Élever ses enfants sans élever la voix - Nathalie de Boisgrollier

Éducation bienveillante

Highlights

Les besoins

Le dictionnaire Larousse définit le besoin comme une exigence née d’un sentiment de manque, de privation. Le terme vient du francique bisunnia qui veut dire « soin ». Le besoin a un caractère subjectif, il évolue avec le temps, le lieu. Il varie suivant l’individu. Les besoins s’étendent du biologique au culturel, du corps à l’esprit.

Les besoins

Abraham Maslow, psychologue américain (1908-1970), insiste sur l’importance des besoins dans la motivation et l’action de l’homme à se mettre en mouvement

Les besoins

La satisfaction complète et instantanée de tous les besoins n’existe pas. Ce qui se passe à l’échelle de la famille (la concurrence entre les besoins des parents et des enfants) est à l’image de ce qui se passe dans la vie, pour tous. Autrement dit, enseigner l’attente, l’écoute de l’autre (en commençant par l’écoute du parent), une forme de frustration, est aussi une éducation au respect des besoins.

Les besoins

exiger d’un enfant de 4 ans qu’il joue seul dans sa chambre n’est pas adapté à son développement.

Les besoins

Les enfants sont des êtres en évolution permanente. Leurs besoins évoluent donc avec l’âge. Il est fondamental de connaître les différentes étapes du développement psychologique1 de l’enfant pour connaître ses besoins et ses capacités. Cela permet de ne pas demander des choses à un enfant tant qu’il n’y est pas prêt, cela participe également à mieux répondre à ses besoins

Les besoins

Oui, on peut lui dire, dès le plus jeune âge : « J’ai compris que tu me demandes de l’eau, … que tu souhaites toucher cet objet, …

que tu voudrais que ton frère quitte la pièce, etc. Mais il se trouve que… je n’ai pas d’eau sur moi, … que cet objet est fragile et n’est pas à moi, … que ton frère doit rester dans la pièce pour que je le surveille. » Une excellente façon d’apaiser sa demande est donc de lui dire : « J’ai compris ta demande, je ne peux pas y répondre là, maintenant, ici. »

Les besoins

Avec un petit, ne vous embarrassez pas à expliquer que vous pourrez éventuellement répondre à sa demande plus tard : il n’a pas la même notion du temps que vous. Détournez simplement son attention sur autre chose.

Les besoins

Apprendre à faire la diff érence entre le désir et le besoin Mais quelle différence peut-on faire entre besoin et désir ? Ils sont tous deux liés à un manque. Le besoin est d’abord lié au corps et il est toujours vital : besoin de boire, de dormir, de jouer, de bouger, d’expérimenter… Satisfaire un besoin va porter la personne et l’emmener, à petits ou à grands pas, sur un chemin d’accomplissement.

Le désir n’est pas essentiel, ni vital ; pour autant il est utile : faire une activité ludique, vouloir une paire de chaussures de marque… Satisfaire un désir procure souvent un plaisir immédiat. Le désir est parfois excessif et peut provoquer des effets néfastes indirects. Et en même temps, le superficiel, c’est aussi la fantaisie, le rêve ; cela permet de libérer des tensions. Le désir, c’est comme la fête : ce n’est pas prio-ritaire… mais ça fait du bien !

Les besoins

−   Quand Adèle réclame à sa maman un gâteau avant le déjeuner, elle exprime plus ou moins qu’elle a faim. Quand elle lui réclame, vingt minutes après le repas, un gâteau, c’est plutôt de la gourmandise.

Les besoins

−   Quand Arthur demande un jouet de plus, une petite voiture, alors qu’il en a reçu trois pour son anniversaire, c’est un désir d’accumulation, de possession, de supériorité…

Les besoins

−   Quand Françoise offre systématiquement, à chaque repas, des sodas à son fi ls de 6 ans, elle répond à son désir de gourmandise alors que son besoin est de se réhydrater en buvant de l’eau.

Les besoins

Jacques Salomé nous dit que nous répondons trop souvent aux désirs de l’enfant et non à ses besoins1. Il parle d’« escroquerie parentale ».

« Nos enfants ne sont pas que des besoins et des désirs. Ils sont aussi des êtres de communication », nous dit-il. Prendre le temps d’écouter la demande d’un enfant, en parler, lui demander des précisions – non

Les besoins

pas techniques mais plutôt de l’ordre du « pourquoi et pour en faire quoi » –, permet souvent d’atténuer l’urgence. L’attente permet aussi de faire la différence entre le superficiel et le nécessaire.

L’histoire de la famille moderne

Au Moyen Âge, en Occident, l’enfant devient adulte vers 13, 14 ans.

Les garçons se marient d’ailleurs à cet âge-là. Les filles sont fiancées dès l’âge de 7 ans, mais leur union ne peut se faire qu’à l’âge de la puberté.

Dans les classes aisées, il est d’usage qu’une fille de 12 ou 13 ans soit mariée à un homme beaucoup plus âgé, qui a connu le veuvage. Nous vous laissons imaginer les situations de jeunes filles à peine pubères, sans aucune éducation, vivant avec un homme d’une trentaine d’années ayant des enfants plus âgés qu’elle.

L’histoire de la famille moderne

L’éducation reste simple. Ce sont les familles nobles qui y ont accès, et elle est réservée aux hommes. On se marie parce que c’est une question de survie et d’économie. Les gens qui ne peuvent pas s’établir pour des raisons financières vont souvent rejoindre les rangs de l’Église.

L’histoire de la famille moderne

À la croisée de l’Antiquité et du Moyen Âge, saint Augustin va s’intéresser à l’enfant. À l’époque, on croit que l’enfant est sans réflexion, dépourvu de conscience, de logique, de volonté, qu’il s’agite pour un rien, qu’il faut le dresser, le contenir.

L’histoire de la famille moderne

Le taux de mortalité est très élevé et, de ce fait, l’enfant n’est pas investi affectivement. Il a peu d’importance. On pense qu’il n’est qu’un mauvais moment à passer. « Les parents attendent bon fruit de leurs enfants quand ils seront grands », nous dit Philippe de Novare. L’enfant doit être soumis et il doit respecter ses parents et l’adulte en général.

L’histoire de la famille moderne

De la Révolution à la Seconde Guerre mondiale Pendant la révolution industrielle, aux XVIIIe et XIXe siècles, l’enfant passe du statut de main-d’œuvre familiale dans les champs à main-d’œuvre bon marché dans les filatures, mais aussi dans les mines de charbon.

C’est d’ailleurs dans le nord de la France, dans la seconde moitié du XIXe siècle, que les mines de charbon ont mis en place les premières crèches d’entreprise et les nurseries. L’objectif de ces crèches est surtout de permettre à la femme de retourner au travail dès que possible et, marginalement, de soustraire l’enfant aux risques de la pauvreté en confiant son éducation à des « professionnels ».

L’histoire de la famille moderne

L’époque de la révolution industrielle coïncide aussi avec le début d’une autre grande révolution, celle de l’amour libre, véhiculée par les premiers journaux et par l’émergence d’un nouveau genre littéraire : le roman. Le roman est un outil de diffusion de cette nouvelle façon de voir la relation conjugale et la fondation de la famille.

L’histoire de la famille moderne

L’amour libre naît d’un nouveau parcours de vie. L’homme et la femme délaissent leurs terres pour aller travailler dans les usines. C’est un véritable progrès. D’une part parce qu’on échappe au regard du village, de la communauté, pour aller vivre dans un endroit nouveau où tout est à créer. Ensuite parce qu’on ne dépend plus des caprices de la nature (un ouvrier agricole n’était pas payé quand les intempéries l’empêchaient de travailler).

L’histoire de la famille moderne

On arrive sans le sou, les mains dans les poches, mais avec un goût de liberté. Il n’y a aucun enjeu économique, pas de terre, pas de petite boutique, ni de vaches ou de chevaux. C’est une liberté nouvelle, un confort de travail aussi – on touche son premier salaire.

L’histoire de la famille moderne

Sans enjeu économique, le mariage devient plus libre : comme les jeunes gens se retrouvent très éloignés de leur village, ils n’ont plus à demander l’autorisation de la communauté, de la famille. Et les premières unions libres se font.

L’histoire de la famille moderne

À cette époque, et jusque dans les années 1940-1950, il fallait encore le plus souvent l’accord des parents pour se marier. La nécessité de cette approbation se fait moins autoritaire, mais il persiste une pression familiale qui se traduit souvent par une autocensure de la part des jeunes gens.

L’histoire de la famille moderne

Pendant très longtemps malgré tout, l’amour est mal vu. Les familles essaient de se prémunir contre ce nouveau sentiment. On fait entrer dans sa famille l’inconnu, l’autre, perçu comme un élément de discorde qui fait craindre la désalliance, la mésalliance, la déchéance et les choses se passent parfois dans la tension et le conflit.

L’histoire de la famille moderne

L’idée de mariage libre ne se généralise donc que très progressivement – il faudra pratiquement attendre 1968 pour que le mariage totalement libre entre dans les mœurs et devienne un usage et une pratique répandus.

L’histoire de la famille moderne

Si le jeune homme a « engrossé » (comme on dit à l’époque) son amie, il faut « réparer » et les jeunes gens se retrouvent très rapidement mariés pour garder « secrète » leur faute. Une mère célibataire est rejetée de la société, montrée du doigt. Même sans être mère, être célibataire pour une femme est vécu très difficilement. Les cas d’hommes célibataires sont bien moins nombreux du fait des accidents de travail et de la guerre, et ne posent de problème à personne.

L’histoire de la famille moderne

Sur cette période (du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle), quel regard porte-t-on sur l’enfant, à commencer par la loi ?

L’histoire de la famille moderne

En 1841, naît une des premières lois qui fixe en France l’âge minimum du travail à 8 ans, pour une durée maximale de douze heures par jour.

En 1874, l’âge minimum pour commencer à travailler est porté à 12 ans et le travail sous terre est interdit pour les enfants.

La France vient de perdre la guerre de 1870 contre l’Allemagne, et on découvre que ce pays a une démographie forte et que les petits Allemands vont très tôt à l’école. Les Allemands sont mieux organisés, plus disciplinés. Ils ont une économie dynamique. Le rapprochement est fait entre cette réussite et la généralisation de l’école. Cette prise de conscience, malgré quelques luttes, mènera à l’école pour tous.

L’histoire de la famille moderne

En 1889, une circulaire du ministère de l’Éducation interdit les châti-ments corporels. En même temps, la Cour de cassation reconnaît aux maîtres d’école et aux éducateurs le droit de correction au même titre qu’aux parents : gifles, soufflets, bonnets d’âne et parfois maltraitance auront encore de beaux jours.

L’histoire de la famille moderne

En 1892, c’est l’école obligatoire pour tous, loi initiée par Jules Ferry.

Même si, avant cette date, l’éducation passait principalement par l’Église et ses écoles, ou si certaines villes avaient l’obligation de créer des écoles pour accueillir les garçons, c’est une vraie révolution qui se met en marche.

L’histoire de la famille moderne

Si, pour certains, l’école représente un progrès social, sa généralisation s’inscrit souvent dans une volonté d’augmenter les compétences, de gagner en production à travers la course à l’industrialisation et à la colonisation.

L’histoire de la famille moderne

L’industrialisation participe aussi à l’uniformisation du langage : les patois et les langues régionales sont affaiblis et délaissés.

1905 voit la séparation de l’Église et de l’État. Issue d’une longue lutte, parfois brutale, pour l’émergence d’une pensée laïque, cette séparation touche tout autant les sphères du pouvoir que le quotidien des familles. Notamment à travers l’école laïque.

L’histoire de la famille moderne

En 1906 est instauré le repos hebdomadaire pour tous, reconnu et inscrit dans la loi.

L’histoire de la famille moderne

En 1909 sont accordés les premiers congés de maternité de huit semaines.

L’histoire de la famille moderne

Il faudra attendre 1919-1920 pour connaître une première vague de divorces. C’est une période difficile. Les hommes reviennent de la guerre et ont du mal à reprendre leurs marques. Les femmes ont souvent pris un peu plus d’autonomie et de responsabilités, ont été plus actives dans les décisions et la vie du village, dans l’économie.

En outre, elles ne reconnaissent pas forcément ces hommes blessés physiquement et psychologiquement.

L’histoire de la famille moderne

En 1920, c’est la prise de conscience par le gouvernement qu’il faut repeupler la France, que cette Première Guerre mondiale a eu des conséquences démographiques désastreuses. Sont donc mises en place les premières mesures d’accompagnement à ce que nous pouvons appeler aujourd’hui les politiques familiales.

L’histoire de la famille moderne

Ce sont aussi les premières grandes découvertes scientifiques, les progrès de la médecine (première vaccination en 1881…) qui vont commencer à se diffuser sur tout le territoire. La mortalité infantile baisse : 140 ‰ en 1905 , 70 ‰ en 1940, 35 ‰ en 1955… et moins de 5 ‰ en 2000.

L’histoire de la famille moderne

1932, c’est la création des allocations familiales. Les mères sont valorisées dans leur rôle au niveau de la famille, mais aussi de la patrie.

Ce rôle s’intensifie pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il faut prendre soin des femmes pour qu’elles donnent la vie, portent des enfants. Il faut prendre soin des enfants, car ils sont la richesse d’une nation, ils font partie de la communauté des hommes. L’accouchement se médicalise de plus en plus et les règles d’hygiène sont enseignées.

L’histoire de la famille moderne

1944, les femmes obtiennent le droit de vote. Elles sont reconnues à part entière comme les égales des hommes et leur rôle dans la société est avéré.

L’histoire de la famille moderne

En 1965, une femme peut enfin travailler sans demander l’autorisation de son mari, ouvrir et posséder un compte bancaire et faire un usage personnel de son argent.

Les besoins

L’enfant, comme l’adulte, va chercher à répondre à ces besoins. Il va chercher à éviter la douleur, l’inconfort. Il va chercher la satisfaction.

Les besoins

Prenons l’image d’une plante dans son pot : trop d’eau fait mourir la plante ; pas assez d’eau aussi. D’autant que les notions de « trop » et de « pas assez » varient d’une plante à l’autre. Certaines plantes ont besoin d’ombre, d’un peu d’eau, et d’autres ont besoin d’être en plein soleil. Il en va de même avec vos enfants. Un enfant n’a pas forcément les mêmes besoins qu’un autre. Vos enfants sont, davantage encore que les plantes, tous différents.

Les besoins

Autrefois, on ne faisait pas attention aux besoins des enfants.

Aujourd’hui, au contraire, nous voulons tout leur donner. Nous voulons le meilleur pour eux, nous voulons « rattraper » ce que nous n’avons pas eu. Rappelons-nous, de temps à autre, que ce qui nous paraît nous avoir manqué n’existait parfois pas ou peu dans notre enfance.

Répondre aux besoins de l’enfant, c’est bien. Répondre aux besoins de l’adulte et du parent, c’est tout autant nécessaire.

Les besoins

Quand un enfant fait une colère, un caprice, ce n’est pas du désamour.

C’est le langage qu’il utilise pour exprimer un besoin non satisfait.

Les besoins

Le premier réflexe d’un parent va être de chercher une raison à ces pleurs ou à ces cris, soit en les qualifiant de colère ou de caprice, soit en se culpabilisant et en se disant qu’il n’a pas fait ce qu’il fallait. Nous devons apprendre progressivement à reconnaître ce qu’exprime notre enfant à travers eux : un mal de dent, la faim, la peur, etc. quand il est petit, ou la soif d’apprendre, le besoin d’expérimenter, l’envie d’autonomie, etc. quand il grandit.

Les besoins

Un dernier exemple pour faire la différence entre besoin et désir : Michaël, jeune garçon de 10 ans, a grandi et a besoin de nouvelles chaussures. Entraîné par son entourage et par la société de consommation, il peut exprimer son besoin en disant : « Maman, je veux des Converse. »

Il n’a bien sûr pas besoin de cette marque particulière de chaussures. Il en a envie, il les désire.

Les besoins

À l’image des besoins de Maslow (voir p. 50), les besoins fondamentaux de  l’enfant peuvent être définis ainsi :

•  boire ;

•  se nourrir ;

•  être en sécurité ;

•  apprendre ;

•  jouer ;

•  communiquer ;

•  explorer ;

•  sortir ;

•  se faire plaisir ;

•  être aimé et aimer ;

•  être respecté ;

•  être accompagné ;

•  acquérir progressivement son autonomie

Les besoins

De son côté, Jacques Salomé distingue sept besoins que la famille, l’école et le travail doivent combler pour que l’enfant ou l’adulte soit équilibré1 :

•  me dire avec mes mots ;

•  être entendu et respecté ;

•  être reconnu pour ce que je suis ;

•  être valorisé pour ce que je fais ;

•  avoir de l’intimité, un jardin secret ;

•  créer, réaliser, avoir mon espace d’initiative ;

•  rêver.

Les besoins

Savoir dire non à certaines demandes de l’enfant est définitivement structurant pour lui mais requiert un effort de la part des parents : éduquer son enfant à respecter une interdiction, cela se travaille. Lui apprendre les frustrations est nécessaire. L’enfant aura à vivre en société, où il y a des lois, des normes, des usages et des limites.

Les besoins

Par exemple, vous faites plaisir à votre enfant en lui donnant des frites de temps en temps. Vous répondez à son désir mais votre rôle de parent est aussi de lui apprendre à manger des légumes. Vous pouvez le lui expliquer : « Oui, j’entends que tu aimerais manger des frites encore plus souvent. Je sais que les carottes ne sont pas ton plat préféré. Mais dans notre famille, on apprend à prendre soin de notre santé et à manger équilibré et varié. Si on n’apprend pas à goûter, on ne peut pas savoir si on aime. » Et à un autre moment, vous pourrez bien sûr vous ouvrir à ses désirs : « Dis, demain, qu’est-ce

Les besoins

qui te ferait plaisir pour le dîner ? », « Tiens, cela fait longtemps que nous n’avons pas fait de frites, qu’en penses-tu ? », « Donne-moi des idées de menus pour les vacances ».

Les besoins

Dès 4 ans, l’enfant sait réagir et s’adapter aux besoins et aux attentes de l’autre. Quand le parent montre qu’il n’est pas à sa disposition, cela permet à l’enfant de renoncer à sa toute-puissance et de trouver une solution par lui-même.

Les besoins

il est bon parfois de laisser un enfant s’ennuyer. Le seul risque que vous prenez, c’est qu’il vous émerveille par sa créativité.

Les croyances et les valeurs

−  « Nous n’avons rien sans rien. »

−  « Les bons réussissent toujours. »

−  « Mon enfant est paresseux. »

−  « C’est trop facile, ce n’est pas normal. »

−  « Réussir ses études, c’est réussir sa vie. »

−   « Faire des études supérieures, c’est avoir la garantie d’un bon salaire. »

−  « Pour être compétent, il faut avoir un diplôme. »

−  « On ne peut faire qu’une seule chose à la fois. »

−  « Si je parle, on ne va plus m’aimer. »

−  « Pour être aimé, il faut rendre service. »

−  « Il n’y a que les garçons qui sont bons en maths. »

−  « Sans argent, nous ne sommes rien. »

−  « Il ne faut pas être treize à table » et autres superstitions…

Voilà quelques exemples de croyances à travers lesquelles nous percevons le monde. Elles nous sont données par notre culture, les histoires de nos familles, la grande histoire, l’école et la société.

Note

Croyances limitantes

Les croyances et les valeurs

Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises : soit elles sont des ressources, soit elles sont neutres, soit elles sont limitantes

Les croyances et les valeurs

Les croyances et les valeurs sont un ensemble de principes qui nous définissent, nous intègrent à un groupe, à un sous-groupe. Elles nous conditionnent, nous structurent, nous gouvernent, mais aussi nous permettent d’aller de l’avant, de nous mettre en mouvement.

Elles nous protègent également, et c’est pour cela qu’à travers nos expériences, quelles qu’elles soient, nous généralisons et mettons en place des croyances pour nous protéger.

Les croyances et les valeurs

Prenons un exemple très simple : la nourriture, un domaine qui véhicule de nombreuses croyances. En 1950, il était bon de manger de la viande et on faisait la promotion de ce qu’elle pouvait apporter.

Aujourd’hui, un nouveau message prône les aspects négatifs de sa consommation : impact sur la santé, sur l’environnement… Notre regard et nos croyances sur ce qui est bon ou pas sont en train de changer.

Les croyances et les valeurs

Les croyances sont alimentées par la famille, par la société, par les connaissances scientifiques du moment. Il suffit de très peu de chose pour qu’elles naissent : souvent une petite phrase que l’on a déjà entendue, notamment dans l’enfance, provoque une réaction ou une émotion particulières. Et pour peu que nous entendions la même affirmation deux ou trois fois, notre croyance s’enracine.

Nous cherchons même à la valider par une expérience. Et comme

« tout existe », il y a de grandes chances pour que nous trouvions de quoi nous conforter dans notre conviction, dans notre croyance.

Les croyances et les valeurs

Celle-ci commence alors à fonctionner comme un filtre au travers duquel nous percevons le monde. Il devient de plus en plus difficile de nous en défaire… comme des lunettes de soleil que l’on ne retirerait plus.

Les croyances et les valeurs

Les croyances font partie de nos vies. Mais en prendre conscience peut tout changer. À commencer par les croyances limitantes, surtout quand elles font obstacle à la satisfaction de besoins importants. C’est comme réapprendre à enlever ses lunettes de soleil… au moins quand il fait sombre.

Les croyances et les valeurs

La publicité joue très souvent un rôle sur nos croyances. En résumé, elle crée des croyances pour mieux faire naître des besoins. Par exemple, elle fait croire que de dangereuses bactéries prolifèrent dans les toilettes mais que le produit X élimine 99,9 % des bactéries. Et pourtant, il est maintenant démontré qu’un clavier d’ordinateur ou un sac à main contiennent beaucoup plus de bactéries et de germes potentiellement pathogènes que des toilettes normalement entretenues avec des produits existants depuis des générations. Dans cet exemple, pour installer la croyance, la publicité joue sur une émotion : la peur de la maladie

Les croyances et les valeurs

les médias ont eux aussi, grâce à leur puissance de communication, une grande capacité à générer des croyances, mais aussi à les détruire ou à accélérer le passage d’une croyance à une autre. Là encore, en être conscient rend plus distant, plus autonome par rapport aux informations qui sont véhiculées.

Les croyances et les valeurs

exemple, repris par plusieurs expériences de psychologues, qui montre ce que produit une croyance1: annoncer au début de l’année à un enseignant que les élèves de sa classe ont été sélectionnés comme les meilleurs (ou les moins bons) de l’école. La fabrication artificielle d’une croyance produit invariablement le même résultat : à la fin de l’année, les élèves de cette classe se révèlent les meilleurs (ou les moins bons) par rapport aux autres classes. La croyance induit des comportements qui peuvent la rendre réelle.

Les croyances et les valeurs

−   Dans la famille de Maxime, ils sont sportifs. Ils transmettent l’idée que la réussite ne se fait qu’à travers les exploits et la compétition.

Le petit Maxime n’est pas motivé par le sport et encore moins par la réussite. Il est plutôt calme et observateur ; il aime la tranquillité et les arts. Il entend, dans son milieu familial, que seuls ceux qui sont sportifs et qui ont l’envie de gagner réussissent. Il intègre ces affi rmations comme une vérité et va inconsciemment se saborder et ne pas réussir. Il a pourtant toutes les capacités pour être artiste ou écrivain, puisqu’il a un potentiel de compétences différentes de celles des membres de sa famille.

Les croyances et les valeurs

Des exemples de croyances

« Je n’ai pas de mémoire, je ne sais pas dessiner, je suis nul(le) en maths… »

« Une mère doit être toujours disponible. »

« Un père doit être autoritaire. »

« Si je me trompe, je vais me faire gronder. »

« L’argent fait le bonheur. »

Les croyances et les valeurs

Pour reprendre l’exemple de la nourriture (voir p. 61), nous mettons tous dans l’acte de nous nourrir quelque chose de plus : la notion d’accueil, de partage, de réussite, de soutien au commerce local, de bonne santé… En France, le repas participe à la construction familiale. C’est un moment d’échange qui a lieu d’abord et avant tout en famille. À tel point que l’Unesco a reconnu cette pratique comme appartenant au patrimoine immatériel mondial

Les croyances et les valeurs

Les valeurs nous inspirent, nous stimulent, nous mettent en relation avec un groupe. Elles participent à notre identification. Elles sont toujours formulées de façon positive. Elles s’expriment à travers notre métier et notre vision du monde, à travers nos engagements. Elles donnent du sens à notre vie et à notre travail.

Les croyances et les valeurs

Les valeurs sont transmises :

•  par la famille ;

•  par la société et le groupe ;

•  par l’école.

Nous sommes tous des maillons de cette chaîne de la transmission.

Les croyances et les valeurs

Les valeurs nous permettent de nous identifier à un groupe. Elles répondent à des besoins comme la reconnaissance, l’appartenance, l’estime et l’accomplissement. En prendre conscience tôt nous rend plus libres dans nos rapports sociaux, nous aide à trouver plus facilement notre place dans la société.

Les croyances et les valeurs

La croyance s’enracine à chaque fois qu’une expérience se renouvelle et provoque la même émotion.

On dit qu’elle naît si une expérience se produit trois fois et suscite trois fois la même émotion

Note

Source?

Les croyances et les valeurs

Instinctivement, nous recherchons ce qui consolide nos croyances.

Note

Biais de confirmation ?

Les émotions

Savoir identifier ses émotions fait partie de ce que le psychologue américain Peter Salovey1 appelle « l’intelligence émotionnelle ».

Note

La méditation augmente ton intelligence émotionnelle

Les émotions

Les émotions s’expriment par le corps : frissons, dilatation des pupilles, larmes, accélération du rythme cardiaque… Elles nous indiquent que nous sommes dans une situation agréable ou désagréable. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. Beaucoup d’entre elles passent inaperçues.

Les émotions

Le plus souvent, c’est quand elles dérangent ou que nous sommes bloqués dans un état émotionnel que nous nous rendons compte de nos émotions, ou parce que les autres nous renvoient notre agressivité, notre excitation ou notre tension.

Les émotions

Notre corps est le support de l’expression de nos émotions. La relation corps-esprit mérite donc d’être écoutée, comprise, prise en compte.

Les émotions

Surtout qu’il arrive que l’émotion liée à un événement (soit par la répétition, soit par la violence) s’imprime dans le corps, y laisse une trace, qui peut se traduire par une maladie. Ce processus s’appelle la somatisation. On trouve désormais de véritables cartographies des sources émotionnelles possibles d’un signe physique, d’un trouble de la santé ou d’une maladie.

Les émotions

Quelques exemples de réactions corporelles

traduisant une émotion

Mal de tête Pression,

stress.

Eczéma

Colère, lien à l’autre.

Mal de ventre Peur,

angoisse.

Otite

« Je ne peux pas croire ce que j’entends »

ou « Je ne suis pas écouté ».

Les émotions

L’émotion est fugace, instantanée, instinctive. Dès que l’on commence à analyser, comprendre, intellectualiser et quand l’émotion s’installe, on parlera plutôt de sentiment. Par exemple, si votre père se fâche et fait sa grosse voix, vous ressentez immédiatement la peur. S’il réitère son comportement, si vous expérimentez souvent cette situation, si vous appréhendez qu’elle se reproduise, alors, par anticipation, votre peur risque bien de se transformer en sentiment d’angoisse, d’accablement, d’amertume…

Note

Est-ce vraiment un sentiment?

Les émotions

Nous avons tous vu des personnes relater un événement qui a eu lieu plusieurs années auparavant et lu sur leur visage leur état émotionnel, comme si l’événement venait de se passer quelques heures plus tôt.

Les émotions

OUTIL

Revivez une émotion

1- Je vous invite à fermer les yeux, à prendre une ou deux respirations profondes et à vous détendre.

2- Rappelez-vous une situation agréable. Cela peut être un événement proche ou un lieu dans lequel vous vous sentez apaisé. Remémorez-vous

Les émotions

la situation le plus fidèlement possible : les bruits que vous avez entendus, la lumière, l’ambiance, et ressentez l’état émotionnel dans lequel vous êtes… Puis rouvrez les yeux et revenez à vous.

3- À nouveau, refermez les yeux, respirez profondément. Rappelez-vous une expérience où vous avez eu peur ou bien où vous vous êtes mis en colère. À nouveau, souvenez-vous, regardez la scène en étant le plus près possible de la situation à travers les mots prononcés, les gestes échangés, l’ambiance, l’atmosphère, le lieu, la situation. Fermez les yeux et ressentez ce qui se passe dans votre corps.

Les émotions

4- Si vous avez bien fait l’exercice, si vous avez pris le temps de revivre la situation « comme si vous y étiez », vous avez pu constater qu’en vous remémorant le contexte, vous pouvez revivre votre état émotionnel. Et vous devriez même pouvoir en observer les effets sur votre corps : rythme cardiaque, tension musculaire, grimace…

Les émotions

Certaines de nos émotions ont une histoire, car nous en héritons de nos parents – certaines sont transmises de génération en génération.

Elles influencent notre personnalité et notre façon de réagir.

−   Andréa a 10 ans. Elle ne sait pas faire de vélo, et j’apprends un peu plus tard que sa maman est tombée à vélo dans l’eau quand elle était petite. Elle a eu très peur ; tellement peur qu’elle n’a jamais voulu que ses enfants fassent du vélo, transmettant ainsi sa peur à ses enfants.

Les émotions

−   Isabelle avait des placards toujours remplis. En donnant à sa fi lle toujours plus que le nécessaire pour ses goûters, elle était sur le point de lui transmettre sa peur de manquer. En travaillant sur elle-même, elle s’est aperçue que ses placards étaient plus ou moins pleins suivant l’état émotionnel dans lequel elle se trouvait. Son placard lui disait qu’elle était dans un état de manque et qu’il fallait à tout prix éviter cette situation. Après qu’Isabelle en eut pris conscience, les choses se régularisèrent d’elles-mêmes. Elle a donc réussi à ne pas transmettre une peur irrationnelle qui lui venait probablement de la génération précédente qui avait connu la guerre.

Les émotions

Vous avez peut-être remarqué que lorsqu’un enfant est de mauvaise volonté ou qu’il est d’humeur boudeuse, il peut influencer son groupe d’amis et assombrir une fête d’anniversaire ou toute une après-midi.

Notre état émotionnel influence l’environnement dans lequel nous nous trouvons autant que l’environnement nous influence. Si nous nous rendons à une fête avec l’idée que nous allons bien nous amuser, il y a de grandes chances pour que la fête se passe bien. Si nous y allons en traînant les pieds, avec des critiques plein la tête, il y a de grandes chances que nous soyons insatisfaits et que nous ne nous amusions pas du tout.

Note

Corégulation

Les émotions

Respecter les émotions de l’enfant, c’est d’abord l’inviter à comprendre qu’il faut en prendre conscience. C’est aussi lui apprendre à les connaître

Les émotions

et à les gérer, pour qu’il n’entre pas dans une attitude de victime ou de bourreau. C’est lui enseigner à ne pas réagir de façon chaotique, ce qui lui permettra de maîtriser son énergie.

Les émotions

Quand nos émotions partent dans tous les sens, quand elles nous gouvernent et nous malmènent, on parle d’ « émotions chaotiques ». Si on apprend, progressivement, à gérer ses émotions, elles se régulent.

Non seulement on les reconnaît mais on les « apprivoise ». On peut même en prendre la mesure, comme on étudie un rythme cardiaque.

Les émotions

Quelques jeux et activités pour apprendre à gérer les peurs :

–  Jouez à cache-cache. Vous adapterez le jeu à l’âge de l’enfant. Vous pouvez commencer en mettant la main devant les yeux, ce qui fascine les enfants dès 8 mois. Jouer à cache-cache est une ressource inépuisable pour dépasser la peur de la disparition.

–  Déguisez-vous (endossez un autre comportement et soyez un autre), jouez au fantôme, jouez au loup et autres rôles de monstres.

–  Lisez ensemble une histoire qui fait peur : elle devra être choisie en fonction de la capacité de l’enfant à identifier qu’il s’agit bien d’un récit imaginaire… et, bien sûr, ne la lisez pas juste avant le coucher. N’hésitez pas à la relire autant de fois que votre enfant le réclame ; elle évoque sans doute une peur qu’il est prêt à dépasser.

–  Écoutez ensemble des comptines sur les monstres et les peurs.

Les émotions

OUTIL

Le spray à sorcières

Prenez un vieux flacon muni d’un vaporisateur, remplissez-le d’eau additionnée ou non d’eau de fleur d’oranger, et déclarez qu’il s’agit d’une découverte scientifique qui chasse les sorcières. Il ne vous reste plus qu’à en vaporiser légèrement dans la pièce.

Les émotions

La tristesse est une émotion caractérisée par un sentiment de désavantage, de perte, d’impuissance, de chagrin, de manque d’animation ou de vie. Elle génère une baisse d’énergie et diminue la capacité à agir.

En faisant barrage à la tristesse avant même qu’elle ait eu le temps de s’exprimer, vous ne permettez pas à l’enfant de faire son deuil, processus physique et psychologique associé à la perte. Faire comme si de rien n’était, ne pas être à l’écoute de ses besoins, de son humeur, faire bonne figure, jouer un rôle, voilà ce que vous apprenez à votre enfant. Il sera peut-être capable de jouer ce rôle tout au long de sa vie, y compris lors de la perte d’un être cher. Mais il risque aussi d’accumuler des tensions qu’il cherchera à libérer autrement : agressivité envers son entourage, maladie, difficultés psychiques, dépendance alimentaire… Laissez votre enfant exprimer son émotion : il sera toujours temps ensuite pour lui d’apprendre à ne pas déverser sa tristesse sur les autres. Car savoir gérer son émotion, c’est aussi être capable de la partager avec bienveillance, sans la projeter sur son interlocuteur.

Les émotions

La tristesse n’est pas uniquement liée à un deuil mais aussi à une perte ou à une séparation (mort d’un animal de compagnie, déménagement, changement de professeur, perte du jouet préféré…).

Savoir quitter, savoir dire au revoir, savoir recommencer après une déception en surmontant sa tristesse, savoir réagir de façon proportionnée à tout événement susceptible de provoquer de la tristesse est une « compétence » dont l’enfant, et l’adulte plus tard, aura besoin dans de nombreuses circonstances : licenciement, divorce, échec à un concours ou à un examen…

Les émotions

« Le principe du plaisir est le premier moteur de l’être humain », nous disait Freud

Les émotions

L’être humain cherche en permanence un état de satisfaction, de bien-être, en évitant tout désagrément, toute douleur, toute déception. Or, la joie, le bonheur, cela s’apprend. C’est une manière de regarder une expérience, une situation. C’est notre capacité à identifier nos émotions et à les changer, à nourrir nos besoins pour être pleinement satisfaits. C’est apprendre à savoir dire non à un plaisir immédiat pour une plus joie plus grande.

Les émotions

Pour l’enfant, la joie est un sentiment de mouvement, le fait d’être acteur, de ressentir des sensations dans son corps. L’enfant jusqu’à environ 5 ans prend essentiellement plaisir à se rouler par terre, à faire de la patouille, à expérimenter. À partir de 6 ou 7 ans, ses sources de joie s’élargissent aux domaines de l’intellect et du sentiment : recevoir un cadeau, vivre des retrouvailles avec une personne aimée…

La joie de l’enfant vient du fait qu’il apprend et qu’il est en mouvement.

Les émotions

Elle peut vite flirter avec l’excitation, voire la surexcitation. Il faut lui apprendre à connaître ses limites et à retrouver son calme.

Avez-vous remarqué vous-même, en tant qu’adulte, que vous pouvez contenir pendant un temps vos émotions mais que la Cocotte-MinuteTM finit toujours par exploser ? Il en est de même pour vos enfants.

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