La volonté de changer
Livre de Bell Hooks sur le Féminisme
Highlights
La volonté de changer
pour beaucoup d’hommes, le féminisme est une affaire de femmes, bell hooks s’attelle ici à démontrer le contraire. La culture patriarcale, pour fabriquer de « vrais hommes», exige d’eux un sacrifice. Malgré les avantages et le rôle de premier choix dont ils bénéficient, ces derniers doivent se faire violence et violenter leurs proches pour devenir des dominants, mutilant par là-même leur vie affective
La volonté de changer
Il faudra une révolution des valeurs pour mettre fin à la violence masculine dans notre pays, et cette révolution sera nécessairement fondée sur une éthique de l’amour
La volonté de changer
Lorsque nous aimons la masculinité, nous prodiguons notre amour indépendamment du fait que les hommes jouent leur rôle ou non. En effet, jouer son rôle est une chose différente du simple fait d’être ce qu’on est
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Aimer la masculinité est une chose différente du fait de féli citer et gratifier les hommes qui se conforment aux standards sexistes de l’identité masculine.
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La culture patriarcale ne permet pas aux hommes d’être simplement ce qu’ils sont, et de se prévaloir de leur identité unique. Leur valeur est tou jours déterminée par ce qu’ils font. Dans une culture antipatriarcale, les hommes n’ont pas à prouver leur valeur et leur utilité. Ils savent dès leur naissance que le simple fait d’exister leur donne une valeur, le droit d’être chéris et aimés.
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Aucun homme ne parvient à se hisser à la hauteur des standards patriarcaux sans s’engager de manière permanente à pratiquer la trahison de soi.
- COMPRENDRE LE PATRIARCAT
La plupart des hommes ne pensent jamais au patriarcat - à ce que cela signifie, à la manière dont il est produit et maintenu. Beaucoup d’hommes dans notre pays ne seraient d’ailleurs pas capables d’épeler ce mot ou de le prononcer correctement. Le mot «patriarcat» ne fait tout simplement pas partie de ce qu’ils disent et pensent dans une journée normale. Les hommes qui l’ont entendu et le connaissent l’associent généralement au mouve ment de libération des femmes, au féminisme, et le rejettent donc comme n’ayant aucun rapport avec leur propre expérience.
- COMPRENDRE LE PATRIARCAT
Le patriarcat est la maladie sociale la plus dange reuse pour le corps et l’esprit masculins dans notre pays. Pourtant, la plupart des hommes n’utilisent pas le mot «patriarcat» dans leur vie quotidienne.
- COMPRENDRE LE PATRIARCAT
Lorsque j’enrageais de me voir refuser un jouet, on m’apprenait, en tant que fille au sein d’un foyer patriarcal, que la rage n’était pas un sentiment féminin approprié, que non seulement je ne devais pas exprimer un tel sen timent, mais que je devais l’éradiquer. Lorsque mon frère enrageait de se voir refuser un jouet, on lui apprenait, en tant que garçon au sein d’une famille patriarcale, que sa capacité à exprimer sa rage était une bonne chose, mais qu’il devait considérer si le contexte était propice au déchaînement de son agressivité. Pour l’instant, il ne devait pas utiliser sa rage pour s’opposer aux souhaits de ses parents, mais plus tard, une fois adulte, on lui apprit que la rage était permise si la violence qu’elle suscite l’aide à protéger son foyer et sa nation.
- COMPRENDRE LE PATRIARCAT
Nous vivions dans une région agricole, isolé-es des autres gens. Nous avons acquis notre sens des rôles de genre auprès de nos parents, en observant la façon dont il et elle se comportaient.
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la plupart des gens continuent à considérer que le patriarcat est un problème qui se pose à cause des hommes. Ce n’est tout simplement pas le cas. Les femmes peuvent aussi bien épouser la pensée et l’action patriarcales que les hommes.
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Évidemment, il ne nous sera pas possible de démanteler ce système tant que nous serons collec tivement dans le déni à propos de son impact sur nos vies. Le patriarcat exige la domination masculine par tous les moyens nécessaires, c’est pourquoi il sou tient, encourage et tolère la violence sexiste. Or, dans les discours publics sur la violence sexiste, c’est de maltraitances et de viols commis par les partenaires domestiques que nous entendons le plus souvent parler. Mais les formes de violence patriarcale les plus répandues sont celles que font subir les parents patriarcaux à leurs enfants au sein du foyer. Cette violence sert en général à renforcer un modèle de domination où celui qui impose son autorité est considéré comme le maître de tous ceux et celles qui n’ont pas de pouvoir, et où il s’octroie le droit de maintenir son règne par des pratiques d’assujet tissement, de subordination et de soumission.
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La culture patriarcale se maintient en empê chant hommes et femmes de dire la vérité sur ce qui leur arrive au sein de leur famille. Dans notre culture, la grande majorité des gens appliquent une règle tacite qui exige que les secrets patriarcaux ne soient pas diffusés, afin de protéger le règne du père. Le fait que notre culture refuse à toutes et tous un accès facile au simple terme de «patriarcat» relève aussi de cette règle du silence.
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Le patriarcat exige des hommes qu’ils deviennent et demeurent des estropiés affectifs. Dans la mesure où ce système refuse aux hommes le plein accès à leur libre volonté, il est difficile à tout homme, quelle que soit sa classe sociale, de se rebeller contre le patriar cat, de se montrer déloyal envers le parent patriarcal, que ce dernier soit homme ou femme.
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Souvent, dans mes conférences, lorsque j’utilise l’expression « patriarcat capitaliste, impéria liste, suprémaciste blanc» pour décrire le système politique de notre pays, le public rit. Personne n’a jamais expliqué pourquoi il est amusant de nommer ce système avec précision. Le rire est lui-même une arme du terrorisme patriarcal. Il fonctionne comme une clause de non-responsabilité, qui permet de ne pas prendre au sérieux le sens de ce qui est nommé.
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]‘interprète ce rire comme une manière pour le public de montrer son malaise lorsqu’on lui demande de se rallier à une critique antipatriarcale et désobéissante.
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Les citoyen·nes de ce pays ont peur de contester le patriarcat même s’ils et elles ne sont pas ouver tement conscients d’avoir peur, tant les règles du patriarcat sont profondément ancrées dans notre inconscient collectif. Je dis souvent au public que si l’on faisait du porte-à-porte pour proposer aux gens de mettre fin à la violence masculine contre les femmes, la plupart d’entre eux apporteraient leur soutien sans équivoque. Mais si on leur disait qu’il
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n’est possible de faire cesser la violence masculine contre les femmes qu’en mettant fin à la domi nation masculine, en éradiquant le patriarcat, ils commenceraient à hésiter, à changer de position.
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Évidemment, certains hommes patriarcaux sont des personnes dignes de confiance, parfois même des gar diens bienveillants qui subviennent aux besoins des autres, mais ils sont toujours emprisonnés dans un système qui mine leur santé mentale. Le patriarcat favorise les troubles mentaux. Il est à l’origine des maux psychologiques qui accablent les hommes de notre pays. Pour autant, le grand public ne se préoccupe pas du sort des hommes.
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Les hommes sont inquiets, d’après plusieurs exper ts conservateurs, parce que les femmes sont allées bien au-delà de leur demande initiale d’égalité de traitement et tentent maintenant d’arracher aux hommes le pouvoir et le contrôle. [ … ] Voici le message sous-jacent: les hommes sont que des eunuques, et non des hommes ne véritables, s’ils n’ont pas le contrôle. Les points de vue féministe et antiféministe sont tous deux ancrés dans cette idée particulièrement moderne et américaine selon laquelle être un homme, c’est être aux manettes et sentir à tout moment que l’on contrôle la situation.
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Pour remédier réellement à la souffrance et à la crise mas culines, nous devons, en tant que pays, accepter de mettre au jour cette triste réalité que le patriarcat a toujours fait du mal aux hommes
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Au lieu de me demander pourquoi les hommes résistent au combat des femmes pour une vie plus libre et plus saine, j’ai commencé à me demander ce qui retient les hommes de s’enga ger dans leur propre combat. Pourquoi n’ont-ils pas cherché de réponse méthodique et raisonnée à leur situation, si ce n’est par un crescendo de caprices incohérents? Pourquoi ne se révoltent ils pas devant le niveau d’exigence absurde et insultant que notre culture leur impose lorsqu’ils doivent faire leurs preuves? [ … ] Pourquoi les hommes n’ont-ils pas réagi à la série de trahisons qui a jalonné leur vie - à l’échec de leurs pères à tenir leurs promesses - par quelque chose d’équivalent au féminisme?
Note
L’égo
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Le patriarcat psychologique est une dynamique entre les qualités qu’on considère comme« mas culines » et « féminines ». Elle consiste à exalter la moitié de nos traits humains et à dévaloriser l’autre moitié. Hommes et femmes contribuent à ce système de valeurs torturé. Le patriarcat psychologique est une « danse du mépris», une forme perverse de connexion à soi, qui substitue à la véritable intimité un millefeuille complexe de domination et de soumission, de conni vence et de manipulation dissimulées. C’est le paradigme méconnu de nos relations, qui s’est diffusé dans la civilisation occidentale généra tion après génération, déformant les deux sexes et détruisant le lien passionnel qui les unit.
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La notion de patriarcat psychologique permet de mettre en évidence le fait que les femmes sont impliquées aussi bien que les hommes
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libérer de l’idée fausse selon laquelle les hommes seraient l’ennemi à abattre. Pour mettre fin au patriarcat, il nous faut remettre en question ses manifestations tant psychologiques que concrètes et quotidiennes
La volonté de changer
Pour mettre fin à la souffrance masculine, pour répondre efficacement à la crise masculine, il nous faut nommer le problème. Nous devons non seu lement reconnaître que c’est le patriarcat qui pose problème, mais aussi nous efforcer d’y mettre fin.
- ÊTRE UN GARÇON
De nombreux parents suivent l’une des pires idées de la pensée sexiste et laissent pleurer leurs bébés garçons sans les réconforte r, de peur que le fait de trop les câliner, de trop les réconforter , ne les transforme en mauviettes.
- ÊTRE UN GARÇON
Tous les enfants, y compris les garçons, viennent au monde avec l’envie d’aimer et d’être aimé-es par leurs parents. Quarante ans de recherche sur l’attachement affectif montrent qu’en son absence, les enfants meurent ou subissent de graves dommages affectifs