Livre de Jo Spiegel sur la Politique et une Société aimante

Highlights

Un système à bout de souffle

Notre démocratie essentiellement fondée sur les élections (de plus en plus boudées par les Français), donc sur la conquête du pouvoir par les partis politiques, montre ses limites de mandats en mandats.

Un système à bout de souffle

Les électeurs attendent l’alternative, ils ne récoltent que l’alternance.

Un système à bout de souffle

Personne ne croit que le salut viendra des extrêmes. Mais ils constituent le refuge et le réceptacle de toutes les colères et de toutes les désespérances.

Un système à bout de souffle

Quel spectacle indigne que le débat politique dans notre pays !   Pas même digne d’une cour de récréation…

Un système à bout de souffle

Réveillez-vous, Pierre Mendès France, Charles de Gaulle, Vaclav Havel, vous qui, avec d’autres, avez su conjuguer l’utopie, la résistance et l’engagement !   C’est-à-dire le courage de parler vrai et d’agir juste.

Un système à bout de souffle

Réveillons-nous, là où nous sommes, dans les petites décisions qui font la vie de tous les jours, afin d’offrir l’ambition d’une société intelligente et fraternelle !

Un système à bout de souffle

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », avertissait Antonio Gramsci dans ses Carnets de prison écrits dans les années 1930

Chapitre I – Un parcours singulier

Les partis politiques sont aujourd’hui trop souvent des freins aux innovations, en particulier démocratiques, et au ré-enchantement de la politique.

Chapitre I – Un parcours singulier

S’il y a un espace politique qui invite au rassemblement, au consensus, à prendre de la hauteur et donc à une autre manière de faire de la politique, c’est bien celui-ci : l’intercommunalité

Chapitre I – Un parcours singulier

On y retrouve les trois valeurs fondatrices de la République, appliquées au territoire : la liberté communale régulée par l’égalité et transcendée par la fraternité.

Chapitre I – Un parcours singulier

L’intercommunalité est par ailleurs animée par deux principes d’une haute exigence : la coopération et la subsidiarité. Coopérer pour faire mieux, ensemble, au sein de communautés, ce que les communes seules ne peuvent réaliser. Ces principes permettent d’œuvrer pour l’attractivité des territoires. Pour plus d’équité et de services pour tous les habitants, et pas seulement ceux des communes aisées.

Chapitre I – Un parcours singulier

Ces espaces de coopération entre communes constituent sans doute « une révolution silencieuse », qui est trop méconnue des citoyens

Chapitre I – Un parcours singulier

Cette révolution invite à dépasser tant les replis communaux, notamment des communes aisées, que les clivages partisans.

Chapitre I – Un parcours singulier

Ce que je retiens de la transition entre « les politiques paroissiales » héritées de l’histoire et la coopération entre les communes est du même ordre que le saut qualitatif qui nous fait passer d’une démocratie où l’on agit « pour » les citoyens vers une démocratie où l’on agit « avec » les citoyens.

Chapitre I – Un parcours singulier

Il s’agit, en somme, de préférer l’intelligence collective à l’entre-soi.

Chapitre I – Un parcours singulier

Pourquoi avoir donné la priorité aux enfants ?   D’abord parce que ce sont les citoyens de demain. Ensuite parce que mobiliser les enfants, c’est mobiliser les familles. Enfin, parce qu’en travaillant avec le conseil municipal des enfants, on aborde vraiment les questions d’intérêt général.

Chapitre I – Un parcours singulier

Nous l’avons institué en 1989, parmi les tout premiers de France. Puis j’ai renoncé à poursuivre cette expérience, comme je refuse de créer un club du troisième âge

Chapitre I – Un parcours singulier

Dans le processus démocratique mis en œuvre dans ma commune, à travers les conseils participatifs (voir page 57), j’essaie de rassembler de plain-pied toutes les ressources humaines et sociales pour agir ensemble. Je pense que l’atomisation des instances démocratiques, par âge ou par centre d’intérêt, ajoute à l’atomisation de notre société.

Chapitre II – La prise de conscience

le service devait prendre le pas sur l’ego et que le « pouvoir de… » devait prendre le pas sur le « pouvoir sur… ». Bref, que le politicien devait se transformer en ouvrier du vivre-ensemble. 

Chapitre II – La prise de conscience

Il n’y a pas de démocratie d’élaboration collective sans la capacité du politique à s’effacer un tant soit peu.

Chapitre II – La prise de conscience

un impensé démocratique : la transcendance. Être traversé par des valeurs qui nous transcendent, ou par le « tout-autre » – c’est-à-dire Dieu, pour le chrétien que j’essaie d’être –, m’a donné de reconsidérer différemment mon rapport à l’autre

Chapitre II – La prise de conscience

j’ai pris conscience d’une question devenue fondamentale pour moi, celle de Dieu. Pas au sens ecclésial, mais métaphysique, profond. Cette question me poursuit sans cesse.

Chapitre II – La prise de conscience

l’effritement de la transcendance républicaine, c’est-à-dire le déficit de construction du commun, fait suite à l’épuisement de la transcendance spirituelle

Chapitre II – La prise de conscience

La noblesse de l’engagement politique, c’est de refuser la démagogie, la flatterie et l’instrumentalisation des peurs

Chapitre II – La prise de conscience

rapport au pouvoir : suis-je dans l’ego ou dans le service ?

Chapitre II – La prise de conscience

Être élu, ce n’est pas seulement réaliser des choses mais participer, à son échelle et à sa mesure, à la transformation du monde. Ici et maintenant.

Chapitre II – La prise de conscience

La démocratie électorale montre aujourd’hui, en politique, les mêmes limites qu’a montré l’évaluation normative en pédagogie. Que veut dire une note sur 20 sortie du parcours scolaire dans lequel elle s’inscrit ? Que signifie une élection à 50,2% des voix lorsqu’il y a 50% d’abstentionnistes ? Comme au sein d’une classe, notre société a plus besoin de coopération et d’alliance que de compétition et de concurrence.

Chapitre II – La prise de conscience

je ne pouvais pas imaginer que ce que l’on ferait ne soit pas expliqué aux habitants. J’ai donc décidé de transformer le magazine municipal, qui ne sortait qu’une ou deux fois par an, pour en faire une publication beaucoup plus régulière. Et qui soit centrée sur les projets, sur le fond. Pas sur la personne du maire.

Chapitre II – La prise de conscience

L’information est la principale plus-value de toute organisation

Chapitre II – La prise de conscience

il est très important de distinguer communication et information. La première tend souvent à vendre un produit, la seconde essaie de dire ce qui est et ce qui va advenir.

Chapitre II – La prise de conscience

la démocratie ne peut se contenter d’informer les habitants de ce qui est entrepris par la municipalité. Cette action est nécessaire, mais largement incomplète au regard de ce qui apparaît pour moi comme une insuffisance et comme une exigence : devoir associer les citoyens aux processus de décision. 

Chapitre II – La prise de conscience

Est-ce à cette époque que vous vous rendez compte, notamment, des limites des réunions de quartier ?   Oui, je considère aujourd’hui que ce type de réunion ne contribue pas à l’élévation du débat public. Elles enferment au contraire les habitants dans des rôles d’assistés civiques et l’élu dans un rôle de magicien. Les questions les plus nombreuses posées par les habitants lors de ces réunions concernaient le périmètre immédiat de leur habitat, les crottes de chien et les ralentisseurs. Cette relation de fournisseur à client, de maire-producteur à habitant-consommateur, ne fait que renforcer la défiance des représentés envers les représentants. C’est une relation infantilisante, irrespectueuse des habitants, indigne d’une démocratie adulte, a-responsable de la part des politiques dont le rôle premier est de permettre à chacun de révéler sa vocation citoyenne. 

Chapitre II – La prise de conscience

De cette prise de conscience m’est apparue la nécessité de sortir du face-à-face stérile et du rapport condescendant entre élus et habitants, pour envisager des pratiques démocratiques de plain-pied, dans une ville gérée en coresponsabilité.

Chapitre II – La prise de conscience

J’ai donc renoncé à ces réunions, qui drainaient pourtant beaucoup de monde. Mais elles passaient à côté de la question centrale qui s’offre à tout citoyen : qu’en est-il de ma responsabilité dans l’espace public ? En quoi suis-je coresponsable du bien commun ?

Chapitre II – La prise de conscience

Curieux paradoxe que ces réunions de quartier où les grands sujets n’étaient pas évoqués, comme s’ils étaient naturellement et de droit divin réservés aux élus. 

Chapitre II – La prise de conscience

je ne comprenais pas comment des habitants pouvaient pétitionner contre l’ouverture d’une école !   J’ai très vite trouvé la réponse… et c’est à partir de ce moment là que je me suis dit que je co-construirais tous les projets importants avec les habitants. D’une part, l’instituteur qui était directeur de la grande école de dix-huit classes, grâce à une décharge spéciale, perdait cette dernière. On pouvait donc comprendre qu’il n’ait pas fait de publicité pour le projet. D’autre part, il y avait un élément que je n’avais absolument pas vu, et qui m’a fait prendre conscience que lorsque l’on place l’intérêt général trop haut, on ne voit parfois plus le terrain : quand on ouvre une nouvelle école, on redistribue la carte scolaire. Or, avec cette redistribution, il y avait un certain nombre de chérubins « bien-nés » qui se retrouvaient à côté d’enfants issus de l’immigration. Il y a eu un non-dit incroyable sur ce sujet.

Chapitre II – La prise de conscience

notre façon de faire, à la place des gens et dans une dimension descendante, dans un espace public désormais miné par l’individualisme, m’a permis de mieux percevoir la crise démocratique globale que traverse notre société

Chapitre II – La prise de conscience

Les gens du bas se contentent du « y a qu’à, faut qu’on » parce qu’ils ne sont jamais sollicités et ceux du haut se complaisent dans l’entre-soi des élus

Chapitre II – La prise de conscience

Lorsque l’on est élu, il faut vraiment avoir le nez dans le guidon pour ne pas voir les indicateurs de la crise démocratique. Une abstention de masse et souvent militante, un vote de plus en plus massif pour les partis qui n’ont jamais assumé de responsabilité. Un fossé qui ne cesse de se creuser entre les représentants et les représentés. Et, en arrière-fond, de plus en plus de méfiance, de défiance et de soupçon.

Chapitre II – La prise de conscience

comment ne pas voir que pour gagner les élections, on utilise de plus en plus les méthodes du marketing commercial ?

Chapitre II – La prise de conscience

Pour séduire l’électeur, on lui fait des promesses qu’on ne peut tenir. Cette culture des promesses non tenues est à la source du désenchantement grandissant vis-à-vis de la politique. Cela vire à la caricature. En particulier pour ceux qui font du simplisme leur argument de vente. 

Chapitre II – La prise de conscience

ce qui est devenu détestable dans la vie politique, la posture. Je la dénonce depuis bien longtemps. J’en parle d’autant mieux que je l’ai pratiquée, durant mes premiers mandats. Le fait, par exemple, quand on est dans l’opposition, de critiquer systématiquement ce qui est proposé par la majorité. C’est une démarche qui est le contraire de la recherche de la vérité. La conséquence, c’est que les Français pensent que les élus n’ont qu’un souci, celui de conquérir le pouvoir et de le conserver. Tout cela fait que la politique, surtout aux niveaux national et supranational, est considérée comme un monde hors-sol, comme une caste à part, qui se rassemble dans l’entre-soi du pouvoir et se chamaille pour le conquérir.

Chapitre II – La prise de conscience

Je ne confonds pas la conquête de l’individualité, qui est l’accès à la liberté personnelle, avec le système que l’on appelle l’individualisme, dont Emmanuel Mounier disait qu’il rend « étranger à soi-même et étranger aux autres ».

Chapitre II – La prise de conscience

Je n’ignore pas les multiples initiatives qui viennent du terrain, dans les mouvements d’en-bas, et qui font bouger notre société, comme le Pacte Civique, Jours Heureux, Pas sans nous, Démocratie ouverte, et bien d’autres… Je vois les mouvements citoyens se multiplier, s’organiser et grandir en dehors des partis et des institutions. Ils sont sans doute la preuve d’une aspiration à un changement réel et la démonstration que rien ne viendra plus définitivement, exclusivement, d’en-haut.

Chapitre II – La prise de conscience

une société qui se complaît dans l’individualisme et ses dérivés : les communautarismes, les corporatismes, les particularismes, etc. Un système où chacun défend son modèle, où se propagent le « moi d’abord » et le « tout, tout de suite » et qui traduit l’éclipse du commun.

Chapitre II – La prise de conscience

Le pire, c’est la solution de facilité du populisme. Sa cible, c’est l’opinion, pas le peuple éclairé. Il mise sur ce qui est, jamais sur ce qui est à advenir de plus beau et de plus grand. Il instrumentalise la peur, qui est le principal levier de mobilisation. Il use d’une parole qui flatte

Chapitre II – La prise de conscience

Le meilleur, c’est la voie difficile d’une démocratie qui active la métamorphose, dont parle Edgar Morin. Elle préfère la parole qui libère au silence qui isole, le dialogue qui relie à l’exploitation des peurs, le discernement aux amalgames

Chapitre II – La prise de conscience

Travailler à une transition démocratique, c’est-à-dire à des changements, cela nécessite de créer la confiance et de donner envie. Cela passe, pour ceux qui ont des responsabilités, par un certain état d’esprit. Par l’adoption de comportements exemplaires. Et par le témoignage de valeurs vécues

Chapitre II – La prise de conscience

après avoir coupé tant de rubans pour des inaugurations officielles, j’y renonce aujourd’hui. Est-ce par overdose ? Sûrement par prise de conscience. Que signifie ce coupé de ruban, porté par le sénateur, le député, le conseiller régional, le conseiller général et enfin l’élu local, qui y trouve d’ailleurs à peine sa place alors qu’il est souvent le principal artisan du projet inauguré ? Comme élus, nous ne sommes pas propriétaires de ce que nous faisons. À Kingersheim, nous avons donc remplacé les inaugurations avec coupé de ruban par des temps d’appropriation. Par et pour les habitants.

Chapitre II – La prise de conscience

Voici un autre exemple pour illustrer mon propos : pour remplacer les personnels de la ville pendant les vacances d’été, notamment ceux qui travaillent à la voirie ou dans les cantines, et désigner les jeunes parmi tous ceux qui se sont portés candidats, nous procédons à un tirage au sort, à la Maison de la citoyenneté

Chapitre II – La prise de conscience

Nous donnons ainsi à chacun la même chance d’être retenu, sans passe-droit ni clientélisme. Dans la transparence. Ceux qui ont été tirés au sort sont ensuite convoqués devant un jury composé de techniciens de la ville, pour faire part de leurs motivations

Chapitre II – La prise de conscience

Devant ce jury, ils s’engagent à être à la hauteur de la qualité du service public que je revendique pour ma commune. Il s’agit donc d’égalité des chances, mais aussi d’exigence et de mérite.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Dans une démocratie formelle telle que la nôtre, on se limite à créer le désir de participation au moment des élections. On voit aujourd’hui le résultat : une abstention de plus en plus forte et un vote de défiance à l’égard de ceux qui ont des responsabilités

Chapitre III – Créer le désir démocratique

La démocratie effective doit être continue, réelle et donc participative

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Elle ne se réalise pas seulement au moment de voter, mais dans tout l’intervalle des élections. Elle fait le pari de l’intelligence collective, et d’une citoyenneté active. Elle vise à mieux décider et à mieux agir, ensemble

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Elle professe que c’est dans cette démarche exigeante, faite de débats et d’élaboration partagée, que les choses peuvent réellement changer, dans l’intérêt de tous

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Elle n’oppose pas la vérité des uns, les représentants, et celle des autres, les représentés. 

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Pour cela, la première responsabilité du politique, c’est de créer du désir de participation. Ce n’est pas naturel, tant la société a été biberonnée à la seule offre électorale. Ce n’est pas évident, car tout est à inventer en matière d’ingénierie démocratique

Chapitre III – Créer le désir démocratique

C’est difficile, car les freins sont nombreux : le manque de temps et de disponibilité ; le réflexe de délégation de pouvoir ancré dans nos habitudes consuméristes ; l’autocensure de ceux, nombreux, qui pensent n’avoir rien à proposer ; l’attrait vers ce qui est simple et le rejet de ce qui est complexe. Il y a, enfin, la dureté de la vie quotidienne pour tous ceux, nombreux, que l’on appelle les invisibles, les relégués, les modestes, qui attendent désespérément des réponses concrètes et personnelles.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Porto Alegre, au Brésil, qui est la ville emblématique des budgets participatifs, ne réussit à mobiliser que 1,5% de la population… 

Chapitre III – Créer le désir démocratique

C’est à partir de ce constat que m’est venue la volonté d’impulser des moments forts de mobilisation. Des sortes d’olympiades démocratiques, où l’on redonne du souffle et où l’on tend à franchir un nouveau pas dans la participation démocratique.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Les règles du jeu ont été fixées : il ne s’agissait plus d’évoquer des préoccupations personnelles, des problèmes de crottes de chien ou de ralentisseurs, mais de réfléchir ensemble à notre ville, à la culture, à l’école, à la sécurité… Cela a été un très beau moment

Chapitre III – Créer le désir démocratique

La politique prise dans sa signification première, étymologique : « les affaires de la cité ». J’ai décidé d’aller à la rencontre de tous les habitants de la ville.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Je l’ai fait à pied. De porte à porte. De mai à septembre 1998. Muni d’un dictaphone, j’ai pris note de toutes leurs préoccupations concrètes. Toutes ont obtenu une réponse précise et motivée, même quand il n’y avait pas de solution. Dans le même temps, je leur ai remis un questionnaire, élaboré en équipe, invitant chacun à réfléchir à l’avenir de notre ville. Les projets, les attentes, la fiscalité… Des questions essentielles, et parfois provocatrices. Répondre à ce questionnaire nécessitait d’y consacrer près d’une demi-heure. Rien à voir avec la technique des sondages. Rien à voir non plus avec la sollicitation d’avis simplistes. Rien à voir enfin avec une opération de communication. Le retour a été inespéré. Du jamais vu selon les spécialistes de ce type d’opérations : 42% des habitants ont rempli et renvoyé le questionnaire

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Le logement social : 82% des habitants n’en voulaient plus. C’était inconcevable pour moi, au regard de trois arguments. D’une part, la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU), qui impose un quota de 20% de logements sociaux dans les communes. Or nous en étions à moins de 10%. D’autre part, la réalité d’une demande forte de logements sociaux. Troisième argument : l’évidente richesse de la mixité sociale. Un autre point non négociable concernait la diminution du prix de l’eau, voulue par les habitants. Ce qui était impossible dans notre situation, celle d’un service public assumé en régie municipale, où chaque euro dépensé va dans l’amélioration des réseaux et dans l’amélioration de la qualité de l’eau.   De ce moment-là m’est venue la certitude qu’une démocratie-construction telle que je la souhaitais ne pouvait être une démocratie d’opinion.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Les questions touchaient en réalité aux cinq grands axes qui constituent ce que j’appelle la grammaire démocratique : 1/ comment mieux interpeller la mairie et comment être mieux écoutés ; 2/ quels outils pour être mieux informés et pour mieux informer ; 3/ quelle place accorder aux temps d’échanges et de débats ; 4/ comment élaborer les propositions ; 5/ comment décider et s’engager. 

Note

Tout le processus démocratique est là c’est important

Chapitre III – Créer le désir démocratique

La restitution s’est faite par le biais du journal municipal. J’ai constaté à cette occasion l’attachement majoritaire des habitants aux réunions de quartier. Je les ai cependant remplacées par une autre démarche, le diagnostic en marchant. Cela consiste à inviter les habitants à se réunir, dans leur quartier, autour du maire et des adjoints, et à cheminer ensemble pour parler des problèmes qui se posent. Ce qui est important ici, c’est d’être physiquement présent, avec les habitants, là où leurs problèmes se posent.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

On a été beaucoup trop biberonnés à une conception providentielle de l’élu, perçu comme étant celui qui doit absolument tout faire à notre place

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Aux relations maire-producteur/habitants-consommateurs, maire-fournisseur/habitants-clients, qui étaient entretenues par les réunions de quartier, j’ai préféré le cheminement partagé, dans une ville appréhendée en coresponsabilité. C’est une façon de choisir la responsabilité plutôt que l’infantilisation. La citoyenneté plutôt que la soumission.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

La démocratie n’est réelle que si elle est pratiquée

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Au fond, il s’agit de permettre à qui le souhaite d’être partie prenante de l’avenir de la ville, autrement que par le bulletin de vote. De permettre à chacun d’être coproducteur de la décision, et donc copropriétaire de l’intérêt général.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

constat que la démocratie de participation est frappée du syndrome TLM : on retrouve Toujours Les Mêmes personnes. En général des retraités. De fait, ils constituent un potentiel et un vivier démocratique très appréciables. Mais ils ne représentent pas la diversité de la population

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Pour susciter un nouvel élan, nous avons organisé un autre porte-à-porte. Cette fois, je n’étais pas seul. Ont participé à cette aventure les élus et ceux que nous appelons les « agor’acteurs », c’est-à-dire des citoyens volontaires, engagés dans le renouveau démocratique. Nous sommes allés au devant des habitants avec cette parole : « Nous venons un an après les élections, donc pas pour solliciter vos voix, mais pour vous dire que vous serez importants pendant tout le mandat. » Ne pas se moquer des électeurs, c’est les considérer comme des citoyens en dehors des élections. C’est-à-dire des femmes et des hommes reconnus dans leurs vocations, leurs capacités et leur envie d’être acteurs de la ville et du vivre-ensemble

Chapitre III – Créer le désir démocratique

ce n’est plus la municipalité qui impulse, suit et évalue les différents cycles de débats, d’élaboration et de décision citoyenne, c’est un conseil communal de la démocratie. Il est formé aujourd’hui de vingt habitants, quatre représentants d’associations, six collaborateurs de mairie, et dix élus. L’objectif est de renforcer progressivement le collège des habitants pour lui donner le statut d’assemblée citoyenne, aux pouvoirs propres et autonomes

Chapitre III – Créer le désir démocratique

D’une part, la culture de l’utopie, de la vision, du rêve. D’autre part, la culture de l’indignation, de la résistance, du contre-pouvoir. Enfin, la culture de la régulation, de la décision, de l’engagement

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Une des difficultés à se réformer, pour notre pays, est liée au fait que ces trois cultures aiment s’ignorer. Aux uns, l’utopie, aux autres, l’indignation, aux derniers, la décision. Quand les uns veulent taire le principe de réalité, quand les autres ne veulent pas se coltiner les responsabilités, et quand les derniers oublient l’utopie et l’indignation, au fur et à mesure de leurs carrières politiques, alors il ne faut pas s’étonner que notre pays avance au rythme d’alternances confortables et conservatrices, et jamais à celui d’alternatives audacieuses et progressistes.

Chapitre III – Créer le désir démocratique

Hannah Arendt : « Le pouvoir naît quand les hommes travaillent ensemble, et disparaît quand ils se dispersent. »

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Les politiques ne pourront produire de bonnes décisions s’ils s’en tiennent à des postures quand ils devraient faire appel à une éthique de conviction, et à des étiquettes partisanes quand ils devraient revendiquer l’éthique de responsabilité.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Comment décider sérieusement quand l’affect prend le pas sur le discernement, et le rapport de forces sur le dialogue ? Peut-on parler de décision assumée quand la technocratie prend le pas sur les politiques et quand la puissance de l’argent domine le pouvoir d’agir des citoyens et de leurs représentants ?

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Cela nécessite de revoir notre grammaire démocratique pour la décliner autour de cinq exigences : la capacité de se mettre à l’écoute (au début, et souvent à la fin, d’un processus, sous forme de consultation) ; la volonté d’informer, c’est-à-dire, essentiellement, de partager le sens ; la nécessité de mettre en débat ; l’obligation de la co-construction ; l’exigence de l’engagement et de l’encouragement au pouvoir d’agir des citoyens. 

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Chaque projet à naître doit susciter un cycle de débats, de délibération et de co-élaboration préalable à la décision. Chaque projet doit gagner sa légitimité.

Note

C’est ce cycle que l’on doit construire sur la plateforme, du besoin à la solution

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Cela change en profondeur le rôle de l’élu. Avant d’être un décideur, il devient animateur du processus de décision

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Ne pouvant supporter la moindre hypothèse de soupçon de tricherie, j’ai retiré cette délibération de l’ordre du jour et j’ai confié cette question à un jury citoyen, composé d’habitants tirés au sort. Les travaux de ce jury ont conclu qu’il fallait conserver le vote classique et ne pas passer au mode électronique. 

Note

Peut être qu’il faut passer les décisions de la plateforme en ligne au filtre du vote traditionnel pour leur donner une légitimité

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

La grande innovation de Kingersheim, en matière de démocratie locale, ce sont les conseils participatifs. En quoi consistent-ils ?   Ils sont le fruit d’une longue maturation et portent l’ambition exigeante, peut-être utopique, mais nécessaire, de faire franchir à la démocratie un nouveau saut qualitatif

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Ils ont la volonté de réunir de plain-pied, le temps nécessaire, toutes les ressources démocratiques. C’est-à-dire à la fois, et en même temps, les citoyens, les experts et les élus

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

En effet, si l’on veut réduire le fossé entre les représentants et les représentés, entre ceux qui sont supposés savoir et ceux qui sont supposés ne pas savoir, entre ceux qui vivent la ville et ceux qui la gèrent, entre ceux qui ont l’expertise d’usage et ceux qui ont l’expertise de la technique ou de la pensée, alors il est essentiel que leurs apports spécifiques, particuliers, singuliers puissent être croisés, et que les différents points de vue puissent être fertilisés

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

La démocratie française souffre précisément de fonctionner en silos, dans ce domaine comme dans d’autres

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Dans le champ démocratique, ces silos s’appellent l’individualisme, le corporatisme, l’élitisme, la technocratie. À chacun sa chapelle, ses certitudes, ses égoïsmes, ses savoirs.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

 conseil participatif est composé d’un collège d’habitants, d’un collège d’experts (associations, institutions, personnes ressources) et d’un collège d’élus. C’est cette composition qui permet la régulation, l’enrichissement et le sens même d’un vrai débat et d’une réelle coproduction

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Ceux qui participent sont souvent des retraités et des personnes directement concernées par le sujet, qu’elles y soient favorables ou, au contraire, opposées. Afin de constituer un collège plus représentatif de la diversité de la population, nous le partageons en trois. Environ 40% des places sont réservées aux personnes volontaires, 20% à celles qui sont directement concernées par le projet, et 40% sont tirées au sort

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Favoriser l’intelligence collective, cela suppose de laisser le temps nécessaire à l’approfondissement des sujets à traiter. La démocratie doit être lente. Elle doit se donner le temps de la maturation

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Chaque séquence débute donc par de la formation, pour que tous les participants aient le même sens des mots employés, parfois très techniques, et le même niveau de compréhension des sujets, parfois complexes.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Par exemple, le conseil participatif dédié à la révision du plan local d’urbanisme (PLU) a commencé ses travaux par deux cycles de formation. Le premier, pour appréhender la complexité du sujet et pour relier le local au global. 

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Le deuxième cycle a été consacré à la difficile question de la densité : comment concilier le besoin de logements et le désir d’environnement

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Ont été expliqués les accords de Kyoto, le Grenelle de l’environnement, la loi SRU sur les quotas de logements sociaux, le plan local de l’habitat, le schéma de cohérence territoriale, etc.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Le risque de ces conseils participatifs n’est-il pas de faire croire aux participants qu’ils vont pouvoir se substituer en partie aux élus ?   Il est essentiel, au début du processus, de fixer le périmètre. Quitte à le mettre en débat. Mais c’est l’honneur du politique et la force du parler-vrai que de préciser ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Il n’y a pas de décision sans renoncement, comme il n’y a pas de débat sans règle, ni de projet sans contrainte : budgétaire, réglementaire, juridique…

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Comment éviter qu’au fossé qui sépare les élus des habitants ne se substitue un autre fossé, entre, d’une part, les élus et les membres des conseils participatifs, et d’autre part le reste de la population ?   C’est une question épineuse, en effet. Pour assumer une haute qualité démocratique, un conseil participatif doit être forcément limité en nombre de participants. Dès lors, se pose la question de savoir comment relier qualité et « massification » démocratique. Nous essayons d’y répondre en organisant des réunions de restitution pendant et à la fin de chaque séquence. Je demande aux collaborateurs municipaux et aux participants de restituer sur le site internet de la ville la synthèse des débats et le relevé des conclusions.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Je mesure bien qu’il peut se creuser un fossé entre ceux qui, peu nombreux, participent de manière active, et ceux qui ne le peuvent pas ou ne le souhaitent pas. Reste cependant une réalité indéniable : tous les projets sont abordés avec la participation des citoyens volontaires, et cela constitue une garantie revendiquée par tous les habitants, celle de la transparence des décisions municipales.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Les conseils participatifs illustrent ce que doit être une démocratie d’élévation et d’exigence. Ils s’appuient sur l’approfondissement, la posture de plain-pied, l’exigence du temps de maturation et la philosophie du compromis dynamique. En ce sens, les conseils participatifs prennent le contre-pied d’une démocratie d’opinion, de l’instant et, souvent, de l’instinct

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

l’expertise citoyenne à tel point que celle-ci est partie prenante de tous les processus de décision. Et pas seulement au sein des conseils citoyens, récemment instaurés en France, dont l’autorisation démocratique est souvent limitée au périmètre d’un quartier, à des questions ponctuelles, à des petits enjeux de cadre de vie et à des initiatives de second ordre.

Chapitre IV – Enrichir l’alphabet démocratique

Comment faire pour encourager les habitants à s’investir dans la vie locale ?   Il faut accueillir avec bienveillance ce qui vient du terrain et encourager et susciter le pouvoir d’agir de chacun

« Légion d’honneur : je ne veux blesser personne, mais j’y renonce ! »

Il me semble que notre société a besoin, plus que jamais, de (re)trouver une culture de plain-pied et le sens de l’égalité. Loin de toute idée d’uniformité ou d’élitisme

« Légion d’honneur : je ne veux blesser personne, mais j’y renonce ! »

L’essentiel n’est pas dans le visible, le mesurable, l’évaluable. Il est dans les cheminements personnels et collectifs, dans les démarches plus que dans les résultats. C’est en effet là que se nichent les transformations personnelles et les métamorphoses collectives. C’est là que se gagnent les combats vitaux du sens du service sur la tentation de l’ego. C’est dans ces cheminements, marqués davantage par les doutes que par les certitudes, rendus possibles par le discernement et le décentrement, que se renouvellent la pensée et l’action, que se forge un regard nouveau sur l’avenir et que se risque la critique des systèmes.

« Légion d’honneur : je ne veux blesser personne, mais j’y renonce ! »

Aucune institution, fût-elle de la République, ne peut mesurer un mouvement.

« Légion d’honneur : je ne veux blesser personne, mais j’y renonce ! »

Au fond, la question démocratique et la question du sens se rejoignent pour affirmer que l’humain prime sur l’institution

« La passion de la modération »

ce post vient à contre-courant de l’actualité politique et de celles et ceux qui font le choix, aujourd’hui et demain, de propositions radicales.   Ils font ce choix parce qu’ils sont désespérés et parce qu’ils ne font plus confiance à ceux qui, de promesses en promesses, n’ont rien changé concrètement dans leur vie personnelle.   Ils font ce choix de la radicalité (c’est-à-dire de la promesse absolue) alors qu’ils n’y croient pas.

« La passion de la modération »

Le drame pour les politiques, c’est de perdre progressivement ce qui fait sens, ce qui fait avancer, ce qui soulève les montagnes, c’est-à-dire tout à la fois la colère authentique, la révolte face aux injustices mais aussi le rêve encore et encore d’une vie meilleure et d’une société plus heureuse. La modération se technocratise et se déshumanise !

« Je quitte le PS »

L’avenir se construira, lentement, difficilement mais progressivement, à partir d’un autre modèle démocratique : moins partisan, plus participatif, plus intelligent.   Plus humain.

« Je quitte le PS »

Ce modèle ne niera pas les désaccords mais il s’évertuera à les dépasser par l’élaboration édifiante de compromis.

Note

De consentement

« Se poser et faire silence »

Faire silence, se poser, se laisser bouleverser, accepter de voir les fragilités qui nous habitent, tout cela devient un lent cheminement et un long apprentissage d’un autre rapport au pouvoir.

« Je me sens de plus en plus paumé dans le classement politique ! »

Voilà pourquoi je crois que les changements ne se feront pas tant dans les programmes que dans les cœurs, pas tant dans les discours que dans les silences, pas tant dans la matière que dans l’esprit.   Je remercie la vie de m’avoir fait progresser dans la compréhension de ce chemin.

« Je me sens de plus en plus paumé dans le classement politique ! »

En me rendant à Paris pour intervenir dans deux colloques, j’ai un peu de temps pour poser cet étrange sentiment, depuis que j’ai quitté le PS, de me sentir souvent plus centriste que les centristes, plus à gauche que la gauche, plus écologiste que les Verts et plus gaulliste que les Républicains !

« Je me sens de plus en plus paumé dans le classement politique ! »

Peut-être parce qu’ils ne pensent plus, ne croient plus. Sinon à garder ou conquérir le pouvoir.

« Je me sens de plus en plus paumé dans le classement politique ! »

Aux postures superficielles, je crois qu’il nous faut substituer une vraie radicalité.   Non pas celle qui peut conduire au pire mais celle qui exige le meilleur de nous.   Non pas celle qui est squattée par les partis politiques mais celle qui imprègne la vie.

« Je me sens de plus en plus paumé dans le classement politique ! »

Une radicalité qui peut être colère, mais sans haine ni méchanceté.

« On les aime sans les voir »

Une radicalité qui ne nie pas la contradiction ; ne cherchant ni à l’éluder ni à la supprimer, elle en cherche l’au-delà et le dépassement.   Cette radicalité-là n’oppose pas les camps politiques.   Elle les invite à tirer vers l’avant et à tirer vers le haut !

« On les aime sans les voir »

Prendre soin de nous pour pouvoir prendre soin des autres.

« Le Brexit est plus qu’un choc, c’est une leçon »

J’ai mal à l’Europe et à la promesse de ses bâtisseurs. Elle doit changer pour donner aux principes de subsidiarité et de solidarité de vrais contenus

« Le Brexit est plus qu’un choc, c’est une leçon »

Le « populisme » est l’enfant des inégalités et le fruit de l’anesthésie démocratique.

« Qu’ils n’essaient pas de se faire élire sur les morts »

j’adhère à cette réflexion de Jacques Sémelin, historien de la résistance civile, lue dans le quotidien La Croix (19 juillet 2016) : « Il existe aujourd’hui des foyers de guerre réels au sein de la société française. Tous les clignotants sont au rouge… Tout dépend de la capacité des sociétés à faire face à la peur. Ce qui compte avant tout, c’est la cohésion sociale et le potentiel de mobilisation dans la société, de mise en œuvre de la solidarité, du refus des amalgames…

« Qu’ils n’essaient pas de se faire élire sur les morts »

on le voit bien souvent, les discours politiques diffusent une angoisse généralisée et prennent le pas sur la réflexion. Là où il faudrait prendre de la distance face aux événements, on est dans la gestion d’une émotion collective à court terme.

« Chienne de vie »

Stendhal : « Les peuples n’ont jamais que le degré de liberté qu’ils conquièrent sur la peur. »

« Et si le changement, c’était nous ? »

je ne pourrai faire confiance qu’à des femmes ou à des hommes, plus encore à des équipes ou des mouvements qui, plutôt que de parler programmes, commenceront à se reposer humblement les questions fondatrices de sens, parmi lesquelles : Comment l’homme peut-il retrouver sa place dans un monde dominé par la puissance financière ? Quelle planète laisserons-nous à nos petits-enfants ? Comment susciter et encourager le pouvoir d’agir des citoyens ?

« Et si le changement, c’était nous ? »

Tous les candidats parlent de changement. Ils sont pourtant englués dans un même logiciel marqué par l’impuissance politique face aux crises économiques, sociales, écologiques et face à la crise du sens. Dans ces conditions, je continuerai de penser que le vrai changement viendra d’abord de nous : « Soyons le changement que nous voulons pour le monde. » (Gandhi).

« L’administration ne prend que le pouvoir que lui abandonnent les politiques ! »

l’administration prend le pouvoir quand le pouvoir politique est faible.   Et il est faible quand l’élu ne tient pas son rang, quand il n’est pas dans son rôle d’impulsion et quand il cumule. Et les politiques qui passent leur temps à critiquer l’administration, à flatter l’opinion sur le thème de la technocratie, à susurrer la petite musique contre les fonctionnaires, ce sont ceux qui précisément forment l’oligarchie qui dirige notre pays depuis plus de trente ans !

« Pratiquer le changement commence par changer vraiment de pratiques »

La réforme des régions est l’exemple le plus dramatique de la collusion objective entre une approche technocratique (la pensée laissée aux technos) et l’approche politicienne de grands élus (la pensée réduite à leur périmètre de pouvoir).

« Un Président ne doit pas dire ça »

Je trouve les candidats plutôt sympas, brillants pour beaucoup d’entre eux. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’ils me font pitié. Savent-ils à quel point cette campagne qui s’ouvre et dans laquelle ils acceptent de jouer les marionnettes constitue au mieux « l’écume des choses », au pire une comédie de boulevard et sûrement l’annonce qu’il doit advenir autre chose ! ?

« Qui vole un œuf, vole un bœuf »

le « non » d’amour est souvent plus édifiant pour l’enfant que le « oui » de facilité.

« Qui vole un œuf, vole un bœuf »

Comment ne pas comprendre la colère des policiers, leurs revendications de moyens, de considération et de relais par une justice plus réactive ? Mais quand le gouvernement (aujourd’hui ou demain, quel qu’il soit) aura répondu à la demande et à l’urgence, cela ne suffira pas.   Reste posée la question de la société que nous voulons. Ce que je crois, c’est que la question du code pénal se pose toujours quand se délite le code civique. Quand s’effritent les valeurs, les principes, les comportements qui conduisent au respect et qui font le vivre-ensemble. Le code pénal est du ressort de la décision politique. Il est palliatif. Le code civique est du ressort de la société toute entière. Il est essentiel.

« Si j’avais la fibre et la capacité d’être candidat à la présidentielle… »

 accepteraient de s’écouter, de se former, de consulter et surtout, dans un vrai dialogue, ils accepteraient de se remettre en cause pour coproduire du commun. Celui-ci ne peut être la moyenne des envies ou la somme des égoïsmes ni des particularismes. 

« Si j’avais la fibre et la capacité d’être candidat à la présidentielle… »

Des États généraux qui ne se concluraient pas par un cahier de doléances (on sait faire !) mais par une vision partagée , une confiance retrouvée, un regard complètement nouveau et par la proposition d’une Constituante soumise à référendum. Une Constituante qui mettrait fin à un cycle politique et à un modèle démocratique à bout de souffle

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