux sont couverts et clos sont choisis de telle façon que l’œil intérieur doit franchir de grandes distances d’un point éloigné à un point rapproché. Il est arrivé à nombre d’entre nous de stationner à l’occasion sur un pont de chemin de fer en observant l’approche et l’éloignement d’un train à travers le paysage. De tels souvenirs sont très profitables pour le myope, car ils stimulent l’esprit à sortir de son monde étroit de myope pour plonger dans la distance. En même temps, l’appareil de l’accommodation qui est étroitement relié à l’esprit rentre inconsciemment en action.

Techniques de rééducation

Commencez l’exercice à la distance ou le myope voit très bien les grands chiffres. Travaillez d’abord avec les deux yeux, puis (couvrant un œil d’un mouchoir) avec chaque œil séparément. Si l’un des yeux travaille moins bien que l’autre (est moins sensible), faites-le exercer davantage, mais en allongeant les périodes de palming entre les exercices, pour éviter la fatigue. Au bout de quelques jours, lorsque les yeux et l’esprit se sont accoutumés à travailler assez longtemps sans l’aide de lunettes (qui doivent être portées cependant en cas d’urgence ou de danger pour soi et les autres, en conduisant une auto ou en circulant dans des rues très populeuses), éloignez la chaise d’un pied ou deux du calendrier et répétez l’exercice à cette distance augmentée. Au bout de quelques semaines, on doit arriver à augmenter considérablement la distance à laquelle le myope voit avec précision.

Techniques de rééducation

Les myopes doivent s’exercer beaucoup à varier le jeu de l’accommodation, d’un point éloigné à un point rapproché et vice versa.

Techniques de rééducation

Les myopes peuvent lire sans lunettes, mais à une proximité anormale des yeux. Cependant, ils arrivent à lire sans trop de tension à une distance de trois à cinq centimètres plus grande. En s’exerçant ainsi à lire à une telle distance, le myope verra peu à peu se dissiper la sensation désagréable qu’il en ressent, pourvu naturellement que l’attention soit toujours dirigée convenablement et que le regard fixe (le grand vice du myope) soit évité. À la fin de chaque page ou même moins, le myope devrait s’interrompre quelques secondes pour jeter un coup d’œil à distance sur quelque objet très familier tel qu’un calendrier sur la paroi ou la vue à travers la fenêtre. On donnera d’autres indications relatives à l’art de lire dans le chapitre consacré à cette question.

Techniques de rééducation

En voyageant en autobus ou autocar, les myopes devraient saisir les nombreuses occasions qui leur sont offertes de lancer de rapides coups d’œil sur les caractères imprimés d’affiches, de devantures de magasin, etc. Il ne faut faire aucun effort pour fixer les mots ainsi regardés jusqu’à ce qu’on les voie clairement. Regardez un instant et fermez les yeux, puis si la vitesse du véhicule ne l’empêche pas, jetez un nouveau coup d’œil ; si vous voyez, c’est bien ; si vous n’y réussissez pas, c’est bien également, car vous avez toute raison de penser que vous verrez mieux une autre fois

Techniques de rééducation

le cinéma peut fournir le matériel d’exercices précieux. À votre première visite, mettez-vous aux premiers bancs pour assister à la représentation. À la deuxième représentation, prenez un siège de six mètres plus éloigné. Le scénario vous étant devenu familier, les images seront plus visibles pour vous que la première fois, et vous les verrez bien, même à cette distance plus grande. Les tableaux représentés vous étant devenus encore plus familiers, une troisième visite vous permettra de vous installer encore plus en arrière vers le fond de la salle. Et naturellement, si vous en avez le courage et assez de temps et d’argent, vous pourrez revoir cette représentation cinq, six, sept fois ou bien davantage en reculant chaque fois votre siège plus loin de la scène.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les lettres imprimées paraissent grises et floues à l’hypermétrope. Cet état de choses peut être corrigé indirectement par la pratique constante des exercices fondamentaux de l’art de voir : application de la paume des mains (palming), insolation (sunning), balancement (swinging) et changements rapides et répétés de la direction du regard d’un point rapproché à un autre (shifting) ; et directement à l’aide de la mémoire et de l’imagination

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

entre les yeux et l’esprit existe une double connexion. Une tension mentale provoquera de la tension et une déformation physique dans les yeux, et cette déformation physique des yeux aura pour conséquence que l’esprit percevra une image imparfaite des objets extérieurs, ce qui augmentera sa tension. Mais à l’inverse, si l’esprit est capable à l’aide de la mémoire et de l’imagination de se former une image parfaite d’un objet extérieur, l’existence de cette image parfaite dans l’esprit entraînera automatiquement un soulagement de la tension oculaire

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Plus l’image est parfaite dans l’esprit, plus grande sera l’amélioration dans l’état physique de l’œil. Car les yeux tendront à présenter une conformation physique normale, s’ils transmettent à l’esprit l’espèce de sensa que ce dernier peut percevoir sous forme d’une image parfaite d’un objet extérieur. Non seulement la connexion entre les yeux et l’esprit est réversible et double, mais en outre elle peut être avantageuse ou nocive pour les yeux comme pour l’esprit.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Après avoir observé quelques instants la noirceur des lettres, il doit considérer la blancheur de l’arrière-fond autour et à l’intérieur des lettres, imaginer ce fond plus blanc qu’il ne l’est réellement et ensuite avec l’aide de l’imagination arriver à le voir plus blanc qu’en réalité

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Quand l’esprit a une image parfaitement claire d’un objet, les yeux tendent automatiquement à revenir à la condition physique qui leur permet de fournir la « matière première » convenable pour fabriquer cette image claire.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

les émotions ont une connexion indissoluble, avec leur expression physique extérieure (gestes, mimique, changements du métabolisme, activités glandulaires, etc.), de même il existe une connexion également indissoluble pour le bien comme pour le mal, entre l’image visuelle (qu’elle soit produite par la mémoire, l’imagination ou l’interprétation de sensa) et la condition physique des yeux. Altérez ou améliorez l’image mentale et automatiquement vous altérez ou améliorez la condition des yeux. À l’aide d’actes répétés de la mémoire et de l’imagination, il est possible de perfectionner, d’abord momentanément puis définitivement, la qualité des images mentales d’objets extérieurs. Lorsque ce résultat a été obtenu, il se produit d’abord une amélioration temporaire puis permanente dans l’état physique des yeux

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les exercices qui contraignent l’esprit et les yeux à passer rapidement de l’accommodation à distance à l’accommodation de près sont aussi utiles à l’hypermétrope qu’au myope. De tels exercices ont déjà été décrits au chapitre de la myopie.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

La presbytie est essentiellement caractérisée par la perte du pouvoir d’accommodation, l’œil ne recevant plus à petite distance une sensation claire et précise. Cette défaillance de l’accommodation semble être le résultat d’une habitude, à laquelle le durcissement du cristallin prédispose les gens d’âge moyen et âgés. Cette habitude peut être modifiée. L’expérience le prouve, même si la condition physique du cristallin ne change pas. Comme tous les gens souffrant d’autres défauts visuels, les presbytes devraient suivre les règles fondamentales de l’art de voir, en les adaptant à leurs besoins spéciaux et en les complétant en cas de nécessité. Aux procédés utiles à toutes les personnes qui ne voient bien que de loin, ils devraient ajouter les techniques suivantes pour leur faciliter la lecture.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les caractères imprimés peuvent être lus sans trop de tension à une distance un peu plus courte qu’à la distance habituelle où la lecture se fait avec le maximum d’aisance. Le presbyte peut accoutumer ses yeux à voir de plus près, pourvu toujours qu’il interrompe sa lecture pour relâcher les organes visuels par les procédés du palming (application de la paume des mains), des balancements (swinging) et de l’insolation (sunning). Peu à peu, la distance de lecture peut être considérablement réduite de cette façon, parce que les yeux et l’esprit acquièrent un renouveau de souplesse

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Oliver Wendell Holmes cite le cas d’un gentleman de sa connaissance « qui, voyant sa vue baisser, se mit aussitôt à l’exercer sur les caractères imprimés les plus minuscules et de cette façon violenta la nature dans sa sotte habitude de prendre des libertés vers l’âge de quarante-cinq ans. Et maintenant le vieux gentleman accomplit les performances les plus extraordinaires avec sa plume, comme si ses yeux étaient une paire de microscopes ».     Ce vieux gentleman avait évidemment découvert pour lui-même ce que le docteur Bates redécouvrit plus tard et proclama devant le monde : la valeur, pour les personnes souffrant de défauts visuels, des caractères d’impression très petits, voire microscopiques. Oliver Wendell Holmes a tort cependant de dire qu’il violenta la nature dans son habitude de donner la presbytie aux gens âgés. L’œil, appareil sensitif, et l’esprit, organe de perception, ne peuvent être violentés avec succès. Toute tentative de les contraindre à voir et à percevoir aboutira toujours, en un temps très court, non pas à l’amélioration de la vision, mais à sa détérioration. Le vieux gentleman qui entraîna ses yeux à devenir une paire de microscopes ne les a pas violentés, mais amadoués. Et en agissant de même, les presbytes auront tout profit à suivre son exemple.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Procurez-vous un spécimen d’écriture imprimée avec de très petits caractères (dans toute boutique de livres de seconde main, vous trouverez des petits in-12 épais du début du XIXe siècle, contenant les œuvres complètes de grands auteurs et d’auteurs oubliés, et imprimés en type dit « diamant » si minuscule que nos ancêtres ont dû avoir une vue excellente pour en lire des volumes entiers). Exposez vos yeux fermés à la lumière solaire, ou en l’absence de soleil baignez-les à la lumière d’une forte lampe électrique. Appliquez le palming quelques minutes et exposez de nouveau les yeux fermés à la lumière durant quelques secondes. Ainsi relâchés, vous pourrez vous mettre à l’œuvre sur ces petits caractères. Tenant la page en plein soleil ou exposée à la plus forte lumière artificielle possible, regardez-la avec aisance, sans effort, tout en respirant rythmiquement et en clignant des yeux. N’essayez pas de voir les mots, mais laissez les yeux errer de droite et de gauche le long des espaces blancs entre les lignes imprimées. Il n’y a pas de risque de faire travailler l’esprit en contemplant une simple surface unie ; donc pas de risque de tension, si les yeux et l’attention changent constamment la direction du regard (shift) le long des espaces blancs entre les lignes. Rapprochez la page, tenue auparavant éloignée, jusqu’à trente centimètres de vos yeux, toujours en observant les espaces blancs plutôt que les caractères imprimés, veillant toujours à bien respirer et à cligner pour empêcher l’attention de devenir trop fixe et immobile. (En modifiant l’expression extérieure d’un état d’esprit indésirable, on agit sur cet état d’esprit lui-même ; l’attention ne peut être mal dirigée si nous prenons la peine de corriger les symptômes extérieurs d’une attention mal dirigée.)     Interrompez cet exercice à de fréquents intervalles pour une séance de palming et d’insolation (sunning). Cela est essentiel, car, nous l’avons vu, on ne peut faire violence à l’œil qui sent ni à l’esprit qui perçoit. Si l’on veut qu’ils coopèrent dans une bonne activité visuelle, ils doivent être relâchés pour être amenés à travailler normalement.     Après avoir pratiqué quelque temps cet exercice, on constatera en général que des mots isolés et des phrases entières de ces petits caractères d’impression deviendront presque soudainement visibles distinctement. Ne vous laissez pas tenter par ces premiers succès de lire longtemps. Votre but évident et immédiat en ce moment n’est pas d’arriver à lire la page devant vous, c’est d’acquérir les moyens de le faire plus tard, sans tension ni fatigue, avec une efficacité renforcée. N’essayez pas de lire, je le répète, mais continuez à regarder la page sans effort, et surtout les espaces blancs entre les lignes, à distances variables des yeux. De temps en temps, quand un mot en petits caractères est devenu visible, prenez un livre en caractères ordinaires et lisez-en un paragraphe ou deux. Il est plus que probable que vous le lirez plus aisément et de plus près que vous ne pouviez le faire avant d’avoir travaillé sur les petits caractères.

CHAPITRE XVI Hypermétropie, astigmatisme, strabisme

Les personnes atteintes d’une forme sérieuse de strabisme auront énormément de difficultés à revenir à l’état normal en se rééduquant elles-mêmes et devraient recourir à l’aide d’un maître expérimenté qui leur montrera comment arriver à la relaxation dynamique, par quels moyens fortifier l’œil faible et, dernier pas le plus difficile, comment réacquérir la faculté mentale de fusionner les deux groupes de sensa fournis par les yeux en une seule représentation d’un objet externe.

Astigmatisme et strabisme

Quand nous nous représentons distinctement une image normale, les yeux tendent automatiquement à se mettre dans l’état dans lequel ils devraient être pour procurer à notre esprit les moyens matériels pour voir cette image. Par conséquent, quand vous rouvrez les yeux et regardez une fois de plus l’objet éloigné, les deux crayons proches de vous sembleront, si votre imagination visuelle a été claire et distincte, nettement plus écartés l’un de l’autre qu’ils ne l’étaient. 

Maladies des yeux

L’art de voir n’est pas à l’origine une thérapeutique, c’est-à-dire qu’il ne vise pas directement au traitement d’états pathologiques de l’appareil sensitif des yeux. Son but est de favoriser le fonctionnement naturel et normal des organes de la vision (les yeux qui sentent et l’esprit chargé de la sélection et de la perception). Quand un tel fonctionnement a été rétabli, il s’ensuit généralement une amélioration marquée dans l’état organique des tissus impliqués dans ce fonctionnement.

Maladies des yeux

Dans les cas où l’état pathologique des yeux n’est pas un symptôme d’une maladie sise ailleurs dans l’organisme, le rétablissement du fonctionnement normal et naturel peut conduire indirectement à une guérison complète. On ne peut qu’espérer un tel résultat sans pouvoir y compter avec certitude, car le mauvais fonctionnement habituel aboutit à la tension neuro-musculaire chronique et à la réduction du volume de la circulation dans les yeux. Or toute région du corps où la circulation est insuffisante est particulièrement prédisposée à la maladie ; en outre, une fois la maladie installée, la capacité innée de guérison et d’autorégulation dans l’organe intéressé sera réduite d’autant. Tous les procédés susceptibles de restaurer le fonctionnement normal des organes psychophysique de la vue tendront à diminuer la tension neuromusculaire, à accroître la circulation et à rendre son pouvoir normal à la vis medicatrix naturae. L’expérience prouve qu’il en est bien ainsi lorsque des personnes souffrant de glaucome, de cataracte, d’iritis, de décollement de la rétine, etc, apprennent à faire fonctionner leur esprit et leurs yeux correctement et non plus incorrectement. L’art de voir, je le répète, n’est pas à l’origine une thérapeutique, mais à un certain degré et indirectement, il contribue au soulagement ou à la guérison de nombre d’affections oculaires sérieuses.

Lecture

En lisant, si la vision a le moindre défaut, nous sommes fortement tentés de faire fonctionner incorrectement les yeux et l’esprit.

Lecture

Nous sommes si avides de voir le plus grand nombre de caractères d’impression dans le laps de temps le plus court possible que nous négligeons entièrement les moyens naturels et normaux d’atteindre ce but. Le fonctionnement incorrect devient une habitude et notre vision s’altère encore davantage.     Tout d’abord, il faut nous rendre bien compte que la course au but est stupide, en matière de lecture, et qu’il faut inhiber, quand nous lisons, les manifestations de notre impatience et de notre gloutonnerie intellectuelle.

Lecture

Pour fournir aux yeux et à l’esprit la relaxation convenable, on doit en lisant adopter les simples règles suivantes :

Lecture

1) Fermez les yeux une ou deux secondes à la fin de chaque phrase ou période, ou de deux en deux phrases. Mettez-vous en état de détente (let go) et représentez-vous visuellement le dernier mot lu et le signe de ponctuation

Lecture

En rouvrant les yeux, jetez d’abord un regard sur ce mot évoqué et le signe de ponctuation qui vous paraîtront nettement plus distincts que la première fois que vous les avez lus

Lecture

2) À la fin de chaque page, ou toutes les deux pages, interrompez votre lecture deux ou trois minutes pour une séance de palming.

Lecture

3) Si le soleil donne, faites de l’insolation sur les yeux fermés et ouverts avant le palming, et de nouveau sur les yeux fermés après le palming. S’il n’y a pas de soleil, baignez les yeux à la lumière d’une forte lampe électrique.

Lecture

4) En lisant assis, arrangez-vous de manière à voir un calendrier ou tout autre spécimen familier d’écriture imprimée en gros caractères pendu à une paroi éloignée. À l’occasion, levez les yeux de votre livre et jetez un coup d’œil analytique sur les grands chiffres ou lettres. Si vous lisez à la lumière du jour, regardez quelquefois par la fenêtre dans le lointain.

Lecture

5) La mémoire et l’imagination peuvent être mises au service d’une meilleure lecture. Interrompez votre lecture de temps en temps, relâchez-vous et évoquez dans votre mémoire une lettre ou un mot que vous venez de regarder. Contemplez-le avec le regard de l’imagination, en observant le fond de blancheur qui l’entoure et qu’il renferme. Ensuite, représentez-vous la blancheur de ce fond comme plus intense que vous ne l’avez vue réellement. Rouvrez les yeux, contemplez le fond blanc autour et à l’intérieur des lettres réelles et tâchez de le voir aussi blanc que vous l’avez imaginé les yeux fermés.

Lecture

Pour varier votre exercice, fermez les yeux, évoquez une lettre que vous venez de voir, saisissez en imagination une plume et posez une tache de noirceur plus intense au sommet et à la base de la lettre ou sur chacun de ses côtés. Portez votre attention alternativement une demi-douzaine de fois d’une tache à l’autre : puis ouvrez les yeux et imaginant que vous voyez sur la lettre réelle des taches plus intensément noires ; faites aussi un shifting semblable de l’une à l’autre. Répétez ce procédé plusieurs fois et continuez votre lecture.

Lecture

6) Dans le chapitre sur la vue longue, j’ai décrit la manière dont les presbytes peuvent se faciliter la lecture en regardant sans effort des textes imprimés en très petits caractères, et surtout les espaces blancs entre les lignes. Les avantages de cet exercice ne sont pas réservés aux seuls gens âgés dont la vue baisse. Quiconque éprouve quelque difficulté à lire pourra tirer profit de ce procédé au début d’une période d’étude ou à certains moments durant cette période.

Lecture

la tension, l’attention mal dirigée et le regard fixe constituent les grands ennemis d’une vision normale. Pour les surmonter, veillez en lisant à observer les simples règles suivantes :     1) Ne retenez pas longtemps la respiration et ne laissez pas longtemps les paupières rigides et immobiles. Clignez fréquemment et respirez régulièrement, doucement et à fond.     2) Ne regardez pas fixement et n’essayez pas de voir également bien chaque portion d’une ligne ou une phrase entière à la fois. Maintenez les yeux et l’attention en mouvement continuel et de cette façon faites jouer la fixation centrale. Vous y réussirez le mieux en faisant errer les yeux continuellement et rapidement de droite et de gauche dans l’espace blanc sis au-dessous de la ligne imprimée que vous lisez. 

Lecture

Les mots et les lettres sont pour ainsi dire saisis entre une succession de petits déplacements des yeux, ou oscillations courtes.

Lecture

cette technique de lecture par mouvements rapides des yeux dans les espaces blancs séparant les lignes peut paraître quelque peu déconcertante. Mais au bout de quelque temps, vous découvrirez qu’elle favorise notablement une lecture claire et sans effort. Les lettres et les mots, pris au vol pour ainsi dire, sont plus aisément visibles que s’ils sont comme immobilisés par le regard fixe, plus facilement aussi si on les considère comme des interruptions dans un fond blanc uni, plutôt que comme des objets existant par eux-mêmes et attendant d’être déchiffrés.

Lecture

3) Ne froncez pas les sourcils en lisant. Le froncement des sourcils est un symptôme de tension neuro-musculaire produit dans et autour des yeux par la mauvaise direction de l’attention et par l’effort pour voir.

Lecture

Par l’acquisition de la relaxation dynamique et d’un fonctionnement normal, l’habitude de froncer les sourcils se perdra d’elle-même, mais sa disparition peut être accélérée et les tensions physiques et mentales soulagées en exécutant des actes fréquents d’inhibition. Au milieu de votre lecture, tournez soudainement en rond sur vous-même en observant les tics de vos muscles faciaux. Puis fermez les yeux un moment, mettez-vous en état de détente et relâchez à dessein les sourcils.

Lecture

4) Ne fermez pas les paupières à demi quand vous lisez. Au contraire du froncement de sourcils, cette contraction a un but. Cela faisant vous réduisez les dimensions du champ visuel normal et par là même vous éliminez des stimulus, cause de distraction, ainsi que la lumière diffuse que les yeux reçoivent des régions de la page qu’ils ne regardent pas. La plupart des gens atteints de défauts de la vue font leur lecture au travers d’une fente étroite entre les cils ; cette tendance est surtout marquée chez ceux qui présentent des opacités de la cornée ou d’autres tissus transparents des yeux. De telles opacités agissent d’une façon analogue aux particules de vapeur d’eau suspendues dans l’air un matin d’automne ; elles dispersent la lumière en créant une sorte de brouillard lumineux à travers lequel il est difficile de voir distinctement. L’occlusion partielle des paupières a pour effet de supprimer une grande partie du champ lumineux en réduisant ainsi la densité du brouillard causé par cette dispersion de la lumière.     Or le rétrécissement de la fente palpébrale exige un effort musculaire continuel. Cet effort accroît la tension dans et autour des yeux et a pour corollaire une augmentation des tensions psychiques. Regarder entre les paupières demi-closes constitue sans doute un moyen d’amélioration immédiate de la vue, mais qui doit se payer à l’avenir, car elle ne peut être obtenue qu’au prix élevé d’un accroissement de tension et de fatigue et d’une altération progressive ultérieure de la puissance visuelle. Il est donc très important de trouver une méthode qui corrige cette tendance néfaste. La relaxation consciente des paupières, de sorte qu’elles restent détendues avec une ouverture normale, n’y suffira pas ; elle ne saurait même qu’aggraver l’état de la vue, de sorte que, par simple défense naturelle, nous retomberions dans notre mauvaise habitude ancienne.     Heureusement, il existe une méthode mécanique très simple pour obtenir l’effet recherché par la semi-occlusion des paupières. Au lieu de supprimer les distractions et l’éclairage inutile dans l’œil récepteur, nous les supprimons à la source, sur la page imprimée. Tout ce dont on a besoin, c’est une feuille de papier noir épais, une règle et un couteau tranchant. Taillez dans le papier noir de quoi couvrir une demi-page ordinaire d’écriture imprimée. En son centre, découpez une rainure un peu plus longue que la ligne écrite ordinaire et assez large pour englober deux lignes d’écriture (la largeur de la rainure peut être variable selon les goûts individuels et selon les dimensions des caractères imprimés. On peut pour cela appliquer une bande de papier noir le long du bord supérieur de la rainure pour la rétrécir au degré désiré et fixer cette bande à l’aide de papier collant). Quand tout est prêt, appliquez le papier noir sur la page, le bord inférieur de la rainure étant placé à quelques millimètres au-dessous de la ligne à lire. Arrivés au bout de cette ligne, déplacez la rainure vers la ligne suivante et continuez ainsi.

Lecture

Dans certains cas, l’habitude de chercher à voir simultanément avec une égale précision trop de caractères imprimés peut être corrigée rapidement par l’usage d’une petite rainure longue de deux centimètres. Avec une telle rainure, on ne pourra voir d’une ligne donnée que la portion enregistrée par la macula lutea ; et le changement rapide du regard à l’intérieur de cet espace limité (shifting) mettra en jeu la fovea. De cette façon, la tache centrale de la rétine sera stimulée et mise en action, comme ce n’est jamais le cas lorsque les yeux tentent vainement de voir des lignes et phrases entières en même temps avec une égale précision

Lecture

La lecture à travers une rainure facilite la technique appliquée contre le regard fixe dont j’ai déjà parlé : le va-et-vient rapide du regard le long de l’espace blanc sous la ligne imprimée. Le bord rectiligne du papier noir agit à l’instar d’une ligne de chemin de fer le long de laquelle les yeux voyagent aisément et sans effort. En outre, la tâche d’imaginer les espaces blancs entre les lignes comme plus blancs qu’en réalité est facilitée quand ces espaces blancs sont vus (et évoqués dans la mémoire) en contraste avec leur cadre noir.

La vision d’objets non familiers

résistez à la tentation de regarder fixement et n’essayez pas de voir avec précision plus qu’une petite portion du champ visuel total. Considérez d’un regard analytique ce qui est devant vous et tenez les yeux et l’attention en mouvement constant entre des points rapprochés du champ visuel (shifting).

La vision d’objets non familiers

 veillez, si vous le pouvez, à ce que les objets ainsi examinés soient fortement éclairés

La vision d’objets non familiers

ne retenez pas votre respiration et clignez fréquemment des yeux

La vision d’objets non familiers

reposez-vous aussi souvent que possible, soit en fermant les yeux dans l’état de relaxation et en évoquant le souvenir de quelque objet familier, soit de préférence en faisant une séance de palming

Cinéma

Si possible, exposez vos yeux de temps en temps au soleil ou à la lumière d’une lampe électrique.

Cinéma

Pour beaucoup de gens atteints de défauts visuels, une visite au cinéma risque d’entraîner beaucoup de fatigue et de désagrément, qu’ils peuvent éviter. Contemplé d’une façon correcte, le cinéma ne crée pas de la tension dans les yeux et peut contribuer à améliorer la vision notablement. Voici les règles qu’il faut observer si l’on veut que la représentation soit un plaisir et non une fatigue pour les yeux.

Cinéma

1) Évitez le regard fixe. Ne tentez pas de voir tout l’écran également bien. N’essayez pas de retenir aucun détail. Au contraire, tenez les yeux et l’attention continuellement en mouvement.

Cinéma

2) N’oubliez pas de respirer et de cligner régulièrement.

Cinéma

3) Si certaines parties du film vous ennuient ou vous déplaisent, profitez-en pour vous reposer, en fermant les yeux quelques secondes et en vous mettant en état de détente. Même durant les épisodes les plus passionnants, vous saisirez parfois l’occasion de regarder un instant dans l’obscurité qui environne l’écran. Utilisez les interruptions pour faire du palming

Cinéma

 « Nous pouvons tirer du cinématographe, écrit-il dans Vision et Dessin, de curieuses notions sur la nature de la vie imaginative ; celle-ci ressemble à la vie réelle presque sous tous les rapports, sauf que la part dite “conative” par les psychologues de notre réaction aux sensations, c’est-à-dire l’action résultante appropriée, est retranchée. Si, au cinéma, nous voyons un cheval emporté avec un char, nous n’avons pas l’idée de nous garer ou de nous interposer héroïquement. Il en résulte d’abord que nous voyons l’événement avec beaucoup plus de précision que nous voyons nombre de choses intéressantes mais étrangères, qui dans la vie réelle ne pénétreraient pas dans notre conscience, entièrement absorbée par les problèmes de notre réaction appropriée. Je me rappelle avoir vu au cinéma l’arrivée d’un train dans une station étrangère et les gens descendre des voitures ; il n’y avait pas de plateforme, et à ma grande surprise je vis plusieurs personnes descendues de la voiture tourner sur elles-mêmes comme pour s’orienter, mouvement presque ridicule que je n’avais jamais remarqué dans les centaines d’occasions où une telle scène m’avait passé devant les yeux dans la vie réelle. C’est dû au fait qu’à la gare l’on n’est jamais un simple spectateur des événements, mais un acteur engagé dans le drame des bagages ou à la recherche d’un siège et qu’ainsi l’on ne voit rien de plus que ce qui peut contribuer à l’action appropriée. »

Cinéma

Les spectateurs voient plus et plus précisément que les acteurs. Grâce à ce fait, on peut tirer parti des cinémas pour perfectionner notre vision des objets et événements de la vie réelle

Cinéma

Dans la vie réelle, on ne voit pas de portraits de cinq mètres de haut sur deux à trois de large, mais sur l’écran c’est un phénomène commun. Utilisez cette particularité pour perfectionner votre vision des visages réels de dimensions ordinaires. Regardez soigneusement cette face gigantesque, soigneusement mais toujours analytiquement ; ne la fixez jamais avidement, même si c’est le visage de votre star favorite. Examinez-la dans tous ses détails, observant la structure des os, l’aspect de la chevelure, les mouvements de la tête sur le cou et des yeux dans leurs orbites, etc. Et quand la face colossale manifeste le chagrin, le désir, la colère, le doute et le repos, suivez avec une attention extrême les mouvements des lèvres et des yeux, des muscles des joues et du front. Plus vous mettrez de soin dans votre analyse, meilleur sera votre souvenir des jeux de physionomie habituels, et plus tard il vous sera d’autant plus facile de les observer dans la vie réelle sur les visages.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

Les gens de vue normale, dont les yeux et l’attention opèrent en état de relaxation dynamique, peuvent se permettre de négliger les conditions extérieures de la vue. Il n’en est pas de même pour les gens de vue défectueuse. Pour ceux-ci, des conditions extérieures favorables sont de la plus haute importance et le défaut de pareilles conditions peut accroître leur inaptitude à voir ou bien, s’ils se sont soumis à un cours de rééducation visuelle, retarder les progrès de leur rétablissement.     La plus importante de ces conditions extérieures d’une bonne vue, c’est un éclairage convenable.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

Autant que je le sache, il n’existe qu’une seule espèce de lampe électrique susceptible de fournir un éclairage d’un millier de bougies-pied sans consommation excessive de courant. C’est la lampe de cent cinquante watts décrite au chapitre de l’insolation des yeux. Le fond parabolique et argenté de l’ampoule tient lieu de réflecteur et la lumière est projetée en un faisceau puissant qui permet dans les meilleures conditions possibles l’exécution de la lecture, de la couture et d’autres activités nécessitant une attention soutenue, minutieuse et une vue précise.

CHAPITRE XVIII Conditions d’éclairage

Les ombres nous aident à apprécier les distances, les formes et contextures. Quand les ombres sont absentes, nous sommes privés de l’un de nos meilleurs poteaux indicateurs des formes réelles et l’interprétation exacte des sensa devient beaucoup plus difficile. C’est l’une des raisons pour lesquelles les organes de la vision se fatiguent beaucoup plus par temps de nuages élevés avec jour uniforme que par un brillant jour de soleil. La lumière fluorescente produit un effet similaire

ANNEXE 1

Chez les myopes, spécialement, les postures prises par le corps sont souvent très mauvaises. Cela peut être dû parfois directement à la myopie, qui prédispose à la flexion du buste et à l’abaissement de la tête. À l’inverse, la myopie peut provenir en partie du moins d’une mauvaise posture du corps. F. M. Alexander cite des cas où des enfants myopes récupérèrent une vision normale après avoir appris à maintenir une position correcte de la tête et du cou.     Chez les adultes, la correction de mauvaises postures n’est plus suffisante à elle seule pour restaurer la vision normale. L’amélioration de la vue sera accélérée chez ceux qui apprendront à corriger les mauvaises habitudes fonctionnelles de leur organisme tout entier, mais l’étude simultanée de l’art spécifique de voir leur sera indispensable.

ANNEXE 1

En 1931, le ministre républicain de la Santé publique en Prusse mit en garde contre cette méthode, comme une simple forme de charlatanisme ; mais dans l’Allemagne hitlérienne, une volumineuse littérature sur ce système en a répandu le culte, et le traitement du docteur Bates n’y manque évidemment ni de praticiens ni de patients. »     On observera que cet article contient deux sortes d’arguments :     1) La méthode de rééducation visuelle de Bates ne peut être bien fondée puisqu’elle est adoptée par des Allemands.     2) La méthode de rééducation visuelle de Bates ne peut être bien fondée, parce que certaines expériences inventées pour confirmer l’hypothèse où Bates a cherché l’explication du succès de sa méthode n’ont pas été menées correctement.     Le premier argument rappelle exactement celui qu’on utilisa il y a plus d’un siècle pour discréditer le stéthoscope. Les lecteurs des papiers de John Elliotson se rappelleront le récit qu’il a donné de cet épisode risible de l’histoire de la médecine en Angleterre. Grâce au préjugé antifrançais, il se passa vingt années ou davantage avant que l’invention de Laennec soit devenue d’un usage général parmi les médecins anglais.     D’une manière identique, grâce au préjugé contre les magnétiseurs et mesméristes, l’hypnotisme resta au ban de la médecine anglaise officielle durant une période plus longue encore. Un demi siècle encore après que Braid eut formulé son hypothèse classique et que Esdaile eut exécuté nombre de grosses opérations sous anesthésie hypnotique, l’Association médicale britannique maintint son point de vue qu’il n’y avait rien dans l’hypnotisme que fraude et charlatanisme.

ANNEXE 1

L’histoire médicale a la triste habitude de se répéter dans ces matières et il semble que l’éducation visuelle doive subir le même sort que l’hypnotisme et le stéthoscope.

ANNEXE 1

Des écoles pour la vue ont aussi existé plusieurs années en Allemagne. Certaines de ces écoles furent mauvaises sans doute et méritèrent la censure du ministère républicain de la Santé publique, mais d’autres doivent avoir été excellentes, si l’on s’en rapporte à un article publié en 1934 par un chirurgien militaire dans la Deutsche Medizinische Wochenschrift. Dans cet article, le docteur Drenkhahn rappelle que, dans plusieurs cas de vices de réfraction parmi les recrues de l’armée, il remarqua que la qualité du tir était meilleure quand les hommes ne portaient pas de verres correcteurs, mais étaient soumis à un cours d’éducation visuelle dans une école spéciale. À ceux qui présentent un affaiblissement quelconque de la vue, le docteur Drenkhahn donne le conseil suivant : n’allez pas immédiatement chez un oculiste qui prescrira en général des lunettes, mais consultez le médecin de famille et quand il aura fait le nécessaire pour améliorer l’état général physique et psychique, rendez-vous ensuite dans une école pour la vue où vous apprendrez à faire fonctionner correctement les yeux et l’esprit.

ANNEXE 1

Le phénomène que Bates cherchait à expliquer par sa théorie non orthodoxe de l’accommodation, c’étaient ces améliorations prononcées de la vision qui succédaient régulièrement à la pratique de certaines techniques éducatives. La preuve de la réalité d’un tel phénomène est fournie par les milliers de personnes qui, comme moi-même, ont tiré bénéfice de l’exercice de ces techniques, et par le grand nombre d’instructeurs consciencieux et expérimentés qui enseignent la méthode. 

ANNEXE 1

Dans l’histoire de l’effort humain, les faits constatés ont toujours précédé les hypothèses explicatives appropriées

ANNEXE 1

il est évident que, même si cette preuve secondaire n’était pas valable, même si l’hypothèse appuyée par cette preuve pouvait être déclarée incorrecte, cela n’enlèverait absolument aucune valeur aux faits que cette hypothèse était destinée primitivement à expliquer

ANNEXE 1

La théorie de l’accommodation de Bates peut être aussi inexacte que l’étaient aux XVIIIe et XIXe siècles les explications que l’on donnait de l’efficacité du jus de citron contre le scorbut. Néanmoins, le scorbut était guéri par le jus de citron et la méthode d’éducation visuelle de Bates donne de bons résultats.

Qu’est-ce que l’art de voir ?

Si la maîtrise psychophysique dépendait pour son développement d’une connaissance correcte de la physiologie, jamais personne n’aurait appris aucun art quelconque. Il est probable que Bach, par exemple, n’a jamais réfléchi sur la physiologie de l’activité musculaire ; et s’il le fit, il est absolument certain que ses raisonnements étaient faux. Cependant, cela ne l’a pas empêché d’utiliser ses muscles avec une dextérité incomparable pour jouer de l’orgue. Tout art, je le répète, n’obéit qu’à ses propres lois, et ces lois sont celles du fonctionnement psychophysique efficace, appliqué aux activités particulières ressortissant à cet art.

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