Vendredi 23 juillet 2021

Aujourd’hui je me suis levé à 6h30 après une courte nuit de 5h pleine d’interruptions, mais j’étais assez en forme finalement.

J’ai fait mon sac et suis parti courir au phare.

À cette heure là la lumière du soleil est différente et il n’y a pas grand monde sur la plage, tout juste quelques personnes qui semblent avoir dormi sur place et quelques matinaux.

J’ai lutté pour faire la montée du phare, mais j’ai été récompensé en haut par la rencontre d’un homme âgé, un grand père qui m’a félicité de mon effort.

Nous avons commencé à parler de toutes choses :

Il m’a dit qu’on n’apprend pas un métier, qu’on le vole (au sens de butiner ailleurs et créer son propre métier)

On a parlé des générations : les anciens étaient dans le concret et nous dans l’imaginaire.

Notre génération doit incarner ce qu’ils désirent pour réussir.

Nous avons un peu parlé de moi. Je lui ai dit que je voulais pouvoir me loger dans un lieu de vie décent dans la région et que le salariat ne me suffisait pas. Il m’a dit qu’avec ce raisonnement je devrais jouer en bourse.

Je lui ai dit que j’étais paradoxal car je voulais aussi un monde communautaire avec de l’entraide.

Il m’a dit que pour réussir je devais incarner Arsène Lupin ou bien sinon passer ma vie à me demander si j’étais Arsène Lupin.

On a parlé du sens des croyances et qu’aucune n’est vraie, mais que c’est ce qui donne la substance et la motivation à un homme. (Tes croyances te motivent)

On a parlé des aigles qui voient le soleil et au loin, et qui sentent les courants. C’est parceque les fonctions de pouvoir doivent avoir ces qualités qu’elles représentent souvent l’aigle.

On a parlé d’Hermès le dieu des voleurs, on a parlé de comment un bon commercial ne baratine pas, mais laisse le temps en suspens et sait comment répondre aux questions pour piquer l’intérêt de ce qu’il imagine être ses futurs clients.

On a parlé de comment le coach devait sentir le système de croyance de son coaché, ses valeurs et ce qui était le bien et le mal pour lui, afin d’insérer ses propositions dans le système de ce qui ‘est bien’ chez le coaché.

On a parlé du fossé qui se creuse entre ceux qui savent, font et commandent, et ceux qui savent qu’ils ne savent pas, recherchent et obéissent. Il m’a dit qu’il n’y aurait que 6% des gens de notre génération qui se mettraient à l’abri. Sa génération était différente et tout le monde avait sa place, même les balayeurs, et tout le monde communiquait.

Le fossé aussi est creusé par l’élitisme. Sa génération avait très peu d’élitisme. Les gens lettrés (maires et prêtres) organisaient la vie mais tout le monde communiquait. Les gens travaillaient la Terre et ils avaient beaucoup de temps pour réfléchir. Il leur manquait l’imagination pour faire autrement que ce qu’ils avaient appris. Ils étaient dressés avec beaucoup de discipline.

Aujourd’hui nous avons le virtuel qui a débloqué l’imaginaire, mais notre challenge c’est d’incarner tout ça.

On a parlé de ses petits enfants, il m’a dit qu’il s’est régalé de notre échange pour parler ensuite mieux avec eux.

On a parlé d’internet, de comment les gens se coupent d’eux mêmes et leur tête est remplie d’informations qui ne sont pas leur propre réflexion, dès le matin.

Il m’a dit que j’avais beaucoup de chance que mes parents m’aient canalisé pour réussir une prépa math, et que pour réussir à incarner ce que je voulais devenir, il faudrait un effort du même type, canalisé.

Le miracle morning l’a beaucoup fait rire. Pour lui le miracle c’est marcher sur l’eau, pour moi c’est me lever le matin tôt.

Je lui ai dit que c’était du marketing le miracle morning, il m’a dit que non puisque je le faisais.

Nous avons parlé jusqu’à 8h, quand je lui ai dit que je devrais partir. En fait j’étais déjà en retard mais c’est pas grave, jai accéléré le pas.

Maintenant nous avons mis nos sacs dans la voiture, direction Lyon pour un mariage d’amis d’Astrid.

Elle conduit pour me laisser écrire, je prendrai le relais plus tard.

Je me rend compte qu’il est impossible de se rappeler de tout, impossible de ne rien omettre.

Une semaine plus tard, j’ajoute cette note : je me souviens qu’on a dit que ce sont les croyances des gens qui les poussent à l’action, même si une croyance est vide dans son principe, c’est le seul moteur du mental humain.


Conversations avec un sage homme au phare du cap d’antibes (23 Juillet 2021) - Antonin Adert